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Lutte imaginaire contre la surfacturation, les fausses factures, les abus et les prodigalités dans les administrations publiques
 
Comme si la gouvernance du pays se résume à ses deux apparitions par année à savoir le 26 avril et le 31 décembre, Gnassingbé Essozimna Faure s’est adressé aux Togolais la veille de la Commémoration du 53ème anniversaire de l’accession de leur pays à la souveraineté internationale. Pendant vingt-cinq (25) bonnes minutes, le chef de l’Etat s’est lancé dans un chapelet de moquerie, de distraction, d’errements et de provocations absolues. A suivre de près l’enfant de Eyadèma, il dégage l’air d’un apprenti politicien qui s’illustre par des contractions innommables.
 
Comme l’année dernière où Faure a déclaré que seule une poignée d’individus s’est accaparé la richesse nationale sans pouvoir rien faire pour les y empêcher, cette année il revient et affirme que le phénomène des surfacturations, des fausses factures et autres formes de prévarications alourdissent indûment les charges de l’Etat au profit de quelques individus. Du coup, beaucoup s’interrogent sur l’utilité même des deux sorties annuelles de Faure qui ne s’arrêtent qu’à l’étape des constats d’ailleurs connus de tous les Togolais.
 
Faure et ses constats futiles
 
Un chef d’Etat assure et assume. Il est appelé à la gestion efficace et efficiente du patrimoine national. Il doit veiller à la bonne marche de la république dans tous les domaines. Pour y parvenir, il doit se donner les moyens conséquents. Cette année encore, le président du Togo a constaté : « L’Etat doit être au service de nos concitoyens, avec impartialité et avec intégrité. Nous devons donc continuer à traquer dans les administrations publiques ou privées le phénomène des surfacturations, des fausses factures et autres formes de prévarications. Ces pratiques alourdissent indûment les charges de l’Etat au profit de quelques individus. Elles le privent des précieuses ressources dont il a tant besoin pour la mise en œuvre de nos projets de développement économique et social. Nous devons donc continuer à combattre avec énergie, les abus et les prodigalités qui grèvent durement les ressources de l’Etat».
 
Tout Togolais normal et sérieux doit constater la même chose que Faure Gnassingbé. Cela suppose que le chef de l’exécutif togolais a fait aussi de bonnes observations sur la gestion du pays. Des exemples sur les abus, les prodigalités, les fausses factures et les surfacturations sont légion au sommet de l’Etat, surtout dans l’entourage immédiat de Faure Gnassingbé. Mais en aucun moment, personne n’a été traqué donc c’est une aberration que de parler de « continuer à traquer dans les administrations publiques le phénomène des surfacturations, des fausses factures et autres formes de prévarications ». Il faut d’abord commencer avant de continuer à traquer.
 
Faure parle de lui-même et son entourage dans le pillage à grande échelle du Togo
 
Les déclarations de Faure Gnassingbé ont suscité un haut-le-cœur chez la plupart des Togolais tant elles constituent une série de provocations, d’hypocrisie et d’aberrations. « Nous devons continuer à combattre avec énergie, les abus et les prodigalités qui grèvent durement les ressources de l’Etat », dixit Faure.
 
En réalité, ce combat contre les abus et les prodigalités n’a commencé nulle part étant entendu que Faure Gnassingbé lui-même est le vecteur des prodigalités c’est-à-dire des dépenses folles qui assomment au quotidien l’économie nationale. Doit-on rappeler à M. Gnassingbé Faure ses multiples voyages inutiles à travers la planète, les locations onéreuses d’avions ainsi que l’achat des vins et autres par avion spécial ? Quel chef d’Etat au monde, de surcroit d’un Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) peut se permettre ces prodigalités au sommet de l’Etat ?
 
Aussi Faure est-il un contre exemple parfait de la lutte contre les abus et les prodigalités. Bien plus, comme Faure lui-même semble donner le quitus au pillage, son entourage immédiat en profite allègrement.
 
Les femmes de la République Ingrid Atakounam Awadé, Directrice Générale des Impôts, Victoire Sidémého Tomégah-Dogbé, Directrice du Cabinet de la Présidence de la République et ministre du Développement à la Base, le Premier ministre Kwesi Ahoomey-Zunu, le ministre de l’Economie et des Finances Adji Otèth Ayassor, le ministre de l’Administration Territoriale Gilbert Bawara et bien d’autres retraités mais toujours à la tête des sociétés d’Etat sont les tristes visages du phénomène de surfacturations, de fausses factures, des abus et des prodigalités qui grèvent durement les ressources de l’Etat.
 
