« Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi, elle doit être loi parce qu’elle est juste ». Dans son œuvre, Les pensées, le célèbre auteur qui a pensé L’Esprit des Lois, Montesquieu fait la part des choses. Il s’oppose de façon véhémence à toutes les formes ignominieuses des lois, ainsi qu’à celles qui sont prises pour exclusivement protéger les intérêts d’un individu ou couvrir abusivement une minorité au détriment des réclamations légitimes et effervescentes de la collectivité nationale.

Les objectifs communautaires s’expriment dans les besoins et préoccupations des citoyens, dans un large ensemble qu’ils ne peuvent être ignorés, méprisés ou déclassés. Ils ont remis à l’action de la délégation que les élus ne peuvent les écarter sans provoquer la fronde populaire.

Par conséquent, la fantaisie de traficotage des réclamations populaires qui habite parfois ceux qui se vantent de porter la voix du citoyen est une absurdité monstrueuse qui doit être combattue par le cratère déferlant de l’adversité de tous les citoyens, trahis par des abus du pouvoir délégué auxdits représentants du peuple.

Tout représentant du peuple devient illégitime dès qu’il s’écarte des objectifs communautaires et des réclamations éclatées sur toute l’étendue du territoire. La loi ne suffit pas à un peuple à accepter toutes ses dérives et son application mécaniciste qui met en danger la concorde nationale. Le but ultime de la loi est de préserver la cité des embrassements inutiles et de sa chute dans les ravins troublants de l’histoire.

Sur le plan strict du droit et de la constitution, algérienne, BOUTEFLIKA pouvait compétir pour les prochaines présidentielles. Mais, aucune loi n’est d’un parapluie atomique, lorsque dans les circonstances, particulières, elle déstabilise la cité, l’équilibre de toute la République. L’alibi de la loi n’efface pas les contingences qui, de leur détonation, allument les grandes tragédies à l’intérieur de la nation pour renverser sa cohésion, sa vitalité, son ascendance pacifique.

L’aveuglement de la loi n’est surtout pas une éthique politique, parce que la raison mécanique n’est par l’art de la gouvernance politique. L’éthique apparaît comme le complément absolument nécessaire dans l’application de la loi pour lui donner une tonalité d’équilibre, de bon sens, un répondant de socialité active, efficace.

La version mécanicienne de la loi, son application abrupte sans équité n’est-elle pas le vrai danger qui renverse les nations dans la pénombre de l’histoire ?

Le devoir de réguler la vie en cité n’est-il pas une exigence de toutes les catégories socio-professionnelles pour donner un sens au vivre-ensemble ?

Si les Algériens de tous les âges, et de toutes les professions, se sont coalisés pour défendre l’honneur de la République, comment les Togolais peuvent –ils s’autoriser de rester à l’écart de l’engagement patriotique contre le brigandage de toilettage hideux de notre constitution et en accepter toutes les insalubrités diagonales sur la vie de la République.

La justice et la légalité

En cité, il faut absolument un peu de bon sens pour résoudre ce problème: tout ce qui est légal est-il juste ? Il est impérieux de faire preuve de discernement pour comprendre qu’aucune loi ne peut prescrire à un peuple et en toute circonstances ce qui vaut le mieux. Quand les prescriptions légales sont fausses, quand elles sont de l’émanation d’une minorité ou d’une manipulation pour garantir les intérêts d’un tiers ou encore quad elles tombent en désuétude, elles revêtent un caractère inique, arbitraire où le dégoût qu’elles diffusent incite la majorité à une insurrection de la conscience à changer l’ordre ancien.

Lorsque la loi n’est plus de l’assentiment de la collectivité nationale, lorsqu’elle constitue un danger pour l’harmonie, l’action citoyenne devient la force légitime de son redressement. Toutes les lois ne correspondent pas à l’esprit national, ni à celui de l’évolution des peuples encore moins, aux circonstances particulières.

De plus, même les lois bien prises peuvent subir l’effet des événements et du temps et cela suffit pour qu’elles ne servent plus à rien. La caducité de la loi survient quand le sens de l’histoire prend en pli de la souveraineté populaire qui transcende les motivations passées du groupe. Ainsi, il faut avoir le courage de changer les lois, de les rectifier dans le sens de la bonification et de la modernité conformément aux exigences et à la mentalité de responsabilité qui se préoccupe de l’éthique. Les retouches et les toilettages de hauteur sont les perches d’adaptation de la loi à des circonstances nouvelles.
Le droit qui se vide de son pouvoir d’ajustement heureux ne saurait construire l’équilibre pour être en phase avec les préoccupations ascendantes des citoyens. Il faut avoir le courage de sortir de l’embrigadement sec d’un juridisme puant aux fins de revitaliser la concorde civile qui est la fonction du droit.

