Réintégration des députés ANC à l’Assemblée nationale


 
Le verdict de la Cour de Justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) rendu le vendredi 7 octobre dernier occupe sans doute encore l’actualité politique au Togo. Malgré la clarté de la décision, le pouvoir Faure Gnassingbé essaie de tirer malhonnêtement le drap de son côté et continue d’entretenir la polémique. Bien malin pourrait présager la suite qu’il va donner au verdict. Si c’est avant tout une affaire nationale, la problématique préoccupe aussi l’opinion internationale,e session du dialogue politique périodique permanent entre le Togo et l’Union européenne, inscrit dans le cadre du partenariat Acp-Ue.

 
le cas des diplomates européens accrédités au Togo. Le sujet était vendredi dernier, au menu de la 11
 

Le verdict de la Cour de la Cédéao au menu

 
En effet le gotha des diplomates européens conduit par le chef de la Délégation de l’Ue Patrick Spirlet et une délégation d’officiels de l’Etat togolais se sont rencontrés au ministère des Affaires étrangères. Au menu des discussions, les prochaines élections législatives et locales de 2012 et la situation des droits de l’homme au Togo, mais aussi des sujets d’actualité dont les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (Cvjr), les allégations de torture à l’Agence nationale de renseignement (Anr), le passage du Togo à l’Examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’Homme, le dialogue au sein du Cadre permanent de dialogue et de concertation (Cpdc), les réformes institutionnelles et constitutionnelles, sur lesquels les protagonistes auraient eu « un échange approfondi, franc et ouvert ». « Nous sommes à un moment crucial, parce qu’il y a un certain nombre d’événements récents qui méritent attention », a avancé Patrick Spirlet, pour justifier le choix des sujets à l’ordre du jour.
 
C’est une première que des questions aussi sensibles, surtout qui ne font pas les affaires du pouvoir en place soient abordées. « Nous pensons au niveau de l’UE qu’il faut faire tout pour qu’ il puisse y avoir un climat politique apaisé pour aller le mieux possible et de façon la plus consensuelle possible vers les prochaines étapes électorale », a déclaré le chef de la Délégation de l’Ue, comme pour motiver ce « culot » de la part des diplomates européens. Et, chose plutôt inhabituelle, les mandataires de l’Union européenne, qui très souvent abordent les sujets sensibles avec des gants, et dans un langage superbement diplomatique, pour ménager les deux camps d’acteurs politiques, le pouvoir et l’opposition ont usé du langage direct. « Nous avons souligné l’importance des décisions de la Cour de justice de la CEDEAO et l’importance de les respecter, de prendre des initiatives dans ce sens pour justement favoriser cet apaisement », a indiqué Patrick Spirlet.
 

Le régime Faure seul au monde

 
Très peu de Togolais s’attendraient à un tel appel venant de la part de l’Union européenne, tant ses diplomates aiment jouer à la neutralité (sic) surtout quand c’est le pouvoir en place qui est en situation. Non ingérence dans les affaires intérieures, c’est l’argument massue souvent brandi. Dans cette affaire d’exclusion des neuf députés Anc de l’Assemblée nationale, nous avions, dans un de nos articles aux lendemains de la décision scélérate d’Aboudou Assouma, interpellé les diplomates européens au Togo sur cette violation flagrante de la Constitution et des droits de l’Homme et requis d’eux des pressions sur les gouvernants togolais afin qu’ils réparent cette iniquité. Mais cet appel est tombé dans les oreilles de sourd. Aucune voie ne s’est élevée au sein de cette représentation européenne au Togo pour condamner cette exclusion inique qui non seulement viole la Constitution togolaise, mais aussi fait la promotion de l’immoralité car étant obtenue sur la base du faux. Tout est parti des humeurs de l’ « Opposant frelaté » Gilchrist Olympio qui, pour laver l’affront que lui ont fait subir ses anciens « lieutenants » en allant créer leur propre parti, a sorti ces engagements internes à l’Union des forces de changement (Ufc). Le scénario a été bien mijoté et ces « lettres de démission » ont été envoyées au négationniste Abass Bonfoh pour enclencher la procédure. La Cour constitutionnelle censée veiller au respect des lois, a parachevé la procédure et exclu les élus du peuple le 22 novembre 2010.
 
Les représentants du « monde civilisé » au Togo sont drôlement restés aphones devant ce scandale judiciaire, et certainement l’auraient aussi consommé si la Cour de Justice de la Cédéao n’avait pas rendu ce verdict. Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on. L’essentiel est que les diplomates européens ne s’inscrivent pas dans la polémique gauche entretenue par les gouvernants en place et demandent à Faure Gnassingbé et les siens de respecter le verdict. Ce qui s’entend payer à chacun des neuf députés exclus les 3 millions de FCFA à titre de dommages et intérêts fixés, et surtout les réintégrer à l’Assemblée nationale. C’est malheureusement ce que se refuse de faire l’Etat togolais, ce qui a suscité le week-end surpassé un déploiement de ses « grandes gueules » pour intoxiquer l’opinion.
 
Uémoa, Cédéao, Union africaine, Union européenne, France, c’est sur la caution de ces organisations et puissances que compte souvent Lomé pour commettre certains forfaits. C’est ce qui voit ces institutions valider à tour de rôle les hold-up électoraux au Togo, malgré les contestations du peuple et de l’opposition. Mais malheureusement pour une fois, le régime Faure Gnassingbé risque d’être bien seul au monde, car c’est la Cour de Justice de la Cédéao même qui a rendu ce verdict, que le Togo est tenu de respecter pour la décence morale, surtout que l’on crie à une certaine modernisation de la Justice. Et l’Union européenne, le plus grand partenaire diplomatique et commercial du Togo et dont le soutien au pouvoir en place est souvent automatique et conçu comme une consécration, refuse de cautionner ce scandale. Le régime Faure Gnassingbé peut-il vouloir aller seul contre tous ? La question reste posée.
 
Tino Kossi
 
source : groupe liberté hebdo togo