« Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté mais gagné sa servitude… » (La Boétie, Discours de servitude volontaire)

Au Togo, les sociétés étatiques ont toujours été malades de leur mauvaise gestion. L’augmentation de 66% des frais de péage pour les véhicules de 5 places est la conséquence justement de cette gestion scandaleuse qui a caractérisé les structures chargées de l’entretien des routes dans notre pays. Ce sont les Togolais qui en payent le lourd tribut. Ceux qui ont racketté ces institutions et les ont mises à genou ne sont nullement inquiétés, au contraire, ils sont protégés par la puissance publique qui les exonère du devoir élémentaire de rendre compte. Depuis l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir pourtant auréolé d’un MBA et dont on avait tant dit de bien, on s’attendait à une gestion rigoureuse des affaires publiques. Mais depuis 16 ans, on assiste au pilotage à vue et au bricolage doublés d’impunité. 

Au commencement était le FER, (Fonds d’entretien routier). Cette structure créée en 1997 était destinée à doter le pays d’un réseau routier en bon état d’utilisation, support fondamental de l’économie nationale. Mais à son arrivée au pouvoir, Faure Gnassingbé avait placé l’un de ses amis à la tête de cet organisme. Qui se livra à une véritable course à la fortune, gérant les deniers publics de manière dispendieuse, en violant toutes les règles de procédure. Le FER n’avait jamais rempli sa mission. Les débats à l’Assemblée nationale à l’époque avaient montré l’énormité des détournements et avaient révolté les Togolais. Le premier responsable a été tout simplement congédié sans autre forme de  responsabilité.  

Les dégâts étaient également colossaux à l’ex-OTP-IFG devenue SNPT dont un ami de Faure Gnassingbé avait la gestion. C’est également le parlement qui avait ouvert la boîte de Pandore. Le DG avait été démissionné par le Conseil d’Administration après avoir lui-même pris la poudre d’escampette.

Ceux qui, au lieu d’entretenir nos routes, ont détourné durant des années les ressources de FER à d’autres fins, n’avaient jamais mis devant leurs responsabilités. Le gouvernement avait également refusé d’auditer les comptes de ce service public qui selon les révélations à l’époque, avait enregistré plus d’une centaine de milliards de FCFA de recettes qui avaient pris d’autres directions. Plus scandaleux, les emprunts obligataires réalisés et destinés à l’entretien des routes avaient disparu comme dans une tour de prestidigitation.  

Comme toute réponse, Faure Gnassingbé opta pour la solution du sparadrap en dissolvant puis en changeant de dénomination à l’institution. Tour à tour, le défunt FER est remplacé par le FR (Fonds routier), la CAPER (Compagnie autonome des péages et d’entretien routier) et aujourd’hui la SAFER (Societé autonome de financement de l’entretien routier) qui, dit-on, répondrait aux normes d’un fonds de deuxième génération.

Aucun compte n’a été rendu à ce jour des centaines de milliards collectés par la SAFER à travers les divers péages érigés partout au Togo. Sans parler du détournement de la faramineuse manne financière d’environ 477 milliards de FCFA issue de la commande des produits pétroliers.

  Aujourd’hui, ce sont les Togolais qui en payent le prix fort avec l’augmentation des frais de péage. De plus, la hausse probable des prix à la pompe dans les jours ou semaines à venir sera suicidaire pour les populations en cette période de crise sanitaire. 

Médard AMETEPE / Liberte N° 3350 du 18-03-21

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