J’ai toujours considéré qu’un intellectuel, un vrai, doit nécessairement se sentir concerné par le devenir aussi de l’humanité dans son ensemble que des citoyens issus de son environnement social, culturel, national…

Il m’a par conséquent semblé que c’est à ce prix que l’élite intellectuelle dirigeante ou non, peut mieux appréhender les défis de sa société, définir son idéologie de combat tout en se forgeant une méthode d’action qui puisse donner des résultats concrets dans la réalité de vie des humains que nous sommes.

Mais comment devenir ce type d’intellectuel en se confinant simplement dans cette seule bulle de l’instruction qui donne droit à des diplômes ronflants, avec une connaissance universitaire quasi morte, donc déchargée de tout dynamisme ?

En cela il faudrait, au-delà de l’impératif du diplôme, que dans son parcours, l’intellectuel ait aussi eu à frotter sa cervelle contre celle de l’autre, non pas seulement sur les bancs, mais sur le terrain, au champ, dans un métier de main qui forge sa personnalité, fixe son attention sur les faits du réel et secrète en lui, des pulsions propres à des hommes et femmes d’action ayant une empathie ferme pour l’être humain tout court qu’il se doit alors de tirer impérativement vers le haut.

Je viens à cet effet, de trouver un allié de poids dont le parcours et les œuvres confortent davantage cette conviction qui est mienne. Alors que je m’interrogeais sur comment l’on devient un ministre de l’ECONOMIE et des FINANCES dans un pays de l’espace francophone d’Afrique à moins de 40 ans d’âge, Romuald Wadagni, l’actuel ministre d’État chargé de ce déterminant portefeuille au Bénin, vient de m’en donner la réponse, lorsque dans une interview accordée à des médias occidentaux, il rapporte la vision que son défunt papa avait eu pour lui.

“Mon père tenait à faire de moi un grand intellectuel, mais très proche des réalités des citoyens”, rappelle-t-il, avant de poursuivre que dans l’implémentation d’une telle vision, le désormais défunt papa le poussa, dès son âge de 13 ans, à des métiers de main dont la maçonnerie et l’élevage, notamment de lapins qu’il exerçait dûment durant les vacances.

Il a d’ailleurs obtenu un diplôme d’éleveur de lapins en sus de tous les autres qu’il aura acquis dans son flamboyant parcours universitaire. Fort de ces armes de combat pour la vie, qui se sont sédimentées dans un alliage parfait entre la connaissance universitaire et celle des réalités intrinsèques que confère l’exercice d’un métier de premier niveau, Romuald apparaît finalement comme un génie dans ses performances, dans ses œuvres tant dans le monde professionnel que politique qu’il a, au bout du compte, embrassé depuis 2016 dans son pays.

Vous conviendrez sûrement avec moi que ma réflexion serait trop longue si j’y introduis les différents faits d’arme de l’homme, je vous exhorte opportunément à parcourir très rapidement son CV, abondant sur internet.

J’en viens donc à cette conclusion que nous ne pouvons guère être utiles à nos sociétés, à nos pays et à l’humanité entière, quels que soient nos diplômes, nos titres et notre rang social, si nous commettons la monumentale erreur d’oublier d’où nous venons; et ne pas oublier d’où nous venons signifie clairement que dans nos réflexes d’intellectuels ou d’élite dirigeante, subsistent encore les leçons de vie que nous ont prodigués les faits de terrain, de la société où règnent l’amour, l’empathie et l’attention pour autrui.

Luc Abaki

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