« L’observation électorale ne sert qu’à enrichir des individus peu scrupuleux et à conforter des régimes en mal de légitimation» (Seidik Abba)

Les élections dans nos pays sont des occasions rêvées pour certaines personnes pour réaliser de bonnes affaires. Oui, les missions d’observation électorale en Afrique sont devenues de juteux business. Des personnalités souvent mandatées par les organisations régionales ou internationales, sillonnent les satrapies pour, prétendent-elles, surveiller le bon déroulement des élections. Mais en réalité, ces marchands déguisés en observateurs ne sont là que pour délivrer des quitus démocratiques à des mascarades électorales. Le cas des groupes d’observateurs de l’UA et de la CEDEAO devient très préoccupant. Au Togo, au Bénin sous Patrice Talon, en Guinée et aujourd’hui en Côte d’Ivoire, ils ont certifié la régularité des élections alors que les scrutins organisés dans ces pays sont très loin des normes et standards démocratiques. Il s’agit en réalité de véritables mascarades électorales que les « mercenaires » déguisés en observateurs électoraux s’ingénient à cautionner.

La mission conjointe d’observation de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA) et du Centre Carter est sans équivoque : « Le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible ». Un avis que ne partagent pas leurs collègues de l’UA et de la CEDEAO pour qui, la présidentielle du 31 octobre « s’est globalement déroulée de façon satisfaisante ».

Deux points de vue diamétralement opposés qui traduisent la perversité et la nocivité de certains groupes d’observateurs électoraux. Malgré les violences qui ont émaillé le processus électoral avec à la clé, une trentaine de morts, malgré les nombreux incidents, l’accès à plusieurs districts bloqué par des barricades- 23% des bureaux de vote n’ont pas pu ouvrir, selon l’ONG Indigo-, les observateurs de l’UA et de la CEDEAO affirment que le scrutin s’est déroulé de façon satisfaisante. C’est le comble. 

Sur leur lancée, une fantoche mission internationale d’observation de libéraux et de démocrates européens et africains composés de leaders politiques, des parlementaires, des ministres, etc. dit avoir noté « un déroulement normal du scrutin dans le calme et dans la sérénité », la « crédibilité » du processus électoral et estime que les incidents ayant empêché le vote dans certaines circonscriptions électorales sont un « phénomène isolé. »

« La mission rend hommage au peuple de Côte d’Ivoire pour sa maturité exemplaire et son sens élevé de responsabilité, félicite les organes de gestion et de supervision des élections pour la bonne organisation de ce scrutin, condamne les violences causées par l’appel d’une partie de l’opposition à la désobéissance civile, salue l’approche pondérée du gouvernement… », a déclaré la délégation. 

Mission accomplie. Ils peuvent retourner dans leur pays les poches bien pleines. En 2018 au Togo, les observateurs de la CEDEAO ont choqué l’opinion en magnifiant la comédie électorale boudée par la grande majorité des Togolais comme un modèle à transposer dans les autres pays pour l’ancrage de la démocratie. Résultante, le parlement togolais bat les records  de « monocoloration » sur le continent.

Voilà à quoi se résument les missions dites internationales d’observation électorales qui prennent parti pour les dictateurs, spécialistes des bourrages d’urnes. 

Médard AMETEPE

source : Liberté

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