La police fédérale d´Allemagne a-t-elle refusé aux réfugiés noirs d´entrer sur le territoire? La police ukrainienne des frontières a-t-elle interdit l´accès aux trains aux non-blancs, comme l´affirment New-York-Times et BBC? Les fugitifs africains d´Ukraine ont-ils été victimes de discrimination de la part de la police polonaise et attaqués par les habitants? Voilà les graves accusations de racisme avancées par certains médias, par des travailleurs sociaux bénévoles, aussi bien en Ukraine, en Pologne et en Allemagne.

Selon les accusateurs, la police allemande, par exemple, aurait effectué des contrôles à la gare de la ville de Francfort sur l´Oder, une ville située à l´est de l´Allemagne et qui fait frontière avec la Pologne. (Précisons qu´en Allemagne, il existe deux villes avec le même nom de Francfort. Il y a Francfort sur-Le-Main dans l´ouest du pays, plus grand, connu pour son aéroport international, et Francfort sur l´Oder à l´est). Donc dans cette ville frontalière que la police allemande aurait fouillé dans les trains pour détecter des réfugiés, surtout de couleur noire, apparemment sans papiers valables, pour leur interdire l´entrée sur le territoire allemand. La police réplique qu´il s´agit d´éviter que des personnes profitent de  cette situation de crise pour entrer en Allemagne de façon illégale. Une telle traversée illégale des frontières constitue, selon toujours la police, un délit prévu par la loi qu´il faudrait à tout prix éviter.

Pour faire ce travail les policiers seraient montés dans les trains et toutes les personnes en mesure de prouver, avec ou sans passeport ukrainien, qu´elles viennent de l´Ukraine, qu´elles y travaillent ou étudient, peuvent continuer le voyage. Par contre, tous ceux qui ne sont pas en mesure de prouver leur statut légal, doivent descendre du train pour d´amples vérifications. Combien de personnes avaient dû écourter leur voyage pour cette raison jusqu´à présent? Le porte-parole de la police ne peut pas le dire exactement. Mais le nombre devrait se situer dans les centaines, reconnaît-il. Il reconnaît également que la plupart viennent d´Afrique; mais la police fédérale allemande dit ne pas contrôler selon le faciès et rejette catégoriquement l´accusation de racisme.

Pourtant, malgré ce démenti, des exemples de cas où des Africains, dans leur fuite d´Ukraine, à cause de la couleur de leur peau, furent victimes de discrimination, sont légion. Que ce fut au départ, c´est-à-dire en Ukraine même, à la frontière polonaise et allemande, des contrôles ou acharnements ciblés furent signalés çà et là. Pour exemple, des travailleurs bénévoles qui s´occupent des réfugiés et qui attendaient à la gare de Berlin mercredi dernier l´arrivée d´un train en provenance de Varsovie(Pologne) ne comprenaient pas le retard de plus d´une heure, quand on leur fit comprendre que la police fédérale allemande était entrain de faire descendre des passagers à la  peau noire à la frontière germano-polonaise à Francfort sur l´Oder. Selon les témoins, la police n´aurait contrôlé dans les trains que des noirs. Ce ne serait malheureusement pas la première fois que le contrôle par la police semble être motivé par les caractéristiques extérieures de la personne. Pourtant en Allemagne le contrôle policier basé uniquement sur l´apparence extérieure comme la couleur de la peau est interdit. En Janvier 2022 le tribunal administratif de Dresde avait condamné le violent contrôle par la police d´un ressortissant guinéen dans la ville de Chemnitz(Est de l´Allemagne). La police berlinoise avait d´ailleurs reconnu l´année dernière avoir procédé au “Racial Profiling”, (contrôle sur la base du faciès) et s´était excusée.

Le journal polonais “Gazeta Wyborzca” raconte que des étudiants noirs auraient été brutalement extraits par la police des rangs de ceux qui cherchaient à monter dans les bus et insultés par la population. D´innombrables vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des policiers ukrainiens empêchant des hommes et des femmes noirs de s´approcher des trains pour y prendre place,  à cause de la couleur de leur peau.  Ces scènes d´horreur qui n´honorent aucunement la civilisation européenne ont fait réagir, entre autres, le conseil fédéral allemand des migrations qui appelle  à un traitement équitable de tous les réfugiés, et naturellement de tous les hommes et femmes de toutes les nationalités sans passeport ukrainien vivant en Ukraine. Selon cette organisation, des récits de maltraitance et de comportements racistes à l´égard des noirs à la frontière ukraino-polonaise, par exemple, sont inacceptables.

S´agissant de l´arrivée des réfugiés et de leur éventuelle intégration dans les pays d´accueil, les citoyens ukrainiens ont le droit d´entrer et de séjourner pendant trois(3) mois dans tous les pays de l´Union Européenne sans visa. À ce sujet le ministère allemand de l´intérieur a publié une communication selon laquelle tous les réfugiés en provenance d´Ukraine ont droit à une protection provisoire d´un an dans l´Union Européenne, renouvelable jusqu´à trois (3) ans. Pendant cette période les fugitifs sont exemptés d´une procédure d´asile régulière. Cette mesure est également valable pour les ressortissants des états-tiers, comme les Africains, disposant d´un séjour légal en Ukraine.

Quant aux accusations de racisme, les autorités des pays concernés et surtout les polices concernées les rejettent. C´est connu: même si on agit en raciste, personne ne veut en porter la casquette. Toutes ces scènes sur les réseaux sociaux montrant des hommes et des femmes de couleur en prise avec des agissements discriminatoires sur leurs personnes ne peuvent pas toutes avoir été inventées. Et pour que les ressortissants de nos pays d´Afrique soient respectés partout où ils sont en Europe ou ailleurs, les dirigeants africains doivent pouvoir faire preuve de plus de volonté politique et de courage, et savoir hausser le ton auprès de leurs collègues européens au moindre incident, dans quelque pays  que ce soit, ayant trait à un acte de racisme ou de discrimination.

Samari Tchadjobo

Bibliographie: die Taz.de (Die Tageszeitung-online)

(un quotidien de gauche allemand)

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here