Ces officiers antipatriotes qui soutiennent Faure Gnassingbé dans la mauvaise voie
D’entrée des questions nous taraudent l’esprit et nous poussent à interpeller directement certains officiers supérieurs des Forces armées togolaises qui doivent se reconnaître et leur poser la question de savoir s’ils ont vraiment l’impression d’œuvrer pour l’avenir de ce pays. Si pour eux, le seul héritage à laisser à leurs propres enfants demain ne saurait se résumer qu’aux biens personnels qu’ils auront amassés toute leur vie sur cette terre au préjudice de leur nation, et peu importent les moyens. Si, en définitive, le Togo auquel ils doivent s’identifier tout comme leurs autres concitoyens, doit être condamné à être éternellement un Etat voyou, où les lois existent mais sont allègrement foulées aux pieds.
Beaucoup de Togolais avaient cru à tort ou à raison qu’avec l’arrivée de M. Faure Gnassingbé, les Togolais retrouveraient le sourire. Ils ont vite fait de déchanter et aujourd’hui, nombre d’entre eux considèrent que, bien que la gouvernance du père ne fût pas un modèle, celle du fils laisse complètement à désirer, s’il n’est pas carrément exécrable. Signe des temps ? Aujourd’hui le diable s’est solidement installé dans la famille et de cette division, des opportunistes profitent à qui mieux mieux.
Un proverbe kabyè dit : « dan kromo da hola egna so dama petalemo ! ». Ce qui signifie que les souris d’une même maison ne se mordent pas jusqu’aux os. Après Eyadèma, ces souris ont commencé désormais à se mordre jusqu’aux os, par la volonté des intrus aussi bien que des Kabyè qui pour eux, doivent se battre pour être du côté où le pouvoir se trouve, du côté où le renflouement des poches est le plus assuré du moins pour le présent. Ont-ils pu, une seule fois, avoir le courage de se poser la question sur le tumulte et les chamboulements en cours dans leur pays ?
Retour sur l’événement du 13/09/2011
L’impression qu’on a d’une partie des officiers togolais, c’est que ce sont des gens dans la tête de qui, « M. Faure Gnassingbé peut se faire une mauvaise réputation, se discréditer à volonté par sa gestion du pouvoir, ce n’est pas notre problème, pourvu qu’il nous assure notre part du pactole dans la perspective de nos vieux jours ». Si cela est vrai, si nous pouvons oser croire que nous avons su faire une bonne lecture, un bon décryptage, alors les questions y relatives seraient : « Est-ce là la clé du développement d’une nation ? Est-ce ainsi que nous apportons notre pierre à la construction de notre patrimoine commun ? ».
Le mardi 13 septembre dernier, alors que les Togolais et les prévenus dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat étaient dans l’attente du verdict, voilà qu’un petit groupe d’officiers au nom des FAT, s’est rendu dans l’après-midi au siège de la CVJR pour, disent-ils, démentir ce que tous les Togolais savaient. Il s’agissait de la manière dont 28 Togolais s’étaient retrouvés dans la nuit du 10 avril 1991 dans la lagune de Bè à côté de la station de pompage.
La version du Commandant Djibril, de l’avis d’un vieux non voyant de 79 ans qui n’a plus pour seule source d’information et de distraction que la radio, nous disait hier matin avec une pointe d’humour ce qui suit : « Vous les journalistes, dites à vos amis militaires que les corps déposés à la morgue ne se retrouvent pas avec du coton dans les narines. Jamais ! C’est lorsqu’ils ont été retirés par les parents pour les dernières toilettes en vue de l’enterrement qu’on leur place du coton dans les narines et traditionnellement contre les mouches. Ce mensonge les a trahis, ils auraient gagné à se taire ». Et le vieux commenta que pour eux, comme ils n’ont pas d’argument de poids pour convaincre, il fallait parler de coton dans les narines, qui d’ailleurs après plusieurs heures dans l’eau ne saurait se maintenir en place.
Autre chose, c’est par rapport aux propos de M. Koffigoh. On avait laissé entendre que le Col. Gnassingbé Toyi était allé voir ce qui se passait à la primature et c’est là où la garde de l’ex-PM a tiré sur lui mortellement. Ce qui est archifaux, car il avait été abattu à bord d’un char à environ 100m du bâtiment de la primature entre le CEG de Kodjoviakopé et l’Ecole primaire Akouété-Akué. Pourtant, on le disait venu depuis la présidence pour savoir ce qui se passait à la primature. Ces propos sont incitateurs de haine et de violence plus de 20 ans après et ne sont pas du tout indiqués pour une telle période, si les premiers responsables des FAT étaient réellement favorables à la paix et à la réconciliation au Togo. Il n’est pas normal de remettre le couteau dans les plaies. Et cette sortie de l’armée est révélatrice de ce que les nouvelles autorités font du neuf avec du vieux, accrochées à un esprit passéiste, au lieu de tourner une nouvelle page de l’histoire du pays.
