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Douti Sinalengue, élève en classe de 1ere A4 à Dapaong est-il décédé des suites de coups reçus dans le bas-ventre et l’abdomen de la part des forces de l’ordre le 15 avril dernier en marge d’une manifestation de scolaires ? Les versions divergent entre le gouvernement et la Synergie des travailleurs du Togo (STT) sur la question. Pendant que le gouvernement rejette toute responsabilité dans la survenance de ce drame, la synergie soutient le contraire. C’est du moins ce que défend dans l’interview accordée à l’Agence Afreepress, Dr Atchi WALLA, coordinateur adjoint de la STT. « Douti est décédé des suites de lésions qu’il a pu avoir pendant les coups portés à son abdomen », relève celui-ci.

Lire l’entretien.

 

Afreepress: Bonjour Dr Walla Atchi. Dites-nous en tant que chirurgien, qu’est-ce qui a pu être à l’origine de la mort de l’élève Douti Sinalengue ? Le Procureur de la République près du tribunal de Dapaong et le gouvernement parlent d’infection péritonite. Quel est votre avis sur cette question ?

 

Dr Walla Atchi : De la déclaration du ministre Hamadou Yacoubou, il ressort que les coups portés au ventre de Douti ne peuvent pas entraîner de lésions intestinales, ce qui est tout à fait faux par rapport aux enseignements de base de la médecine qui expliquent bien qu’une contusion abdominale ou tout coup porté à l’abdomen peuvent entrainer des lésions tant du contenu de l’abdomen que du contenant qui est la paroi intestinale. Le contenu de l’abdomen ce sont les intestins, les organes pleins, les portes-vaisseaux, c’est-à-dire les supports dans lesquelles passent les vaisseaux pour irriguer les intestins.

 

Donc dire que des coups portés au ventre ne peuvent pas conduire à des lésions intestinales est erroné. Je reprends les termes du certificat médical qu’a établi notre confrère qui a opéré le jeune Douti. Il dit bien dans son rapport que les lésions qu’il a retrouvées sont des lésions de contusion abdominale, c’est-à-dire des lésions traumatiques qui sont en rapport avec les coups qu’a reçus le jeune Douti. Il va plus loin dans son rapport pour que cela soit clair. Il dit qu’il n’y avait pas d’adénopathie dans le péritoine ou dans la cavité abdominale. C’est-à-dire qu’il n’ya avait pas de signes d’infection aiguë. Les lésions intestinales qu’a présentées M. Douti ne proviennent pas d’une maladie qu’il portait avant le traumatisme. Ce qui explique clairement que l’origine des lésions que M. Douti portait est bien traumatique.

 

Je reviens maintenant sur le communiqué du Procureur de la République qui disait que c’est la contusion abdominale qui a entraîné les lésions qu’a le jeune Douti. Vous recoupez ces informations et vous comprenez très bien que M. Douti est décédé des suites des lésions qu’il a pu avoir pendant les coups portés à son abdomen.

 

Donc je voudrais tout simplement dire qu’on ne démontre pas ce qui est évident. Il ne faut pas qu’on cherche à démontrer l’indémontrable. Un certificat médical doit être gardé au secret, lorsqu’on le rend public, c’est une violation de la déontologie médicale. Au-delà de ça, je voudrais interpeller le gouvernement et leur demander humblement qu’il est temps qu’on nous dise la vérité dans notre pays, lorsque vous dites la vérité, vous êtes à moitié pardonnés.

 

Afreepress : Selon vous, c’est le rôle du Procureur de faire des conclusions médicales et de soutenir que la mort de l’enfant n’a jamais été consécutive à des coups reçus au bas ventre et à l’abdomen ?

 

Dr Walla Atchi : Cela ne relève pas du tout de sa compétence, cela relève de la compétence d’un expert en matière de médecine et c’est justement ce que nous avons déploré que cela puisse arriver au niveau des hautes autorités qu’on puisse affirmer des choses qui aujourd’hui ne relèvent que de l’absurdité. C’est une forme de réécriture de la médecine, si seulement elle était juste, nous aurions pu l’adopter.

 

Afreepress : Qu’est-ce que la synergie fait pour soutenir les familles endeuillées à Dapaong ?

 

Dr Walla Atchi : Nous avons dépêché la coordination régionale de Dapaong à l’endroit des parents d’Anselme et de Douti pour leur apporter toute la compassion des travailleurs au nom de la synergie. Nous avons passé des coups de fil aux parents de ces deux défunts. Nous avons fait des messes à la mémoire de ces deux martyrs et nous sommes également en train de nous préparer pour participer aux funérailles de ces deux héros.

 

Dr Walla Atchi : On apprend que le gouvernement a dépêché des émissaires dans la ville de Dapaong pour exhorter la famille de ne pas faire trop de vagues autour de ces décès. Avez-vous aussi cette information ?

 

Dr Walla Atchi : Nous n’avons aucune information officielle de ce genre, mais dans les coulisses, cette information est en train de circuler, mais je pense que cela n’intéresse pas trop la synergie, nous sommes dans une démarche que nous suivrons jusqu’au bout pour rendre un hommage mérité à ces deux héros. Qu’on enterre en clandestinité ces deux héros, ça ne nous empêchera pas de leur rendre hommage.

 

Interview réalisée par Olivier A.

afreepress
 
 

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