La patronne de l’entreprise Elisée Cotrane, Julie Beguedou, une intime du chef de l’Etat, a toujours bénéficié des bonnes grâces du pouvoir. Tous les ministères et les sociétés d’Etat où l’on brasse de l’argent, lui accordent des marchés gré-à-gré au mépris des dispositions en la matière. Avec elle, toutes les magouilles sont possibles malgré sa foi chrétienne. La dernière en date est le marché de fourniture d’engrais de 7 milliards de FCFA que lui a attribué la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (SNCT) avec la complicité du ministère de l’Agriculture. Une pratique qui suscite beaucoup de commentaires au sein de la population mais qui apparemment ne retient pas l’attention de la Cour des Comptes, ni de l’Inspection d’Etat, ni de la justice. Comme le dit l’adage « Le chien aboie, la caravane passe ».
 
Depuis ce week-end, plus de 28 000 tonnes d’engrais sont débarquées dans les entrepôts du Port Autonome de Lomé. La cargaison est répartie sur 2 navires : le MV LEUPARD chargé de 8157 tonnes en provenance de Nantes et le MV VOGE PAULE avec 20 000 tonnes venant de Police. La consignation et la manutention étant assumées par GETMA/MANUPORT avec le matériel et les dispositifs qui avaient été utilisés pour le débarquement du riz impropre. Madame Julie Béguédou vient de franchir cette étape que d’aucuns pensaient impossible. Selon une source proche de la NSCT, la patronne d’Elisée-Cotrane avait, d’elle-même, adressé une lettre d’explication au nom de sa société pour expliquer le retard. Le Directeur Général de la NSCT et le ministre de tutelle avaient de la peine pour relancer leur fournisseur du fait du long retard. Une autre source révèle que sans l’intervention du Chef de l’Etat et de certains de ses proches, la livraison n’aurait pas lieu car les fournisseurs extérieurs étaient hostiles à cette pratique obscure érigée en mode de gouvernance au Togo. Peut-être là une preuve que Faure est associé à sa maîtresse dans cette entreprise d’engrais. Et certainement dans d’autres affaires. Tout comme le marché gré à gré de près d’un milliard de Francs CFA qu’Elisée-Cotrane avait reçu de TOGO TELECOM en 2008 pour la livraison du matériel informatique. Dame Béguédou n’aurait livré qu’environ 30% des ordinateurs mais TOGO TELECOM lui aurait versé la totalité des sous. Elle aurait laissé aussi beaucoup d’ardoises auprès de l’ODEF pour des marchés obscurs de teck. Cette femme arrache les marchés rien qu’avec sa position de… Elle exploite les tecks mais refuserait de verser la part qui revient à l’ODEF. Une situation qui, entre-temps, avait valu des sanctions à des fonctionnaires de l’office.
 
Mais lorsqu’on commande des marchandises, la livraison exige des normes : délai de livraison, qualité, quantité et prix. A l’analyse de ces différents éléments, il apparaît beaucoup d’incohérences que nous vous invitons à découvrir.
 
Une descente dans la filière agricole et dans le domaine cotonnier permet de déduire que l’engrais est arrivé sur le sol togolais en retard car les agriculteurs ont ensemencé depuis plus d’un mois et les plantes tendent à dépasser la période d’engraissage. Alors, pour pallier cette situation, plusieurs agriculteurs se sont déjà approvisionnés au Ghana et au Bénin. Et pourtant, les bateaux ont séjourné plus de deux semaines en rade. C’est-à-dire dans les eaux du Togo pendant que les quais à l’intérieur du PAL étaient vides. La raison est simple. Dame Julie Bégédou n’avait pas payé la cargaison. Les chargeurs, ayant été avisés des frasques de cette pilleuse de l’économie nationale se devraient de prendre toutes les garanties nécessaires.
 
Au niveau de la qualité, on peut se poser cette question : «si cette femme a pu débarquer du riz d’une qualité douteuse au Togo et que des laboratoires d’analyse, des associations de consommateurs et la justice sont arrivés à la blanchir malgré tous les feux au rouge », que dira-t-on d’un produit chimique comme l’engrais dont on ne peut parfois connaître le degré de nuisance qu’après les récoltes, donc la consommation?
 
Enfin, un rapprochement des quantités et prix permet de déduire que, sous réserve des pertes et avaries, la société Elisée-Cotrane livre 560 000 sacs d’engrais de 50 kg à un prix sous-palan de 12.500 fcfa le sac. A ce prix sous-palan vont s’ajouter le magasinage, le transport vers destinations (toutes les préfectures agricoles du Togo), les formalités de transit et autres frais de douane et CNCT (Conseil National des Chargeurs du Togo). Car d’après nos informations, les formalités de transit sont assumées par les soins de la NSCT. Une source proche du ministère indique que dame Béguédou serait dans une logique de réclamer des sommes supplémentaires, en dehors des 7 milliards de commande qu’elle aurait décaissés pour mettre la main sur la marchandise à l’extérieur. Alors, il se pose la question du vrai coût de revient du sac de 50 kg d’engrais. Sachant que le prix de vente au producteur depuis près de deux ans est inférieur ou égal à 11 500 fcfa.
 
Le Togo comme il va ! A chaque administration, son réseau de mafieux. Au moment où Kpatcha Gnassingbé était PCA de la SOTOCO, c’était l’un de ses fidèles répondant au nom de Beguedou Atani Antoine, originaire du Canton de Lama (préfecture de la Kozah) qui détenait le monopole de l’engrais. Donc entre lui et Julie Béguédou qui est originaire du Canton de Pya, il n’existe aucun lien de parenté. Ce premier est contraint à l’exil dans l’hexagone depuis l’affaire Kpatcha. Et voilà qu’après lui, c’est une intime de Faure Gnassingbé qui s’installe. Le pire est encore devant les Togolais.
 
B. Douligna
 
liberte-togo.com
 

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