Une telle attitude de violence et de volonté de semer du trouble et du doute dans les esprits, décelée dans le ton de la lecture du Cdt Djibril et dans la manière cavalière même dont les militaires étaient venus s’imposer aux membres de la CVJR, sans avoir été dûment programmés, prend à contre-pied la prétendue réconciliation à laquelle les autorités, Faure Gnassingbé en tête, font semblant d’adhérer.
Une trilogie dont les Togolais sont spectateurs
Entre 2006 et 2007, un pasteur avait fait une révélation que, peu réceptif à ces genres de choses, nous n’avions pas prise au sérieux à l’époque. Aujourd’hui, nous constatons qu’il s’agit bien d’une trilogie qui se joue assez simplement et facilement sous nos yeux et la question est de savoir, si tout ce qui se passe dans le pays après la mort du Gal Eyadèma, en apparence banal, mais profond de sens, accroche la curiosité des Togolais et les préoccupe réellement. Surtout, si les membres du RPT eux-mêmes, le plus vieux parti du pays, se rendent compte que le Togo est arrivé à un tournant de son histoire monotone d’une quarantaine d’années.
Le pasteur avait prophétisé que « la famille régnante » au Togo va connaître la division, premier acte. Deuxième acte, que le RPT à son tour, après l’apogée, allait connaître le déclin. Ce déclin va démarrer par une crise interne pour finir par disparaître. Le pasteur ne précisera pas si c’est une disparition par prononcé de dissolution ou par sa propre mort. Le troisième acte de cette trilogie sera la division au sein des FAT, une division qui révélera des hommes favorables au changement au sein de l’armée. A y voir de près, le spectacle auquel les Togolais assistent aujourd’hui démontre que la prophétie ou révélation dont cet homme d’église avait fait écho il y a 4 ou 5 ans, n’est pas à banaliser.
Qu’est-ce qui dit que la dernière prestation en date du 13 septembre 2011 de la part des militaires a obtenu l’adhésion de tous les membres des FAT ? Etant donné qu’au Togo, la meilleure accusation qu’on est prompt à porter contre la presse et qui fait recette, c’est l’incitation à la révolte, nous préférons nous arrêter là. Seulement, ce serait faire offense à plusieurs milliers d’âmes que de croire qu’il n’y a pas eu un seul qui ait pu se sentir froissé par cette sortie au nom des FAT qui n’honore pas. Toujours par rapport aux FAT, il est important de rappeler qu’en 1991 à la Conférence nationale, déjà à la première journée, l’armée avait quitté la salle Fazao en guise de protestation, pour ne plus y revenir sur plus de 30 jours qu’auront duré les travaux.
Ce qui s’était passé pendant 7 jours au Palais de justice de Lomé, nous l’avons, pour notre part, qualifié de retour des FAT à la Conférence. Il s’est agi pour nous d’un exercice de rattrapage forcé imposé par la nature, par une force invisible. Qui l’eût cru ? Qui eût cru que cette histoire de coup d’Etat qui n’aurait réellement jamais existé en 2009, mais conçu dans un premier temps en 2007, puis abandonné selon certaines sources et dont on s’est saisi pour régler des comptes deux ans plus tard, pouvait déboucher sur un déballage public au Palais de justice de Lomé ? Certains avancent entre autres comme preuve d’un montage, le supposé voyage prévu pour la mi-avril 2009 en Chine et que le chef de l’Etat n’effectuera que près de 30 mois plus tard, alors que Kpatcha, le supposé cerveau était aux arrêts. Des officiers zélés n’auraient-ils pas incité Faure à saisir l’opportunité, autrement son frère ne le raterait pas ?
Le même déballage que feu Gal Mawulikplimi Amegee et consorts avaient évité en 91 a eu lieu en 2011, 20 ans après et aura levé, même si ce n’est pas avec la même ampleur, des coins de voile sur certaines pratiques au sein de l’armée, ainsi que le climat de méfiance, de suspicion et la division qui existaient, mais qu’on cachait aux civils, histoire de leur faire croire que les FAT c’est « le meilleur des mondes ». Du temps d’Eyadèma, on n’avait jamais vu juger pas même un soldat de 2ème classe en public. On a vu un haut gradé comme le Gal Assani Tidjani qui a défendu Eyadèma, puis Faure. Il sera humilié plus d’une fois, puis jugé dans cette affaire rocambolesque. De l’avis d’un homme politique averti, il s’agit de la rupture d’un pacte spirituel.
