L’article 59 de la Constitution togolaise, relatif au mandat présidentiel, va être charcuté à la hache dans les prochaines semaines par les honorables députés de l’Union pour la République (UNIR), l’ex-RPT, le parti présidentiel. Ainsi en a décidé Faure Gnassingbé, dans un pseudodialogue inclusif dans le cadre des réformes politiques et institutionnelles, les partis de l’opposition ayant boycotté ce dialogue.
 
En fait, le n°1 togolais a rétabli l’ancien article de la Constitution du 14 octobre 1992 qui stipule que : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois ».
 
Le président Gnassingbé Eyadéma avait biffé la mention utile en décembre 2002, en faisant dire à l’article 59 que « le président est rééligible » ; la précision sur le nombre de mandats avait disparu. Le père n’était pas à son premier parjure, puisqu’il avait promis devant Jacques Chirac et la presse, en 1999, qu’il quitterait le pouvoir. D’ailleurs en 2005, quelques mois avant sa disparition, à un journaliste qui lui rappelait ce serment trahi, l’inénarable « Gnass » s’était étonné en affirmant : « 38 ans seulement ! ».
 
Les opposants, depuis une décennie, se battaient alors pour que le fils rétablisse la Constitution de 1992, notamment en ce qui concerne ce fameux article. Les voilà en principe satisfaits !
 
Pourtant cette probable modification a suscité colère et rejet de cette même opposition togolaise ; parce qu’elle s’est rendue compte qu’elle est tombée benoîtement dans un piège politique ou plutôt que ces opposants se sont fait mener par le bout du nez par Charles Debbasch, l’ex-doyen et ex-président de l’Université d’Aix-Marseille III, et surtout conseiller juridique avec rang de ministre auprès de la Présidence depuis des lustres ; l’homme qui fait et défait la Loi fondamentale de ce pays.
 
En effet, à moins d’être un « constitutionnaliste-tailleur », pour reprendre le mot d’Abdoulaye Wade, tout juriste sait que la loi dispose toujours pour l’avenir.
 
Pas besoin d’être un spécialiste du droit pour comprendre qu’en avril 2015, et avec cette nouvelle Constitution, Faure se refera une virginité politique. Après déjà deux quinquennats, il remettra donc son compteur à zéro, et pourra donc rebeloter de nouveau pour des années. C’est une modification faussement vertueuse.
 
Le légataire de la fratrie des Gnassingbé n’a que 46 ans ; il peut rempiler pour 2 ou 3 mandats, voire plus si affinités.
 
Les opposants viennent donc de comprendre qu’avec cet article 59 nouveau, le Togo est parti encore pour se coltiner un autre président-dinausaure, qui plus est, se nomme Gnassingbé !
 
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana — L’Observateur Paalga
 

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