Les femmes de détenus dont celle de Kpatcha Gnassingbé, ont manifesté leur colère devant l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) de la gendarmerie nationale, le samedi 12 février dernier. Presque deux ans de leur mis en détention, les épouses n’ont toujours pas vu leur conjoint.
 
En présence de leur avocat Me Zeus Ajavon, les huit épouses ont protesté devant l’entrée de l’ANR. Après un concert de klaxon, assises à même le sol, Mimi Gnassingbé épouse de Kpatcha Gnassingbé et les autres, ont fustigé les violations de leurs droits et ceux de leur mari, détenus depuis près de deux années sans droit de visite, dans une rocambolesque affaire de tentative à la sûreté de l’Etat.
 
Les femmes ont obtenu auprès du Parquet leur permis de communiquer qui devrait leur permettre de voir leurs époux en détention dans les locaux de l’ANR. Un service de la Gendarmerie, isolé dans une zone de brousses, derrière la nouvelle Présidence de la République située au quartier Lomé II. « On ne sait pas dans quel pays nous sommes. Aucun droit n’est respecté. Deux ans après l’arrestation de mon mari, je ne l’ai jamais vu. J’ai appelé le Président de la République qui a promis de me rappeler, mais ne l’a jamais fait. Même les criminels ont droit à des visites », a dénoncé Mimi Gnassingbé.
 
Le jeudi 10 février, les femmes ont fini par obtenir chacune un permis de communiquer valable pour un mois, qui devrait enfin leur permettre de voir leur mari respectif. Elles se sont rendues à l’ANR, mais se sont entendues dire que le maître des lieux, le Col. Massina était absent et qu’elles ne pouvaient donc pas voir donner suite au droit que leur conférait la détention du fameux permis. Le samedi, elles sont retournées et se sont vues barrer le chemin par des soldats dont certains sont cagoulés et fortement armés. « Ils nous ont menacé de tirer sur les pneus de nos voitures, puis de nous tirer dessus si nous ne partons pas », a affirmé une des manifestantes.
 
« Depuis près de deux ans, nous apportons des repas et des médicaments sans jamais voir nos maris. On nous apporte des ordonnances de maladies qu’on ne connaissait pas à nos maris avant leur arrestation. On n’ignore s’ils sont encore en vie », déplore une autre femme d’un ancien officier également en détention dans la même affaire de « coup d’Etat ». Malgré les véhémentes protestations des femmes, rien n’y fit. Les éléments du Colonel Massina ont reçu consigne d’ignorer le droit inhérent au permis de communiquer, délivrer par le Ministère public. « Nous allons rejoindre les manifestations du Frac pour faire entendre nos revendications », a lancé une autre dame.
 
La zone est fortement quadrillée par des éléments de l’ANR, dont certains en tenue civile. Les journalistes ameutés, n’ont pas pu faire leur travail. « Si Me. Zeus Ajavon n’avait pas été là, ils nous auraient embarqué », a indiqué un journaliste qui a égrené les actes d’intimidations dont ils ont fait l’objet de la part des gendarmes. En dehors du Centre islamique et la grande clôture de la nouvelle Présidence de la république, la zone n’est couverte que de brousse.
 
Déjà entaché de nombreux vices de formes dénoncés par des avocats, le dossier dans lequel Kpatcha Gnassingbé et consorts sont impliqués, n’est visiblement pas géré tel une affaire de justice. « L’ANR est un Etat dans l’Etat », fait d’ailleurs remarquer un journaliste qui a été surpris par le quadrillage de la zone où visiblement, les agents ont leurs propres lois qui ne semblent pas être celles de la République du Togo. Les femmes contactées par la rédaction de koaci.com dimanche dans la soirée, disent recevoir des menaces depuis leur manifestation.
 
On se demande ce qui empêche Faure Gnassingbé, de faire juger les détenus dont deux de ses demi-frères, alors que selon Me. Zeus Ajavon, l’instruction est bouclée depuis des mois. Curieusement, l’Ambassade des Etats Unis au Togo, qui a livré Kpatcha Gnassingbé (alors qu’il demandait l’exile) au motif que les autorités togolaises ont assuré qu’un procès équitable lui sera assuré, garde le silence malgré les graves violations des droits des détenus.
 
Les femmes qui dénoncent des harcèlements dont elles sont l’objet, se disent déterminées à voir leurs époux et à leur voir assurer un procès équitable ou leur libération. « Le dossier est vide », clament depuis les avocats. Le pouvoir avait de son côté, exposé des éléments pouvant accréditer la thèse d’un complot en cours de préparation. Kpatcha Gnassingbé et ses co-accusés sont détenus depuis le 14 avril 2009 pour certains.