Une nouvelle tuerie de Fréau Jardin évitée de justesse

 
On est passé de peu ce samedi, à côté d’une nouvelle tuerie à la place Anani Santos, ancien  Fréau Jardin où en janvier 1993, des personnes armées jusqu’aux dents avaient ouvert le feu sur un rassemblement pacifique de l’opposition, faisant de nombreux morts et des centaines de blessés, des personnes qui portent encore dans leur chair, les stigmates de cette agression barbare.
 
En effet, comme à l’accoutumée, le Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) a réuni ce samedi ses militants et sympathisants dans les rues de Lomé pour protester entre autres, contre le hold-up électoral opéré en mars 2010 par le Rpt et son président national, Faure Gnassingbé, l’exclusion des députés Anc de l’Assemblée nationale, et le projet de loi liberticide relatif aux  manifestations pacifiques dans le pays.
 
Partie de la place Kondjindji dans le quartier Bè, la marche a sillonné les grandes artères  de la ville de Lomé jusqu’à hauteur de la place Fréau Jardin (actuelle place Anani Santos) où l’incident entre les deux cortèges a eu lieu, mettant au grand jour l’amateurisme et l’improvisation dans lesquels le convoi présidentiel se déplace dans la ville de Lomé. Il a fallu de peu, de très peu, que les éléments de la garde présidentielle à bord de leurs voitures blindées et puissamment armés ouvrent le feu sur Jean-Pierre Fabre et ses sympathisants qui venaient dans le sens opposé au convoi présidentiel. « Nous étions en train d’arriver lorsque nous avons aperçu des policiers affolés nous faire de grands signes de mains nous indiquant de nous disperser pour laisser passer  le convoi de Faure», rapporte un manifestant. Mais les leaders du Frac à la tête du cortège ne vont pas céder à cette injonction, le trajet emprunté par les manifestants ayant fait l’objet de discussions entre les responsables des ministères de la Sécurité et de l’Administration territoriale et les organisateurs de la marche. Mais comment se fait-il que le convoi de Faure Gnassingbé se soit retrouvé nez à nez, sur le même trajet avec les manifestants ? C’est une question qui  taraude l’esprit des nombreux témoins de l’incident. « C’est la première fausse note de l’ère  Gnama Latta », affirment ces derniers qui avouent leur surprise devant une pareille situation où les soldats de la République s’apprêtaient à tirer sur des civils.
 
En effet, c’est sous la menace des canons de la garde prétorienne que la voiture de Faure Gnassingbé s’est frayée un chemin au milieu des « marcheurs » pour regagner son domicile. Des manifestants qui auront néanmoins profité de cet incident pour exprimer de vive voix au « président contesté », leurs exigences, c’est-à-dire son départ du trône hérité de son père.   « Comme à l’accoutumée, la marche du Frac  a suivi son itinéraire normale, rapporte Jean Eklu, président de la jeunesse de l’Alliance nationale pour le changement (Anc). « Arrivé à la hauteur du Centre culturel français et plus précisément au niveau des feux tricolores de Fréau Jardin, nous avons subitement aperçu une voiture de l’armée au dessus de laquelle ils accrochent habituellement une arme d’assaut. Cette voiture est venue nous barrer la route à la hauteur des feux de signalisation de Fréau Jardin pour nous empêcher d’évoluer. A la suite de cela, nous avons aperçu le cortège de Faure Gnassingbé arriver à vive allure. Ce  qui a donné lieu à un cafouillage. Notre délégation s’est alors arrêtée et on a vu les véhicules qui l’accompagnaient passer en trombe. Les militants scandaient Faure démission ! Faure démission ! C’est alors que la voiture à bord de laquelle se trouvait Faure s’est avancée  et est rentrée au milieu de la foule dans le but de disperser les manifestants. C’est en ce moment qu’il y a eu tout un tohu-bohu et ils ont pu se frayer un passage pour le faire passer».
 
« Qu’est-ce qui empêchait les services d’ordre de Faure de l’informer qu’il y avait une marche de citoyens togolais sur le trajet qu’il voulait emprunter ?», s’est demandé Jean-Pierre Fabre lors du meeting qui a réuni les manifestants à la plage de Lomé. Selon le président de l’Anc, ce geste est un acte délibéré de provocation. « Ils ont fait cela tout juste pour nous intimider et nous montrer qu’ils disposent d’armes, que nous ne pouvons rien faire contre eux », a-t-il dit ;
 
source: libertetg.com

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