Tout ce qui a été entendu à la Justice dans cette affaire de coup d’Etat constitue des échantillons à partir desquels on peut juger de l’ambiance au sein de la grande muette togolaise. Nous ne serons pas surpris si les fameux partisans de « qui en veut à Faure Gnassingbé ? » revenaient à la charge pour nous rétorquer : « maintenant, Faure introduit du nouveau, il veut moderniser l’armée et les manières de faire et LIBERTE ne veut pas ». Les opportunistes sont aux aguets, on ne se fait pas d’illusions.
Des officiers qui auraient pu rendre le meilleur service à Faure
Depuis quelques années, il y a des officiers très en vue autour du chef de l’Etat. Ils ont pour noms : Adjudant-chef Kouloum, dit major Kouloum (sous-officier), Lt-colonel Yao Kpélinga (il s’était affiché sans ménagement à Kara contre une présidentielle transparente alors qu’on parlait d’une armée apolitique et également il s’était manifesté lors de la dernière élection à la FTF en faveur d’un candidat prétendument proche du Pouvoir), le Lt-colonel Assih Agossoyé, le Lt-col. Bakali Baoubadi, le Lt-col. Kadanga Félix Abalo Nadjombé, le Lt-col. Samien (actuellement en séjour en Chine), le Lt-col. Alex Yotroféi Massina.
Il y a le Colonel Tchalo Lémou, le Col. Bali, le Col. Kabia N’Gbamgbam, le Col. Takougnandi Meyo, le Contre-amiral Béléyi Awa, le Commandant Amana Kodjo, le Chef de bataillon Awui, le Gal de Brigade Mohamed Atcha Titikpina, le Gal de Brigade Laokpessi Pitalou-Ani (chef de la Sûreté, il avait eu à torturer des jeunes en 1990 et le Pouvoir de l’époque l’avait présenté comme radié de l’armée, mais ce ne fut pour lui qu’un changement de poste ; sous le Gal Eyadèma, pour faux renseignements, il écopera de sanction et avait de peu échappé à la radiation), et enfin le Gal de Division Sizing Walla.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Faure Gnassingbé, ces hommes en uniforme qui l’entourent continuent à faire la pluie et le beau temps. Comme nous l’avons dit au début, pour eux, « Faure peut se discréditer comme il le peut, ce qui importe pour nous, c’est qu’il assure nos privilèges ». Cette appréciation nous a été fournie quelques semaines après la remise en liberté provisoire d’une dizaine de prévenus dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat, par un officier de Police bien renseigné, admis à la retraite qui faisait une analyse pertinente de la situation de l’armée sous Faure autour de qui graviteraient selon ses propres termes des officiers supérieurs des FAT plus préoccupés par leur propre survie en termes financiers et existentialistes que par l’avenir politique de Faure ou de leur nation.
« Je sais de quoi je parle, nous avait-il lancé. Ils n’ont aucune ambition pour leur pays. Si c’était le cas, ils auraient pu avoir le courage de faire comprendre à « leur protégé » qu’il faudrait faire plus d’ouverture et rompre complètement avec le passé ». L’homme regrettera longuement la décoration dont avait bénéficié le Lt-col Massina en avril en guise de félicitations pour tortures, et la brandira comme principale preuve selon laquelle, ces officiers supérieurs (dont le Gal Sizing Walla et le Lt-col Assih qui devraient être des références pour leur âge n’ont pas été à la hauteur) n’agiraient que par instinct de conservation, sans personnalité ; autrement, ils auraient déconseillé une si grave erreur politique à Faure qui avait consister à faire une telle décoration inopportune. Cela risque d’affaiblir pour longtemps Faure Gnassingbé au plan international».
Pour terminer, nous voudrions revenir sur une analyse que nous faisions il y a quelques jours par rapport à la gestion qui est faite du pays depuis six ans, une gestion faite en grande partie de pilotage à vue. Nous avions, nous référant à des recherches que nous avons eu à faire par rapport à la date de naissance du chef de l’Etat, démontré une certaine incapacité à sortir le pays de l’ornière à partir d’événements concrets. Le pays est mal gouverné et si des gens peuvent aider ceux qui sont là par des conseils et noter que ces conseils portent des fruits, il serait de bon ton d’encourager la performance, au lieu d’être tapis dans l’ombre et de contribuer à noyer le pays, rien que pour des intérêts personnels et égoïstes.
Le Président Faure dans une interview accordée à Jeune Afrique l’Intelligent il y a quelques années, a déclaré qu’il est né le 6/6/66 à 6 heures. Ces chiffres pour nous font peur. Sont-ce des chiffres porteurs ? En tout cas, pour notre part, nous avons eu à révéler les résultats de notre enquête. L’avenir instruira les Togolais et nous souhaitons que notre patrimoine commun puisse prospérer et le peuple avec lui.
Alain SIMOUBA
source : groupe liberté hebdo togo