Chasser le naturel, il revient sans crier gare. Même en période d’épidémie. Depuis l’apparition de la Covid-19 sur le territoire togolais, les autorités demandent de respecter strictement des mesures dites « barrières » afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus. Éternuer ou tousser dans son coude, éviter les contacts physiques trop rapprochés ou encore porter un masque sont autant d’attitudes que l’autorité demande au citoyen d’adopter.
« Face au risque épidémique, adoptons les bons comportements », martèlent depuis trois, mois les médecins. Si, au début, certains togolais n’ont pas voulu se soumettre à ces gestes barrières pour diverses raisons, ils ont fini par les adopter face à la multiplication du nombre de contaminations. Mais depuis quelques semaines, un relâchement semble gagner la population. « Depuis quelques temps, nous avons constaté un relâchement dans le respect des gestes barrières. Les gens ne portent plus les masques de protection », reconnait Togbui Dosseh Hounkpeto IV, Chef canton de Sanguéra. « Nous constatons un relâchement dans l’observation des mesures barrières tant aux marchés que dans certains quartiers. Nous devons faire très attention car, nous ne sommes pas encore à l’abri », indique, pour sa part, une source médicale.
Toutefois, il se trouve que l’Etat étant au-devant de cette sensibilisation, ses représentants en toute chose devraient être des exemples du respect des consignes. Et c’est là que le maillon flotte.
L’autorité même ne respecte pas les règles…
À commencer par le chef de l’État Faure Gnassingbé. Il se souvient que dans son discours du 1er avril 2020 où il a décrété les trois mois d’Etat d’urgence sanitaire, le Président de la Republique a bien indiqué qu’« aucun écart ou manquement ne sera toléré ». Seulement, lui-même n’a, depuis, pas toujours montré le bon exemple. En effet, depuis le début de la pandémie, le Chef de l’Etat n’a été montré, une seule fois, portant le masque. Cette attitude qui non seulement surprend nombre de togolais selon des confidences recueillies ici et là contribue à renforcer le scepticisme de ceux qui ne croient toujours pas en la dangerosité virale de la pandémie. « Le Chef de l’Etat est-il immunisé face au coronavirus ? », se demande un concitoyen. « Ils nous imposent de porter un masque alors qu’eux-mêmes n’en portent pas », dixit un autre concitoyen. Le même comportement est affiché par certains membres du gouvernement.
Aussi, depuis quelques temps, certaines autorités et pas les moindres adoptent les mêmes attitudes que les membres du gouvernement et le Chef de l’Etat. C’est le cas du président de l’Université de Lomé, le Professeur Dodzi Komla Kokoroko et le Maire de la commune du Golfe 3, Kamal Adjayi. Le 03 juin dernier, en visite sur le chantier du projet dénommé « Nous sommes le Togo » (pose des fresques sur les murs de l’Université de Lomé qui dépend géographiquement de la Mairie du Golfe 3), les deux responsables n’ont pas porté les masques alors qu’ils étaient entourés d’une douzaine de personnes dont la plupart avaient porté leurs masques.
Le même jour, le président de l’UL a récidivé lors de la signature d’un accord de partenariat entre l’Université de Lomé et l’Agence nationale de volontariat au togo (Anvt). A cette cérémonie, Omar Agbangba, Directeur Général de l’Anvt lui non plus n’a porté le masque.
Toutes ces attitudes désinvoltes montrées sur les chaines de télévision en pleine crise sanitaire envoient de mauvais signaux aux populations qui ont commencé par adopter la même conduite.
Un relâchement « suicidaire »…
Comme susmentionné, dans la rue ou aux entrées de certains services, la distanciation sociale et le port de masque ne sont plus bien respectés. Pourtant, les mesures barrières sont encore fortement préconisées. « Il faut que chacun prenne ses responsabilités et garde des mesures de bon sens », indique un médecin avant d’ajouter « l’observation absolue de mesures barrières qui constituent pour le moment, le seul dispositif pouvant permettre de contrer la propagation de l’épidémie».
Selon lui, le relâchement dans le respect des gestes barrières pourrait faire le lit à la catastrophe annoncée par l’Oms pour les pays africains. « Charité bien ordonnée commençant par soi-même, les autorités doivent montrer le bon exemple. Les gestes barrières ne sont pas faciles à respecter mais pour se protéger et protéger les autres, il faut qu’on les inscrive dans nos esprit», ajoute notre interlocuteur. Il est à espérer donc qu’avec la nouvelle mesure rendant le port des masques obligatoire, les autorités vont finalement pouvoir s’exécuter.
A la date du 7 juin 2020, le Togo compte 495 cas confirmés de coronavirus dont 248 guéris, 234 cas actifs et 13 décès.
FRATERNITE