Rodrigue Ahégo

Il me semble important, face au constat amer de l’état de décrépitude avancée de notre cher pays le Togo, notamment en matière de citoyenneté, de briser le silence pour lancer un appel à l’adoption d’une résolution pour établir deux journées nationales, l’une pour consacrer et célébrer le livre sacré de la République (la Constitution) et l’autre pour établir une plus juste célébration de la fête de l’indépendance du Togo.

Le 06 mars dernier, le Ghana a célébré la fête de son indépendance. Il a été question pour le pays de Jerry John Rawlings de s’illustre encore positivement à travers les activités qui ont marqué la fête. J’ai été séduit par le sens profond de citoyenneté développé autour de la fête. Elle n’a pas été exclusive. La fête a rassemblé tous les fils et toutes les filles du pays, autour du légendaire défilé civil.

Dans chaque zone, des établissements scolaires ont mobilisé les élèves du primaire, du secondaire, des universitaires etc. aux côtés des corps habillés. J’ai vécu une parfaite démonstration des valeurs républicaines qui se perpétuent à travers cette magistrale façon de célébrer une fête nationale.

La mobilisation a été grande et tout le monde a été invité à la fête. Il n’a jamais été question d’une célébration, chacun pour soi.

Des élèves ont témoigné leur civilité de bout en bout, aux couleurs nationales qui représentent l’un des symboles précieux que le pays défend et protège.

J’ai été séduit. J’ai alors compris pourquoi ce pays protège corps et âme sa démocratie. Au-delà de toute considération, le Ghana met la citoyenneté devant. Elle prend une place importante.

Aux côtés de cette envieuse façon de célébrer la fête de l’indépendance, le pays a institué une journée baptisée « constitution day ». Et cette journée est dédiée à la Célébration de la Constitution, cette Bible qui est le symbole de la République du Ghana. Une Bible dont chaque citoyen maîtrise la valeur, lui concédant ainsi toute sa sacralité.

Je comprends donc pourquoi ce livre n’est pas facilement manipulé. Il est à l’abri de toute sodomisation, de tout tripatouillage et de toute révision inique conduisant malheureusement à la trahison des acquis républicains. La Constitution du Ghana est un livre sacré qu’aucun président ne peut s’offrir le luxe de personnaliser son contenu et ouvrir un boulevard pour s’imposer contre la volonté du peuple. Et cette Constitution limite à deux, le mandat du Président de la République.

Il est vrai que ces dernières décennies, des périodes électorales sont entachées de contestation des résultats mais pas au point de remettre en cause les acquis démocratiques et offrir les citoyens et citoyennes en holocauste ni aux hommes à la gâchette facile, ni aux miliciens armés de gourdins cloutés, de machettes et même d’armes automatiques. Comme quoi, même quand deux coqs se battent, ils voient et protègent leurs yeux. C’est tout simplement beau.

Nous avons toujours été témoins de la façon dont le contentieux électoral est géré au Ghana. Même les chefs traditionnels pèsent de tout leur poids. Leur voix compte. Ils sont respectés et vénérés par tout le monde, y compris le Président de la République, les forces de sécurité et celles de défense.

A ces deux grands rendez-vous, toutes les couleurs politiques se mettent en veilleuse au profit des couleurs nationales. Elles prévalent et valent leur pesant d’or. La fête se passe sans coloration politique. On voit tous les anciens présidents qui vivent encore, aux côtés de celui en exercice. Des images, on ne peut plus fabuleuses qui n’existent malheureusement que dans un rêve pour nous autres qui aspirent à un Togo nouveau avec des valeurs républicaines comme fierté.

Trêve de bavardage. L’essentiel n’est pas d’admirer ce que les autres font de bien. Il faut en faire chez soi pour ne pas rester tout le temps spectateurs et admirateurs de l’autre.

Je pense donc et je le propose. Messieurs et dames dirigeants de mon pays,  trois choses s’imposent :

La première : l’intensification des cours d’éducation civique et morale dans les établissements scolaires en y introduisant les valeurs des symboles de la République ; la Constitution, l’hymne, la devise, l’indépendance. Il faut désormais y introduire des éléments fondamentaux qui vont permettre à tous les togolais, depuis le bas âge d’accorder toute leur importance à ces symboles et aussi de maitriser la valeur, la place des institutions de la République, les voies et moyens pour devenir Président de la Cour Constitutionnelle, Président de la République, Président de l’Assemblée nationale, Président de ci et de ça, premier ministre, ministre, député, Maire, conseillers municipaux…, également qui peut devenir quoi, comment et pourquoi. Il faut y introduire des chapitres qui inculquent la notion de patriotisme à nos enfants dès leur bas-âge. Avec cela, on aura certainement fini avec les valeurs anti républicaines qui polluent l’atmosphère du vivre ensemble.

La deuxième : Replacer dans un contexte Républicain, la célébration de la fête de l’indépendance et la démilitariser. J’aimerais bien proposer qu’on essaie cette façon de faire des Ghanéens qui permet au peuple de célébrer cette date historique qui fonde sa citoyenneté. Il ne s’agira pas d’orchestrer du folklore. NON. Faire en sorte de tous les fils et toutes les filles se sentent concerné pas la fête de l’indépendance. L’occasion devra permettre de jauger le niveau de patriotisme de nos enfants inscrits dans les établissements scolaires car ils incarnent le noyau du nouveau Togo auquel nous aspirons.

La troisième : Instaurer une journée nationale de la Constitution. Cette journée sera consacrée à la célébration de la sacralité d’une nouvelle version de la Constitution dénudée de toute contorsion anti républicaine. Il faudra donc remettre en place une Constitution dans laquelle tous les fils et toutes les filles du Togo se retrouvent, pas une version tronquée qui ne prêche que pour la chapelle de la « personnalité providentielle ». Il ne s’agira pas non plus d’une Constitution taillée sur la mesure de quelqu’un mais un livre sacré qui va sceller une nouvelle alliance entre tous les Togolais sans considération aucune, ni d’appartenance politique, ni d’opinion, ni de religion…

Toutes ces propositions, si elles sont mises en place, vont constituer sans nulle doute, une façon juste de revisiter l’histoire du Togo qui se raconte malheureusement à tout va.

Je lance donc cet appel au Président de la République, de prendre, dans un sursaut d’orgueil, la mesure de l’état de décrépitude très avancée de notre citoyenneté pour accepter ces propositions qui ne sont nullement contre personne, afin de mettre en place des valeurs Républicaines qui vont constituer des remèdes efficaces contre le viol de la Constitution, la Corruption, la gabegie…

Un nouveau pacte social s’impose pour le bonheur de tous.

Rodrigue Ahégo, le libre penseur ; la voix des sans voix

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