Le grand contournement qui relie les localités d’Agoè-Nyivé aux quartiers périphériques du port a été construit il y a quelques années. Mais, malgré le nombre  considérables de personnes qui empruntent cette voie pour la plupart se rendre au dans la zone portuaire, il y avait un manque criard de taxis sur cette voie. Il faut dire clairement qu’il n’y a pas de taxi sur cette voie pour se rendre au port. Les gens étaient obligés de se rabattre sur les  taxi-motos qui, pour la plupart sont, non seulement, un peu cher, mais aussi, peu sécurisant. Le problème de transport pour se rendre dans la zone portuaire s’impose toujours à ceux qui n’ont pas de véhicule personnel ou du moins ne peuvent pas s’offrir les services d’un taxi-moto. Au même moment, les triporteurs motorisés  utilisés comme des taxis ont du mal à s’imposer dans la population togolaise. Mais de nos jours, que ce moyen de déplacement, très prisé dans les rue de Lagos abonde peu à peu sur le tronçon du grand contournement pour proposer leurs services aux populations se rendant dans la zone portuaire ou utilisant le tronçon du grand contournement. Petit à petit les taxi-tricycles arrivent à s’imposer sur ce tronçon jusqu’à y ériger des stations. Aujourd’hui, il y a à peu près 5 stations de triporteur motorisé sur la voie du grand contournement. 4 stations en partant d’Agoè vers le Port et une en partant d’Agoè vers Noèpé.

Samedi 20 mars 2021 ! Il sonne 13 heures du sous le passage à niveau  d’Agoè. Le soleil était au zénith. C’est le temps de repos pour quelques commerçants  qui somnolaient ou qui se retrouvaient pour discuter de tout et de rien. Malgré le bruit des klaxons des milliers de véhicules qui empruntent cette voix, certains arrivent à trouver leur compte sous le pont en dormant carrément, mais juste quelques minutes pour reprendre leur aventure. De l’autre côté du passage à niveau se font voir une cinquantaine de tricycles de différentes couleurs, juxtaposés parallèlement l’un à côté de l’autre.

Vue de haut, le décor est impressionnant. Cela  donnait une beauté au paysage et ne laisse pas indifférents tout usager empruntant cette voie. Apparemment, c’est le temps de repos pour les conducteurs de ces triporteurs  qui visiblement viennent de passer une demi-journée un peu fatiguant. Certains en profitent pour dormir tranquillement dans leur tricycle pendant que d’autres se retrouvent à 2 ou à 3 pour discuter et faire des prévisions pour la soirée. D’autres pendant ce temps somnolaient mais scrutaient des yeux les alentours du pont à la recherche d’un client.

Pour ces taxi-tricycles, s’imposer sur ce tronçon également n’a pas été du tout facile. Ils ont eu toutes les difficultés contrairement aux taxi-motos qui dès leur apparition dans la capitale togolaise  dans les années 90 ont pu s’imposer facilement comme moyen de transport principal de la population. Malgré la méfiance des populations, très vite, ces engins à trois roues sont entrés progressivement dans le quotidien de chaque togolais et aujourd’hui se sont imposés aux populations. Mais, pour ces triporteurs, c’est tout le contraire même sur cette voie sur laquelle le problème de transport est récurent.

Mais petit à petit, avec le temps, après plusieurs années, la population, du moins, les usagers de ce tronçon  du grand contournement s’intéressent à la chose. « C’est vrai qu’à l’arrivée de ces tricycles, la population togolaise n’aime pas les prendre comme moyens de transport. Plusieurs pensent que vue la forme des tricycles, ils peuvent chavirer en chemin ou que le vent peut les faire chavirer et causer un accident. Mais par un travail de sensibilisation que nous, les conducteurs, menons sur le terrain les gens commencent petit à petit à s’y intéresser principalement sur cette voie du grand contournement. La preuve nous avons 4 stations juste sur cette voie », nous a confié M. Mededji Komi, conducteur de Taxi-Tricycle et Conseiller dans l’une des stations sous le pont d’Agoè.

