Pr_Moustafa_Mijiyawa


Sous les Gnassingbé, la gouvernance est faite de détournements, d’enrichissements illicites, de malversations diverses, même s’il le faut, sur le dos des malades. C’est le cas du ministère de la Santé où, depuis des années, se succèdent des scandales de malversations sans que le cycle ne s’arrête. Cette fois, c’est une affaire de un, deux, trois, quatre…cent millions !
 
Selon des informations relayées dans la presse cette semaine, trois fonctionnaires du ministère de la Santé sont écroués dans une affaire de détournement de 100 millions de FCFA. Ce sont les comptes d’un projet de campagne de vaccination dénommée « Men AfruiVac » réalisé entre novembre et décembre 2014, qui sont concernés. Les chiffres ne tombent pas. Un an après la réalisation des activités, les pièces comptables sont introuvables. Mais il n’y a pas que ce projet.
 
Des listes d’autres personnes ayant perçu « indûment » de l’argent sur un projet connu sous le nom « Projet Gavi Alliance » sont dressées et les personnes dont les noms y figurent sont gentiment invitées à reverser ce qu’elles ont perçu indîment, sur des activités de ce projet.
 
On se rappelle encore le scandale du projet de distribution de moustiquaires imprégnées réalisé en 2011 et qui ont été détournées pour d’autres objectifs. En conséquence, il y a deux ans, le gouvernement avait été sommé de restituer les fonds. Il s’engagera après à rembourser progressivement un montant qui avoisinerait les 400 millions de nos francs. Pendant que nos hôpitaux sont devenus des gigantesques boucheries ou morgues, et que le gouvernement ne se gêne pas d’y investir des ressources conséquentes pour améliorer la situation, il devra maintenant rembourser des fonds détournés par des fonctionnaires indélicats qui, eux, ne sont presque jamais inquiétés.
 
La gouvernance au ministère de la Santé est une véritable pourriture, et ce n’est pas exagéré de le dire. Et la situation ne date pas d’hier. Les milliards qui circulent dans ce ministère et qui devraient contribuer à assainir le secteur et améliorer la prévention et la prise en charge des maladies au Togo font plutôt briller les yeux des cadres. Même les encadreurs pédagogiques, les professeurs de médecine pour sécuriser des postes juteux dans des équipes de projets ou les attirer, adoptent des attitudes qui ne fâchent pas trop l’administration. Du coup, ils voient leur service se désintégrer et partir en lambeaux sans oser dire la vérité et présenter la situation telle quelle aux décideurs.
 
Aujourd’hui, c’est pour un projet de 100 millions que trois cadres du ministère sont envoyés en prison. Pour l’instant, en tout cas. Mais on n’oubliera jamais ce fameux projet dénommé BIDC doté d’une enveloppe de10 milliards, soit 100 fois le montant du projet « Men AfruiVac » dont la gestion est actuellement en cause. Confiée à un certain Col-Professeur Sogné Badjona, médécin militaire et chirurgien de son état, sa gestion a été une véritable catastrophe. Alors même que ce projet était en cours de réalisation depuis quelques années, on savait au cabinet du ministère que c’était une catastrophe. Mais personne n’osait élever la voix pour arrêter dans ses dérives le Colonel et conseiller médical de Faure Gnassingbé et qui dit jouir de la confiance de ce dernier.
 
Le projet BIDC devrait contribuer à améliorer le plateau technique des établissements de soin relevant du secteur public. Mais il a plutôt plongé ces établissements au fond du gouffre. Selon les praticiens, au moins les matériels qui étaient disponibles travaillaient encore même si, pour la plupart, ils étaient déjà amortis. Avec ce fameux projet du sieur Sogné, les matériels fonctionnels ont été enlevés et remplacés par de « nouveaux » dont la durée de vie pour certains n’a pas dépassé un jour. Le cas le plus patent est celui du scanner du CHU Sylvanus Olympio qui était en panne le jour même où il devrait être inauguré par Faure Gnassingbé. En conséquence, il n’a plus jamais été inauguré, après réparation.
 
Il se raconte au sein du personnel en charge dudit matériel qu’il ne fonctionne que quelques mois par an. Le reste du temps, il est soit en panne, soit en réparation. Il n’est pas rare qu’il ne fonctionne même pas six mois sur douze. Chaque praticien hospitalier ayant une fois manipulé ces matériels a son expérience et son histoire à raconter. Au bloc opératoire du CHU-SO même, une salle entière drôlement désignée « cimetière BIDC » est dédiée comme magasin aux matériels BIDC hors d’usage.
 
L’ampleur du projet BIDC est due au fait que c’est un projet d’envergure nationale. Tous les hôpitaux publics (Centres Hospitaliers Universitaires, Centres Hospitaliers Régionaux, Centre Hospitaliers Préfectoraux) ont été durement affectés par le scandale. Mais, curieusement, face au drame, presque personne n’ose lever le petit doigt pour évoquer le sujet. La menace des représailles du Colonel dissuade toute personne d’en parler, au point que certains chefs de service ou d’établissement s’interdisent de demander de nouveaux matériels en remplacement de ceux acquis par Sogné. Ceci, par crainte que cela ne soit interprété comme une attitude de défiance ou de dénonciation du chef projet.
 
On avait appris que vers la fin de son passage à la Primature, l’ancien Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu avait entrepris de faire le point de la mise en œuvre de ce projet. Il avait sûrement bien choisi le timing, sachant probablement qu’il ne finirait pas avant de quitter son poste. Il s’agit bien quand même de dix milliards de nos francs empruntés à la BIDC sur un fonds indien et qui seront remboursés par le Togo, par le contribuable alors, avec bien-sûr des intérêts.
 
Non seulement ce projet n’a pas atteint ses objectifs, mais surtout, et c’est ce qui est grave, les matériels défectueux déployés dans les hôpitaux ont été à l’origine de la mort de plusieurs citoyens. On pourrait compter des dizaines, centaines voire milliers de victimes du Colonel, professeur chirurgien, conseiller présidentiel, chef projet Sogné. La liste continue de s’allonger. Mais, à ce jour, au Togo, pour faire une évaluation rigoureuse de ce projet et mettre au cas échéant les responsables d’éventuelles malversations face à leurs actes, il n’y a personne !
 
source : Mensah K. (L’ALTERNATIVE)
 
photo illustration Ministre de la Santé
 

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