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Des responsables de l’UJIT et du CONAPP derrière la détention de leur confrère
 
Interpellé à son domicile dans la matinée du vendredi 10 mai, le Directeur de la Publication de « La Nouvelle », Bonéro Lawson-Betum a été déféré hier matin à la prison civile de Lomé. Une incarcération qui fait suite à une plainte déposée par le caméraman Tony Sodji pour « violence ». Mais quelques heures plus tard, le plaignant et son assistant ont retiré la plainte. Ce qui signifie que la détention du journaliste ne se justifie plus.
 
De retour à Lomé après une mission en Europe, le Directeur de la Publication de « La Nouvelle », Bonéro Lawson-Betum a été appréhendé chez lui par des éléments du Service de recherche et d’investigation (SRI) après une plainte déposée par Tony Sodji suite à l’agression de son assistant Assilenou Kokou au cours de la messe du 17 avril en mémoire du jeune élève tué à Dapaong. Assisté de ses avocats, Bonéro a été interrogé sur les faits qui lui sont reprochés. En revanche, il n’a pas été présenté au Procureur de la République dans la journée de vendredi. Croyant que les choses allaient s’accélérer lundi ou mardi, les journalistes étaient stupéfaits d’apprendre dans la matinée d’hier le transfèrement à la prison civile de Lomé de Bonéro Lawson.
 
De sources proches du dossier, notre confrère a été non seulement interrogé sur la base de la plainte déposée par Tony Sodji, mais aussi sur certains de ses écrits, notamment l’article sur les femmes de Faure Gnassingbé et celui portant sur la problématique du tribalisme dans l’administration togolaise. Une démarche du SRI qui viole le Code de la presse et de la communication. Même la plainte pour « violence » ne résiste à rien et ne pourra même pas conduire en prison le Directeur de la Publication. Mais les gendarmes du SRI ont encore brillé par leur coup de force permanent en conduisant Bonéro en catimini – ses avocats n’étaient pas informés – chez le 2ème Substitut qui, sans autre forme de procès, a décerné un mandat de dépôt contre lui.
 
Mais quelques heures plus tard, Tony Sodji et son assistant ont retiré leur plainte par voie d’huissier. Les deux ont « décidé, par souci d’apaisement et de confraternité, de retirer ce jour 14 mai 2013 » leur plainte à l’encontre de Bonéro Lawson. Une notification et remise de retrait de plainte qui a été reçue et certifiée par M. Gnandi Alassane, chef Secrétariat du Parquet d’Instance. Du coup, plus rien ne justifie encore l’incarcération du Directeur de « La Nouvelle ». Sa libération s’impose donc.
 
Les responsables de l’UJIT et du CONAPP derrière la détention de Bonéro Lawson
 
De sources dignes de foi, les responsables l’Union des journalistes indépendants du Togo (UJIT) et du Conseil national des patrons de presse ont joué un rôle actif dans la plainte déposée par Tony Sodji. Ayant été un peu égratignés dans les colonnes de « La Nouvelle », ceux-ci ont saisi cette affaire au bond pour régler les comptes à leur confrère. Pour eux, le passage de Bonéro à la prison civile de Lomé s’impose pour qu’il s’assagisse. Ne dit-on pas qu’il ne faut jamais souhaiter la prison à son pire ennemi ? Mais ici, les journalistes qualifiés à juste titre de « voix des sans voix » ont milité pour la détention de leur confrère. Et le retrait de la plainte – un acte hautement humain posé par Tony Sodji et son assistant – ne leur a sûrement pas plu.
 
En fait, quelques secondes après cette altercation du 17 avril, l’UJIT et le CONAPP ont publié un communiqué dans lequel ils « condamnent avec la dernière vigueur ces actes d’une autre époque du confrère Bonéro Lawson qui viole gravement ainsi les règles de la confraternité et crée un climat de méfiance aigue dans la corporation ». « Le Conseil National des Patrons de Presse (CONAPP) et l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT) attachent du prix au libre exercice de la profession et invitent tous les confrères à la retenue, à un sens élevé de responsabilité et surtout à cultiver la confraternité », a poursuivi le communiqué. Pourtant, ce sont les mêmes personnes qui parlent de la confraternité, qui manœuvrent dans l’ombre pour que Bonéro Lawson soit maintenu en détention.
 
Nous savons que certains nous opposeront la règle galvaudée de confraternité et d’autres lanceront contre nous la fatwa. Mais nous ne devons pas nous murer dans un silence assourdissant au nom de ce concept de « confraternité ». Il faut commencer à dire la vérité même si elle infeste le marigot médiatique togolais. Ces organisations de presse ne sont-elles pas allées chercher le sexe des anges quand le CST a porté plainte contre un confrère qui a injustement mis en cause des responsables de ce collectif ? N’ont-elles pas jeté l’anathème sur SOS Journaliste en Danger qui fait partie du CST ? Mais aujourd’hui, ce sont ces messieurs qui militent pour l’emprisonnement de leur confrère. Quelle malédiction !
 
Il nous revient par ailleurs qu’un membre de la HAAC se serait réjoui quand la nouvelle de l’arrestation de Bonéro Lawson est tombée. Celui-ci était mécontent quand il a été informé du retrait de la plainte. Nous y reviendrons.
 
R. Kédjagni
 
Liberté Togo
 
 

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