Comme dans tout secteur d’activités, il y a d’énormes difficultés et du coté des conducteurs des tuk-tuks. Les difficultés sont d’ordre organisationnel. Malgré les stations où ces véhicules doivent prendre leurs clients, certains jeunes qui viennent de faire leur entrée dans ce métier, sont plutôt du genre à prendre les clients en chemin et ne viennent jamais aux stations. Ce que dénonce M. Mededji. « Il y a quelques années, nous n’étions pas du tout nombreux. On se connaissait tous et on parlait d’une seule voix. Mais actuellement, ça nous dérange de voir certains conducteurs qui ne sont affiliés à aucune station prendre des passagers en chemin. Parfois il arrive que l’un des passagers oublie son bagage dans le véhicule en descendant. Si c’était à la station, nous savons le véhicule qui est parti à telle heure de la journée. Si ce passager revient dire qu’il a oublié son bagage dans un véhicule et nous donne l’heure à laquelle il a pris le véhicule, on peut facilement identifier le véhicule et retrouver son bagage. Ou soit si le chauffeur qui a pris ce passager à la station remarque qu’il y a un bagage oublié dans son véhicule, il revient déposer le bagage à la station comme ça si le passager en question arrive, il peut facilement retrouver cela », a-t-il souligné.

Malgré ces difficultés qui sont plutôt d’ordre organisationnel, les taxi-tricycles arrivent quand même aujourd’hui à permettre à son conducteur de subvenir aux besoins de sa famille malgré la concurrence grandissante avec les Taxi-motos et tout dernièrement avec les taxi-motos Olé dont les prix sont légèrement en dessous des prix normaux des taxi-motos. « C’est vrai que qu’il y a une concurrence grandissante qui ne dit pas son nom surtout avec l’arrivée de Olé. Mais, ces motos ne prenne qu’un seul passager et nous, nous en prenons 3 voire 4. Nos prix sont également plus abordables que les prix de ces motos ce qui fait que si quelqu’un refuse de prendre les Taxi-tricycles, et si elle arrive à le prendre une seule fois, vous verrez que cette personne ne nous lâche plus. Nous arrivons quand même malgré les difficultés à nourrir nos familles à la maison. Mais la venue de la crise sanitaire liée à la Covid-19 a tout chamboulé», a souligné M. Justin Kodjo, conducteur de taxi-tricycle à la station d’Agoè.

Effet Covid-19

Depuis plus d’un an, la crise sanitaire liée à la Covid-19 bouleverse tous les secteurs d’activité. Le monde a fait face à de nouvelles donnes. Le secteur du transport n’en fait pas exception. Cette crise a également touché considérablement les activités des conducteurs de triporteur. Dès le début la pandémie, des mesures sont édictées par les gouvernements de chaque pays pour freiner la propagation du virus. Le lavage régulier des mains, le port des masques et le respect de la distanciation sociale d’au moins un (1) mettre. Cette dernière mesure touche directement les moyens de transport qui pour la plupart ne laisse aucun espace entre les passagers si le véhicule est plein. Encore qu’il est demandé à tout véhicule de 5 places de ne prendre maintenant que 3 personnes. Les tricycles qui prennent 3 ou 4 passagers d’habitude, ne vont prendre plus que 2 personnes. Si les taxis à 5 places ont trouvé un moyen de pallier ce manque, en augmentant les frais de transport pour chaque passager, pour les tricycles, cela n’a pas été le cas selon le président des conducteurs de tricycles au niveau du pont d’Agoè.  « Cette crise sanitaire liée à la Covid-19 a tout chamboulé. Par exemple chez nous ici, on nous dit de ne plus prendre 4 personne mais plutôt 2. Si nous prenons 4 personnes de chez nous ici vers la zone portuaire, pour les 4 ou parfois 5 personnes, nous prenons 1500. Mais maintenant qu’on nous dit de ne prendre que 2 personnes, on ne peut pas prendre ces deux personnes et leur dire de payer la somme que doivent payer 4 ou 5 personnes. C’est impossible. Même si nous disons à ces 2 personnes de payer 1000 FCFA, à raison de 500 par personnes, elles n’acceptent pas. Donc, cela nous gêne vraiment. Mais parfois, nous risquons et nous prenons quatre personnes, mais une fois en chemin, nous sommes interpellés par les agents des forces de l’ordre et là, c’est un autre problème. Dans la plupart des cas, tu descends les personnes supplémentaires là où les forces de l’ordre t’ont interpellé en leur promettant de ne plus jamais recommencer. Mais le lendemain, on le fait encore puisque cela ne suffit pas du tout. C’est dans cette situation nous vivons jusqu’alors. », a-t-il confié.

