Qu’un gouvernement décide de prendre en charge la santé de sa population, est chose très louable et normale. Mais lorsqu’il manque ou tarde à honorer ses engagements, il est du devoir des administrés de rappeler à ce gouvernement les promesses faites.
Le 14 septembre 2010 à Lomé, le chef de l’Etat lançait à grands coups de publicité la Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle, infantile et néonatale au Togo (CARMMA). Cette campagne était destinée à réduire les mortalités maternelle et néonatale dans le pays. « Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie », avait-t-il déclaré. Et dans la foulée, le 29 juillet 2011, les responsables du ministère de la Santé et les partenaires techniques et financiers ont lancé à Agbélouvé (préfecture du Zio) une campagne de distribution de moustiquaires imprégnées de longue durée d’action (MILDA) pour prévenir le paludisme chez la femme gestante et les enfants. Le ministre Charles Kondi Agba était personnellement présent à cette cérémonie. Que d’assurance le ministre avait donné à la population dans le temps ! « Les médicaments et les moustiquaires qui vous seront distribués vous préservent du paludisme, des parasites, de la malnutrition, de la filariose et de l’onchocercose. C’est un important investissement que l’Etat et ses partenaires vous apportent ainsi jusque chez vous. Adhérez à cette initiative, nous serons tous gagnants ». La fin de cette déclaration ne devrait-elle pas plutôt être : « …je serai gagnant » ?
Sept mois plus tard, que reste-t-il de ce projet ? En effet, il était proclamé à Agbélouvé que 3.500.000 moustiquaires devraient être distribuées à terme aux populations. Nous avons encore souvenance que le ministre de la Santé, Prof. Charles Kondi Agba avait indiqué à cette cérémonie qu’à la réalisation complète, cette campagne allait coûter à l’Etat et aux partenaires, 14.627.499.746 F CFA dont 8.062.777.778 F CFA pour les moustiquaires imprégnées et 6.564.721.928 F CFA pour les autres intrants. Voilà sept mois jour pour jour que cette campagne a été lancée et la plupart des Togolais n’ont pas encore touché le saint Graal. Le recensement a été fait depuis belle lurette. Il peut arriver des incidents de parcours, c’est possible et probable même. Mais que coûte-t-il au ministère d’informer le public sur l’état d’avancement de la campagne ? Il est un temps où les fonds publics étaient dépensés sans aucun suivi ni contrôle, et chacun se servait et se sucrait sur le dos des contribuables car s’il est une chose que le peuple doit commencer à apprendre, c’est que tous les investissements réalisés ou en cours de réalisation sont le fruit de ses contributions tant au niveau des impôts, que des diverses taxes instaurées. Et à ce titre, chaque Togolais a le droit de demander des comptes sur le comment de la gestion des deniers publics.
La population serait très rassurée si dans un souci de transparence et de probité morale le ministère en charge de ce projet de 14.627.499.746 FCFA édifiait tout le monde en publiant le nombre de moustiquaires distribuées à ce jour et surtout le délai imparti pour achever ce projet. Il nous souvient que des ONG ont aussi eu, bien après que le gouvernement a lancé un projet similaire, à commander des moustiquaires imprégnées qui sont distribuées depuis fort longtemps. Il suffit de le vouloir et d’être guidé par l’esprit du travail bien fait, pour y arriver.
Le recensement de la population à ce sujet avait nécessité la mobilisation des ressources humaines et des fonds et il serait dommage et désolant qu’aucun audit à mi-parcours ne vienne attester des résultats pour lesquels tant de jeunes avaient été mobilisés. La crédibilité des autorités ne serait-elle pas mise en jeu si, sans avoir permis à la population d’apprécier les résultats du premier recensement sanitaire, on venait lui demander de se soumettre à un autre dans un futur plus ou moins lointain ? De la diligence dont nous ferons preuve dans la gestion de la chose publique, dépendra la crédibilité de nos institutions que nous voulons débarrasser de la gabegie et de l’approximation. Les premières pluies qui ne vont pas tarder dans le sud risquent de ressortir ce dossier de moustiquaires imprégnées et il revient au ministre, qui est toujours en fonction heureusement, de prendre des actes responsables pour éclairer la lanterne de la masse. Les moustiquaires commandées avec des fonds togolais sont le bien de toutes les familles recensées, sans distinction aucune.
Godson K.
liberte-togo.com

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