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Des suites de l’accident de Talo
 
Les ministères ne doivent leur existence qu’à celle des populations. Et si lors d’un grave sinistre qui devrait interpeller le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, celui-ci vient à briller par son silence et son indifférence à l’endroit des citoyens, il y a lieu de se poser des questions légitimes quant à leur raison d’être, surtout lorsqu’on sait que tous les agents de l’Etat qui y travaillent sont rémunérés par les contributions de chaque Togolais. L’exemple des autorités burkinabé lors du grave accident de la route à Talo à Atapkamé devrait inspirer ceux qui aspirent à voir le peuple leur renouveler sa confiance.
 
L’une des armes pour confondre des autorités est la comparaison, ce système qui consiste à évaluer comment, face à une même situation, elles réagissent selon les peuples qu’elles gouvernent. Et à ce jeu, l’actuel régime au pouvoir au Togo a encore des leçons de bonne gouvernance à faire siennes par rapport à ses voisins.
 
Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014 aux alentours de 22h, un accident mortel s’est produit sur le pont de Talo, une localité située au sud d’Atakpamé. Un car de transport en commun allant à Ouagadougou, dans une tentative infructueuse de dépassement d’un bus qui le précédait, est entré en collision avec un camion remorque arrivant du nord. Au moins 48 corps sans vie ont été dénombrés et 25 blessés furent sortis des carcasses du véhicule. 24 Burkinabé figurent parmi les décédés et au moins 9 furent blessés à des degrés divers. Nous avons farfouillé sur les sites d’informations pour nous enquérir des dispositions que l’Etat du Burkina Faso dont des ressortissants ont perdu la vie dans cet accident, a prises.
 
C’est d’abord une délégation gouvernementale du Burkina Faso qui a rencontré, le vendredi 18 avril 2014 à Ouagadougou, soit 3 jours après la survenue du drame, les familles des victimes. Le ministre de l’Industrie, chef de la délégation, a indiqué que « c’est un moment de grande tristesse pour le pays » et que « c’était un devoir pour l’autorité d’être aux côtés des familles concernées afin de les rassurer du soutien du gouvernement ». Au-delà des paroles, le sommet de l’Etat burkinabé est conscient que qui dit décès, dit dépenses. « Le gouvernement a décidé de façon symbolique de remettre une enveloppe à chaque famille pour permettre aux gens d’avoir quelque chose dans l’urgence en attendant de voir s’il y a d’autres mesures à prendre pour les soutenir. Nous allons y veiller », a donc assuré le ministre Arthur Kafando. C’est ainsi qu’une enveloppe d’1,5 million de FCFA a été remise à chaque famille ayant perdu un parent, et les autorités étant conscientes que ce déplacement vers Ouagadougou doit occasionner des dépenses, une somme de 50.000 FCFA a en plus été remise à tous ceux qui se sont déplacés pour assister à la rencontre.
 
Demain mercredi 14 mai, ça fera un mois exactement que le sinistre s’est produit, et c’est un mensonge que de dire que les plaies se sont déjà cicatrisées. En guise de souvenir et pour nous enquérir des dispositions que l’Etat togolais a prises à l’endroit des familles togolaises dont des parents ont perdu la vie à Talo, nous nous sommes rendus au Cabinet du ministre de l’Action Sociale et de la Promotion de la Femme situé en face de l’ancien Centre Culturel Français. Au secrétariat, nous avons été redirigés vers l’Agence de Solidarité nationale située avenue de Duisbourg parce que c’est cette agence qui disposerait de comités chargés de gérer des catastrophes et autres sinistres.
 
A l’Agence de Solidarité nationale, il existe un chef division Appui à la sécurité sociale, un chef division Protection, mobilisation et suivi des œuvres de solidarité et un service d’Assistance sociale. A notre demande de rencontrer la Directrice, on apprend qu’elle et son équipe sont en atelier et il nous a été demandé de revenir ce matin. Si l’Etat togolais, par le biais de l’Agence de Solidarité nationale, avait déboursé un fonds pour les victimes, serait-ce la seule directrice qui en serait informée ? Nous avons eu du mal à cacher notre frustration, puisque nous n’avons pas eu besoin de rencontrer une quelconque directrice burkinabé pour lire sur la toile l’accompagnement de l’Etat burkinabé. L’indisposition des uns et des autres était telle que nous avons compris qu’un mois après la survenue de la catastrophe, l’Etat togolais n’a entrepris aucune démarche allant dans l’accompagnement des familles défuntes. Mais nous réalisons que dans quelques mois, ces mêmes autorités voudront solliciter le suffrage des citoyens dont les familles des victimes, pour les élections locales…
 
14 avril – 14 mai 2014, un mois depuis la survenue de l’accident de Talo qui a ému l’opinion nationale. Il nous souvient que dans la même période ou semaine de l’accident, un ferry sud-coréen a fait naufrage et Faure Gnassingbé n’avait pas perdu une minute avant d’envoyer un message de soutien et de condoléances au président et au peuple coréens. Seulement, l’histoire nous renseigne que ce pays ne se limite pas aux messages de soutien aux victimes du naufrage et porte une assistance financière pour soulager un tant soit peu les dépenses occasionnées par la perte d’un membre de famille. Demain sera un triste anniversaire, mais pour LIBERTE, c’est un anniversaire de la honte pour les autorités togolaises qui créent des structures censées apporter de l’aide aux victimes, mais dont on ne voit point les actions. Les réactions d’indifférence de celles-ci auraient-elles été les mêmes si la majorité des victimes étaient des proches parents de la directrice de l’Agence ou de la ministre de l’Action sociale Dédé Ahoefa Ekoué ? That is the question.
 
Abbé Faria
 
Liberté Togo
 

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