Un secteur jeune mais bien structuré

Bien que ces moyens de transport  ne soient pas aussi empruntés dans la capitale togolaise en comparaison aux taxi-motos et voitures, du fait leur nombre est un peu insignifiant par rapport à ces deux derniers, ils sont très bien organisés. Sur le tronçon du grand contournement, il y a quatre stations et  chacune coiffée  un président auprès de qui tout problème dans la station devra être réglé. Le président n’est pas forcément un conducteur de tricycle. Il est présent du matin au soir dans la station et contrôle de ce fait les entrées et les sorties. Chaque station a en son sein des délégués et des  qui aident le président dans ses taches.

Dans toutes les stations, tout véhicule paie régulièrement ses taxes par trimestre auprès de l’Office Togolais des Recettes (OTR). Pour défendre leur droit auprès des autorités et une meilleure organisation au sein de la corporation, ces conducteurs de taxi-trip orteur se sont constitués en Syndicat. Ce qui n’était pas le cas dès le début.

« C’est vrai au début, nous n’avons pas de Syndicat. Nous avions eu beaucoup de difficultés mais chez qui allons-nous nous plaindre vu que nous n’avons aucune structure qui coiffe nous les conducteurs de taxi-tricycles ?  C’est là on s’est dit qu’on ne peut pas rester dans ce métier sans avoir de Syndicat. Mais notre première tentative a été un échec puisque les responsables du Syndicat ne sont plus sur le terrain et ne se soucient plus de nous les membres. Heureusement, nous nous sommes concertés et nous avons créé un autre syndicat dénommé SYNACOTATRI (Syndicat National des Conducteurs de Taxi-Tricycles). Et, ce syndicat est à l’œuvre jusqu’au jour d’aujourd’hui pour défendre nos droits devant les autorités et améliorer nos conditions », a souligné M. Komi Mededji.

A la conquête de la ville de Lomé et ses agglomérations

Si sur le tronçon du grand contournement, les taxi-tricycles sont très bien connus et beaucoup appréciés des passagers, c’est d’ailleurs sur ce seul tronçon que se trouvent les quatre stations de Lomé, la majorité de la population reste toujours dubitatif sur ces engins jugés trop légers pour certains et non sécurisant pour d’autres. A part ce tronçon, c’est très rare de trouver ces taxi-tricycles au centre de la ville de Lomé et dans la plupart de ses agglomérations.

Et ça, c’est le combat que veulent mener ces conducteurs de taxi-tricycles. Sensibiliser et rassurer la population sur les avantages de ces taxis afin d’étendre le réseau dans toute la ville de Lomé et ses agglomérations.

« Notre but maintenant, c’est de pouvoir étendre notre réseau sur toute la ville de Lomé. Et nous y arriverons petit à petit par la sensibilisation de ceux que nous transportons  pour le moment afin qu’eux aussi arrivent à en parler à leurs familles à la maison », a indiqué M. Mededji avant de lancer un appel à la population. « J’aimerais dire à tous ceux qui hésitent encore à prendre nos taxis-tricycles, de ne pas avoir peur. Ils sont plus sécurisés chez nous que chez les autres. Nous sommes également très bien organisés et vous ne verrez quelqu’un dire qu’il a oublié quelque chose dans un de nos taxis et qu’il n’a pas retrouvé cela. Mais, à condition que la personne prenne un taxi-tricycle de l’une de nos stations. Le taxi-tricycle ne chavire jamais. Les taxi-motos aussi font des accidents comme tout autre moyen de transport d’ailleurs. L’essentiel, c’est que la personne maitrise bien son engin et je peux vous assurer que tous nos conducteurs maitrisent parfaitement leurs engins. Je suis dans ce métier il y a plus de deux ans et mon tricycle n’a jamais chaviré même si je prends des passagers en surcharge et je n’ai jamais aussi fait un accident. Tout ce que nous voulons ; c’est que la population togolaise nous connait et nous considère comme elle considère les autres moyens de transport comme les taxis et les taxi-motos ».

Il faut dire que ces taxi-tricycles comme les taxi-motos à leur début peinent à rentrer dans les habitudes de la majorité des Togolais. Mais, petit à petit, ils arrivent à se faire un nom par les couts très abordables de leurs prestations et leur organisation. Les Togolais arriveront-ils à faire totalement confiance à ces engins ? Nul ne saurait le dire, mais une chose est sûre, les conducteurs de taxi-tricycles sont déterminés et comptent élargir leur réseau.

Pierre A

Source : Le Tonnerre

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