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L’Afrique d’aujourd’hui est tout sauf une puissance. Et donc n’a aucune place indispensable dans la géopolitique mondiale. La troisième rencontre du club diplomatique de Lomé (créé et présidé par M. Robert Dussey, ministre des affaires étrangères de la coopération et de l’intégration régionale) a réuni ses membres en conférence débat-dîner vendredi dernier à Lomé.
 
Axé autour du thème « l’Afrique dans la géopolitique mondiale », le club diplomatique de Lomé avait eu pour orateur l’ancien premier ministre togolais et ancien SG de l’OUA (organisation de l’Unité Africaine), mais actuellement Sage de l’Union Africaine et président de Pax africana M. Edem Kodjo.
 
L’orateur, fidele à son engagement pour le devenir de l’Afrique, auteur de l’ouvrage qui fait toujours parler de lui ‘’Et demain, l’Afrique’’ a démontré que l’Afrique demeure le continent de toutes les incertitudes, un continent qui est tout sauf une puissance.
 
Si l’Afrique est un continent béni avec une diversité et abondante ressources minières ( tantale, platine, or, manganèse, uranium, cuivre, antimoine, thorium, diamant, lithium, bauxite, nickel, cobalt, tungstène, molybdène, zirconium, niobium, plomb3.6, pétrole, gaz etc. et on en découvre tous les jours) ; un continent qui a plus de 500 millions d’hectares de superficies cultivables disponibles, il est aussi et paradoxalement le continent de tous les maux.
 
Pourvue de ressources naturelles considérables et d’une population de plus en plus forte et mieux éduquée, adossée à des valeurs capables de féconder une nouvelle civilisation plus humaine et plus solidaire, l’Afrique doit néanmoins affronter de multiples difficultés qui en font un simple objet plus qu’un acteur dans l’ordre international et la géopolitique mondiale. Pour preuve, a déclaré primo, M. Edem Kodjo, le continent primordial est encore pauvre, potentiellement riche certes, mais singulièrement pauvre. Parce que ses richesses ne sont ni uniformément réparties ni judicieusement exploitées’’.
 
« Les facteurs de production y sont toujours faibles sinon aléatoires parce que l’Agriculture n’a pas encore connu cette révolution que l’on attendait d’elle depuis des décennies. Les outils de production sont toujours rudimentaires et les voies d’accès (pistes rurales) précaires » a-t-il ajouté avant de conclure sur la disponibilité des infrastructures qui, quoiqu’en progrès, laissent toujours à désirer. Bref dans l’ensemble, au plan économique.
 
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« L’Afrique vit toujours dans la dépendance et se présente aujourd’hui dans une illusion de puissance » a dit Edem Kodjo répondant ainsi clairement à la question du débat.
 
Une illusion de puissance parce qu’explique t-il, le continent de tous les espoirs et de tous les enjeux fait vite de ‘’montrer trop facilement ses limites dans les institutions internationales notamment le Conseil de Sécurité des Nations Unies’’ et elle n’a montré ‘’aucune pertinence ni efficacité’’ face aux crises de certains de ses pays à l’exemple de la Côte d’Ivoire, de la Somalie et de la Libye.
 
« Nous faisons l’amère expérience de l’immobilisme, résultat de l’éparpillement, de l’esseulement de ses Etats et des organisations d’Etats. Et nous n’apparaissons comme une force que lorsque nos intérêts et ceux des puissants de ce monde convergent » a-t-il ajouté.
 
Avant de s’indigner du fait que le budget de l’organisation continentale soit ‘’soutenu à plus de 90% par les puissances extérieures’’. Quelle peut être l’autonomie d’action d’une pareille organisation ? » S’est interrogée Edem Kodjo Parce que l’intérêt profond des pays Africains est en réalité de constituer par eux-mêmes et entre eux mêmes, les puissances économiques de demain
 
Edem Kodjo propose pour sortir de cette incongruité que les pays africains travaillent à ‘’vaincre l’obstacle que connaît aujourd’hui l’Union européenne c’est à dire franchir le Rubicon, trancher le nœud gordien, faire abandon d’une partie substantielle de souveraineté nationale à une entité supranationale de type fédéral ’’.
 
«Les communautés économiques africaines, en même temps qu’elles luttent pour atteindre les objectifs économiques, doivent avoir aussi comme impératif, l’unification territoriale et politique de l’Afrique, seule chance pour le continent de se transformer en grande puissance moderne » a t-il martelé et ceci sous la conduite d’un visionnaire qui manque à l’Afrique.
 
Le sage a parlé sous les ovations et Admirations des ambassadeurs accrédités au Togo et de la presse. Le club diplomatique de Lomé est une initiative de M. Robert Dussey, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration régionale, un cadre par excellence de débat sur les questions de grands enjeux dans le monde entier rapproché à l’Afrique. Le Club Diplomatique de Lomé (CDL) a pour slogan « les cinq continents vus de Lomé. Lomé vue des cinq continents ».
 
Alphonse Ken LOGO
 
source : Courrier d’Afrique
 

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