Ingrid Awadé : Présentée comme la première dame du Togo, la Directrice des Impôts est l’incarnation des abus regrettables aux côtés de Faure Gnassingbé. Elle s’est sauvagement enrichie et a fait illicitement enrichir ses proches qui vivent dans l’opulence révoltante. On a souvenance qu’en septembre 2011, lors du procès dans l’affaire de coup d’Etat, Essolizam Gnassingbé, un demi-frère de Faure, a déclaré au Tribunal que Ingrid Awadé a financé la campagne de Faure à la présidentielle de 2010 à hauteur de 29 milliards de FCFA. Jusqu’à ce jour, personne n’a démenti cette information et rien n’a été fait à l’encontre de cette dame.
 
Où Ingrid Awadé a-t-elle trouvé 29 milliards FCFA pour faire la campagne de Faure en 2010 ? Bien d’autres faits graves sont reprochés à celle qui est aussi conseillère financière de Faure Gnassingbé. Une femme du chef de l’Etat peut en cacher une autre.
 
Victoire Dzidudu Tomégah-Dogbé : Ministre déléguée dans le premier gouvernement de Houngbo en 2008, Victoire Dogbé a été faite en 2010 ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes, poste qu’elle cumule avec la Direction du Cabinet de la Présidence de la République, une première dans l’histoire mondiale.
 
Cette dame a érigé des maisons partout, même ses domestiques et chauffeurs mènent des vies sultanesques au point qu’on est en droit de se demander où cette ancienne agent du système des Nations Unies a-t-elle trouvé de l’argent pour cette folie dépensière.
 
Tout cela, aux yeux de Faure ne sont ni abus, ni prodigalité. Diantre ! Le phénomène de surfacturations et de fausses factures le plus patent cette année est la gestion mafieuse de la CAN Afrique du Sud 2013. Le Président de la Fédération Togolaise de Football Améyi Gabriel décrié par la FIFA pour malversations financières, c’est le premier ministre de Faure Gnassingbé qui a manœuvré pour qu’un individu de cet acabit soit placé à la tête du Comité d’organisation. Comme on pouvait s’y attendre, des surfacturations les plus graves ont été élaborées par Améyi en complicité avec Ahoomey-Zunu. Faure Gnassingbé veut-il nous faire croire qu’il ne sait que les prix des chambres d’hôtel, de transport, de restauration ont été triplés par endroits, quintuplés d’autres parts ? Jusqu’alors, aucun rapport n’a été fait sur les fonds alloués par le gouvernement dans le cadre de la participation du Togo à cette compétition. Qu’a-t-on fait à Ahoomey-Zunu et à Améyi ? Absolument rien ! Contre toute attente, Ahoomey-Zunu a demandé aux opérateurs de téléphonie de soutirer frauduleusement de l’argent aux pauvres consommateurs pendant un bon mois. Pis, au Port Autonome de Lomé, on continue de soutirer jusqu’à présent de l’argent aux transporteurs.
 
Sur quelle base peut-on finalement prendre au sérieux Faure Gnassingbé ? Tout à côté, Gilbert Bawara qui rasait les murs de Lomé 2 jusqu’à une période récente, a fait climatiser son garage. Et lorsque nous avions dénoncé cette prodigalité, voici ce que celui qui se réclame ami personnel de Faure a dit à notre rédaction « Si j’ai climatisé mon garage, est-ce que c’est votre problème ? Si moi je ne veux pas que mon gardien dorme dans des conditions déplorables, où est mon mal ?», a fulminé Gilbert Badjilembayena Bawara en 2009. Le salaire mensuel d’un ministre au Togo, environ un million FCFA, peut-il suffire à faire ces dépenses princières ?
 
Tout à côté, la célébration de l’anniversaire d’une fille du ministre de l’Economie et des Finances Adji Oteth Ayassor défraie la chronique depuis le début de ce mois d’avril. Selon notre confrère « L’Alternative », la fiesta s’est déroulée dans un des restaurants les plus chers de la capitale, le Beluga où la simple brochette qui se vend à 100 F au bord de la route, coûte 12.000 FCFA.
 
Pour la circonstance, le restaurant a été bloqué pour une quinzaine d’invités. Le service était libre et sans limites, champagnes et vins les plus chers au menu. Où la fille d’Ayassor a-t-elle trouvé l’argent pour ces ripailles ?
 
Faure Gnassingbé doit cesser de prendre les Togolais pour des mabouls. S’il n’a plus rien à dire, il ferait mieux de se taire bonnement y compris les 26 avril et 31 décembre de l’année car un chef, après tout, c’est sa parole.
 
Mais lorsque Faure parle pour parler, c’est bien ridicule. Ce n’est d’ailleurs pas superfétatoire de revenir ici sur les cas de Ferdinand Tchamsi du FER, Kossi Ewovor de SOTOCO et bien d’autres retraités gardés en poste à l’image de Koffi Walla de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale, de Pekemsi de la LONATO.
 
Décidément, le Togo mérite mieux que ses gouvernants actuels.
 
Kokou AGBEMEBIO
 
Le Correcteur N° 430 du 29 avril 2013
 
 

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