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Si le Haut Commissariat des Nations aux droits de l’Homme (HCDH) a installé dès 2006 un bureau dans notre pays, c’est la conséquence du massacre que l’élection frauduleuse de Faure Gnassingbé a engendré. Des sources proches des organisations de défense des droits de l’Homme, on a parlé de plus de mille morts. D’après le résultat de l’enquête diligentée quelques mois plus tard par l’ONU, il s’agit de 450 à 500 morts. Une commission d’enquête mise sur pied par le gouvernement lui-même et présidée par un proche du Pouvoir, Me Joseph Koffigoh, a parlé de 150.
 
En insistant sur l’ouverture à Lomé d’un bureau du HCDH et en la rendant effective, l’ONU avait sans doute voulu exercer une surveillance de proximité sur le pouvoir de Faure Gnassingbé et éviter que des violences pareilles se renouvellent à l’avenir. L’objectif c’est également de corriger l’exercice de la violence dans notre pays en veillant strictement au respect des droits de l’Homme que les autorités togolaises avaient jusque là suffisamment bafoués, ce qui sous-entend aussi la dissuasion de la pratique de la torture au Togo.
 
A voir le niveau de violation récurrente des droits de l’Homme ici depuis que Mme Ige Olatokunbo est nommée à la tête de ce bureau en tant que fonctionnaire des Nations unis, il est impossible pour le commun des Togolais de dire avec précision ce que la présence du HCDH dans le pays a apporté de réellement positif à la promotion des droits humains. Il convient de faire remarquer que Ige Olatokunbo qui fut la toute première représentante résident du HCDH dépêchée au Togo, après s’être retirée entre-temps en cédant la place au Gambien Mussa Gassama, reviendra au Togo pour reprendre la tête de cette structure, alors que personne n’attendait son retour. Depuis lors, elle demeure l’inamovible patronne du HCDH dans notre pays. Tout porte à croire que ce poste est créé pour elle. Elle y est collée comme une clé à sa serrure.
 
A maints égards, elle a fait preuve dans l’exercice de sa fonction, d’une complaisance insoupçonnée pour une institution de cette importance, à tel point que plusieurs organes de presse qui n’apprécient pas du tout cette complicité qu’elle ne se prive pas d’afficher, ne l’ont jamais ménagée et elle en serait consciente. Certains par le passé, sont allés jusqu’à oser et sans prendre de gants, la confondre avec les maîtresses d’une autorité du pays, peut-être avec raison.
 
Mais il est difficile du reste de comprendre qu’en dépit des nombreuses critiques dont elle faisait l’objet pour ses nombreux impairs, l’ONU ait jugé utile de la faire revenir au Togo et n’ait pas trouvé mieux dans son répertoire de personnel. Certaines rumeurs rapportent qu’elle serait « l’Homme » d’un ministre sans retenue qui aurait œuvré à la fin de son premier mandat de deux ans pour son retour au Togo en 2011. Et si c’est vérifié, il faut croire que l’institution onusienne perd de sa crédibilité, si de petits morveux de cet acabit peuvent influer sur ses décisions guidées par des principes et non par des amitiés.
 
Si aujourd’hui, les tortures (affaire Kpatcha, affaire d’incendie et bien d’autres) ont continué à alimenter la gouvernance de Faure Gnassingbé jusqu’à tout récemment avec Mohamed Loum, Etienne Yakanou tué, sans oublier les nombreux détenus qui meurent en cascade dans nos différents lieux de détention sans que le chef de l’Etat et son Premier ministre s’en émeuvent et prennent des mesures hardies pour endiguer le mal, cela est dû à la complaisance, voire à la complicité passive de la responsable du bureau du HCDH au Togo, Mme Ige Olatokunbo. A titre indicatif, pas moins de cinquante morts en l’espace d’un an pour la seule prison civile de Lomé. C’est trop et cela suffit pour en déduire que la présence du HCDH au Togo depuis 7 ans n’a servi à rien. Il eût mieux valu laisser le pays sans ce bureau.
 
Le bureau du HCDH n’est-il donc pas là juste pour la forme ? C’est ce que d’ailleurs de nombreux concitoyens croient. Car en effet, si les responsables qui se sont succédé depuis 2006 à la tête du bureau du HCDH, y compris l’intérimaire Michael Offermann, avaient une forte personnalité et si l’ONU elle-même se montrait plus sérieuse dans sa mission de protection de la vie des citoyens, aujourd’hui en 2013, les violations des droits de l’Homme se seraient considérablement amenuisées, même si elles ne disparaissaient pas complètement. Cela aurait été un acquis. Tel n’est pas le cas. Les tortures se poursuivent comme si de rien n’était. C’est la conséquence d’un certain laxisme, d’une complaisance et d’une complicité avérés.
 
Pour ce qui est du groupe dit des cinq (G5) regroupant au Togo les Ambassadeurs des USA, de la France, de l’Allemagne, la représentation de l’UE et celle du PNUD, il est à regretter qu’après toutes ces années de plomb qu’ont connues l’opposition togolaise et le peuple sous la cruelle dictature des Gnassingbé, ce qui a considérablement retardé le développement du pays et porté au firmament les violations des droits de l’Homme au Togo, ce groupe de pression soit demeuré impassible face à des situations inhumaines et inimaginables dont il est témoin. On dirait même, tout aussi complaisant et complice du pouvoir incarné par le fils d’Eyadèma qui se montre plus dangereux pour ses compatriotes et même pour la survie de la nation tout entière.
 
Qu’à la faveur de la récente tournée d’une délégation de l’opposition composée des membres de la Coalition Arc-en-ciel et du Collectif « Sauvons le Togo ! » (CST), celle-ci ait, par hasard, permis à certains Européens de se rendre compte de la réalité des problèmes que vivent l’opposition et le peuple face au Pouvoir de Faure Gnassingbé et ses sécurocrates, en l’absence d’un compte rendu fidèle de la part des diplomates à destination de leurs mandants, c’est tout simplement insoupçonnable ! Mais pas étonnant, eu égard à la sortie très décriée de M. Patrick Spirlet à l’occasion de la présentation des vœux du corps diplomatique accrédité au Togo.
 
Du coup, le sobriquet de « diplomates commerçants » trouvé pour désigner ces diplomates qui tentent de passer par perte et profit les souffrances du peuple et les justes revendications des leaders de l’opposition. Aujourd’hui, les Togolais en sont à se demander si après le forcing que tentent de faire Faure et ses sécurocrates par rapport aux législatives après avoir lâché « plus jamais ça au Togo ! », en dépit de l’appel de la CEDEAO et de l’UE à privilégier le dialogue avant les élections, si nos diplomates éprouvent la fierté d’avoir soutenu jusqu’ici des gens qui ne font pas preuve de sagesse et ne connaissent que la violence comme langage contre leur peuple.
 
Quelle fierté le G5 éprouve-t-il aujourd’hui face à tout le montage fait autour de l’affaire des incendies et vu les révélations du jeune Mohamed Loum ? Idem dans la série d’inculpations en désordre des opposants, alors que toute la communauté internationale sait que ce ne sont pas les opposants qui ont incendié les marchés. Il faut s’étonner que des responsables de ce rang et issus de pays dits civilisés ne s’embarrassent pas de scrupule et cautionnent les dérives du pouvoir en place. Ils devraient avoir honte d’avoir accompagné des dirigeants qui piétinent sous leur nez les droits des citoyens, qui traficotent des rapports, qui n’ont aucun égard pour la justice, etc.
 
Alain SIMOUBA
 
Liberté Togo