Billet. L’épidémie de coronavirus évolue rapidement et sévit à présent dans plus de 60 pays, nécessitant une action urgente pour les aider à lutter contre la contagion, renforcer la prévention et limiter les pertes humaines. La réponse sera d’autant plus efficace que les autorités publiques et le secteur privé prendront des mesures rapides et coordonnées.

L’expérience acquise avec la lutte contre les virus Ebola, SRAS et Zika montre que l’application rapide de mesures adéquates peut aider les pays à arrêter la propagation d’épidémies comme le Covid-19, et sauver des vies. Nous savons également que les pays pauvres, dont les systèmes de santé sont déficients, sont souvent les plus touchés par ces épidémies qui touchent de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables, moins préparées à limiter la propagation des agents pathogènes.

Nos objectifs communs sont simples. Nous devons limiter la transmission d’homme à homme ; recenser, isoler et soigner les malades à un stade précoce ; réduire la transmission dans les collectivités ; soutenir la mobilisation des populations et minimiser l’impact social et économique.

Mais parce que les pays sont confrontés à différents niveaux de risque et de vulnérabilité au virus et qu’ils auront besoin de différents types d’assistance et niveaux de soutien financier, il sera indispensable de faire preuve de flexibilité et de réactivité.

La Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC) agissent promptement pour aider les pays à renforcer les systèmes de santé locaux et les soins de santé primaires. L’enjeu est de protéger les populations contre le virus et de s’assurer qu’elles ont accès aux informations sur la surveillance épidémiologique et aux interventions de santé publique. Nous avons annoncé cette semaine la mise à disposition d’une aide initiale de 12 milliards de dollars pour les pays qui ont besoin de financements rapides pour répondre à la crise provoquée par le Covid-19. Cette contribution prévoit en particulier l’octroi de crédits commerciaux qui faciliteront les importations par le secteur privé.

Cependant, les mesures immédiates contre les conséquences sanitaires et économiques de l’épidémie doivent être suivies d’investissements à plus long terme pour permettre la mise en place de systèmes de santé plus solides et plus résistants.

Ces investissements se justifient tant du point de vue de la santé que de l’économie. Mettre davantage de ressources en première ligne pour détecter et traiter les maladies à un stade précoce, avant qu’elles ne deviennent plus graves, permet de sauver des vies, d’améliorer les résultats sanitaires, de réduire les coûts des soins de santé et de renforcer la préparation en cas d’épidémie.

En raison de leurs ressources limitées et des faibles capacités de l’appareil public, de nombreux pays parmi les plus pauvres ne disposent pas des infrastructures sanitaires ou des ressources adéquates pour se préparer aux épidémies. Pourtant, une détection rapide et des mesures d’intervention précoces peuvent réduire la transmission des maladies et les décès, et diminuer les impacts économiques, sociaux et sécuritaires.

Tous les États devraient accroître leur sécurité sanitaire. Et la mise en place de systèmes de santé primaire solides est le moyen le plus efficace d’y parvenir. Les justifications généralement invoquées en la matière -priorités concurrentes, résultats invisibles ou manque de financements pour les biens publics-  sont aujourd’hui plus que jamais indéfendables.

Car le coût de l’amélioration des défenses contre les menaces qui pèsent sur la sécurité sanitaire ne représente qu’une infime partie des coûts induits par les épidémies. Selon des estimations récentes, la plupart des pays devraient dépenser 1,69 dollar par personne et par an pour atteindre un niveau acceptable de préparation aux urgences épidémiques. Pour la plupart des pays, cela représente moins de 2 % des dépenses nationales consacrées à la santé.

Lors des épidémies de SRAS et de MERS, nous avons vu comment les failles des systèmes de santé et de la gestion des hôpitaux ont conduit à une hausse de la morbidité et de la mortalité. Pour arrêter la propagation du coronavirus dans les hôpitaux, les pays auront besoin d’installations d’isolement, de triage et de prévention et de contrôle des infections. Le nombre d’infections récentes parmi les intervenants de première ligne montre clairement que nous devons également contribuer à renforcer les capacités des personnels de santé et à garantir la disponibilité d’équipements de protection au niveau local.

Si cette épidémie continue de progresser à son rythme actuel, ses effets secondaires donneront rapidement lieu à une situation d’urgence économique en entraînant le monde vers une récession qui aurait de graves répercussions sur les pays et les populations les plus pauvres. Le Groupe de la Banque mondiale collabore avec le FMI et d’autres institutions. Nous sommes prêts à utiliser dans toute la mesure du possible les instruments dont nous disposons. Nous possédons une panoplie de dispositifs de financement rapide qui peut aider les pays à répondre à un large spectre de besoins, y compris pour soutenir les plus pauvres lors des périodes de turbulence économique.

Cette épidémie peut être contenue. Les mesures prises dès maintenant par les pays et la communauté internationale peuvent sauver des vies. L’ampleur de la réponse aura une incidence cruciale sur son efficacité. Les pays doivent également renforcer leurs systèmes de veille sanitaire et de santé primaire, qui sont essentiels pour enrayer la propagation de ce virus et lutter contre de prochaines épidémies.

David Malpass, Président du Groupe de la Banque mondiale

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