L’ancien patron d’Elf a été arrêté au Nigéria en septembre 2012 avant d’être extradé vers le Togo où il est accusé de « complicité d’escroquerie ».
L’ex-patron de la compagnie pétrolière française Elf, Loïk Le Floch-Prigent, détenu depuis septembre au Togo où il était inculpé de « complicité d’escroquerie », a été mis en liberté provisoire au Togo et est arrivé à Paris mercredi 27 février, a annoncé son avocat, Me Patrick Klugman.
« Il est arrivé. C’est un un immense soulagement de le savoir en France », a déclaré Me Klugman.
Le parquet avait déclaré : « La justice a ordonné ce mardi la libération provisoire de Loïk le Floch-Prigent pour des raisons de santé », a annoncé le procureur de la République togolaise Essolissam Poyodi. « Mais il reste à la disposition de la justice togolaise », a-t-il précisé, avant d’ajouter qu' »il prendra (un) vol ce (mardi) soir pour Paris ».
L’entourage de Loïk le Floch-Prigent, a affirmé avoir déjà pris connaissance de la nouvelle.
Escroquerie internationale
Arrêté en septembre 2012 à Abidjan puis extradé vers Lomé, où il a été inculpé dans le cadre d’une enquête ouverte en mars 2011, Loïk le Floch-Prigent, âgé de 69 ans, est soupçonné par la justice togolaise d’être impliqué dans une affaire d’escroquerie internationale.
Un homme d’affaires émirati, Abbas El Youssef a porté plainte contre un homme d’affaires togolais, Bertin Sow Agba, l’accusant d’avoir organisé un réseau pour lui soutirer plusieurs millions de dollars, ses membres lui faisant croire qu’ils détenaient la fortune du défunt président ivoirien Robert Gueï, estimée à 275 millions de dollars et bloquée sur un compte en banque au Togo.
Abbas El Youssef estime que Loïk le Floch-Prigent « serait le chef d’orchestre dans cette affaire d’escroquerie », selon une source judiciaire togolaise.
S’estimant victime de manoeuvres, l’ancien grand patron, qui nie toute malversation dans cette affaire, a porté plainte en décembre 2012 et une enquête préliminaire pour corruption a été ouverte par le parquet de Paris.
Evacuation sanitaire
Il a déposé le 18 janvier une nouvelle plainte, cette fois du chef de faux, en estimant que son arrestation avait été rendue possible au moyen d’un trucage le présentant faussement comme ayant été « en fuite ».
Je n’ai évidemment jamais participé à la moindre escroquerie contre celui qui est aujourd’hui le plaignant, Abbas El Youssef, qui fut mon ami et mon partenaire avant qu’il ne se lance à corps et à fonds perdus dans une rocambolesque chasse aux trésors présumés de dictateurs disparus, à laquelle il a voulu me mêler et dont il voudrait maintenant que j’assume la responsabilité », a écrit Loïk le Floch-Prigent en janvier dans une tribune sur le site Internet presumeinnocent.com.
Ses avocats et sa famille ont plusieurs fois demandé son évacuation sanitaire d’urgence vers la France en raison de son état de santé, appel relayé par le ministère des Affaires étrangères.
Risque d’amputation et de mort
Selon ses proches, Loïk le Floch-Prigent souffre de carcinomes (une forme de cancer de la peau) à la jambe qui doivent être suivis pour éviter le développement d’un cancer généralisé.
Dans une pétition réclamant sa libération parue début février sur Internet, destinée au président togolais Faure Gnassingbé, ses proches déclaraient : « Aujourd’hui Loïk le Floch-Prigent risque l’amputation et la mort. Ceci n’est plus humainement tolérable ».
Plusieurs fois condamné par la justice française, notamment suite à l’affaire Elf, Loïk le Floch-Prigent a déjà passé deux ans en prison.
AFP / nouvel observateur