Les Algériens légitimement défendent la crédibilité de leurs institutions qui ne peut s’apparenter à des avaries du droit au profit d’un collège de profiteurs qui abusent d’une invalidité du chef pour agir au nom du droit et de la Constitution. Quand on aime son pays et qu’on le pense à l’échelle des valeurs, la conviction de l’action incisive est la foi de responsabilité pour la réparation des égarements politiques. L’engagement de dignité commande le présent pour rebâtir l’espérance et l’avenir de la Nation. La puissance de redressement des républiques appartient au premier chef à la souveraineté du peuple, à sa solidarité. C’est en cela que Edouard HERRIOT dit dans son œuvre Agir: « Les nations ont le sort qu’elles se font. Rien d’heureux ne leur vient du hasard. Ceux qui les servent sont ceux qui développent leur force profonde »

L’exercice du droit et de l’équité conformément aux intérêts du peuple constitue l’ancre de grandeur des nations. La justice et l’équité remettent la République dans le sens du progrès et des rêves auxquels les citoyens majoritairement croient.

Honneur au peuple algérien, gloire à tous ceux qui, des casernes aux hameaux, de la ville à la campagne, ont allumé le pavé de la contestation contre une nausée de candidature de BOUTEFLIKA pour un cinquième mandat. Le monde entier salue la jeunesse algérienne, les intellectuels, les corps habillés, les femmes, les hommes, les vieux, les syndicats et les partis politiques de l’Opposition pour leur opiniâtreté à redonner du sens à la gouvernance et aux institutions
La légalité n’est rien du tout lorsqu’elle affaisse l’honneur national et brise la dynamique sociale qui sous-tend la fierté citoyenne. Rester esclave des lois iniques est une tragédie politique. Sous aucun prétexte, les citoyens ne doivent donner le moindre aval aux lois iniques ou celles qui tombent dans la caducité. « L’imposture de la loi »est d’une gravité à faire basculer les républiques dans des horreurs, parce que le naufrage collectif est dans l’inaction. Dans les grands moments de la vie des nations, c’est la transcendance des citoyens qui imprime un nouvel élan au contrat social. Les nations qui respirent leurs propres tombent sont celles qui manquent du sursaut novateur pour s’ouvrir de nouveaux horizons et faire grandir les citoyens dans le bonheur partagé des institutions de fierté.

L’art politique est un savant accommodement des circonstances et contingences pour défendre la légitimité et la légalité proprement indissociables pour garantir aux peuples l’expression de leurs aspirations. Nous adressons une mention spéciale à la maturité des forces de sécurité et de défense algériennes pour l’exemplarité de leurs actions lors de la fronde sociale contre un mandat de provocation des Algériens.

1) Ce que les Algériens apprennent aux Togolais

L’honneur d’un pays est du ressort de la puissance civile, militaire et des forces de sécurité. Le respect du citoyen, du simple qu’il est citoyen et libre de ses opinions, de le manifester sans entraves ni menaces est la hauteur de l’esprit national.

-Tous les abus d’autorité ou du pouvoir pour placer en situation d’esclave un peuple doivent être combattus dans les règles du droit de manifester et personne n’a le droit, sous des prétextes farfelus et grotesques, de renvoyer les peuples qui chauffent les pavés dans les zones périphériques de la capitale où des villes de l’intérieur
– Nous n’avons nulle part assisté à des passages à tabac des manifestants en érection de conscience contre le cinquième mandat de BOUTEFLIKA. Il faut en inférer que le citoyen est roi dans tous les pays tant qu’il agit dans les limites du droit, de la Constitution, c’est-à-dire, du contrat social dont le droit à manifester.

-La puissance civile ne peut pas être réprimée ni par des forces de sécurité et de défense encore moins, par des miliciens que M. YARK a l’audace aveugle de nommer « groupes d’auto-défense »

– Les mitraillades dans les tas de manifestants pour des traumatismes et pour faire inutilement des morts constituent des crimes de masse, des crimes contre l’humanité que les autorités algériennes ont intelligemment évités, quoiqu’il ait eu des arrestations et des blessés dans la conduite des événements.

– La contestation généralisée en Algérie n’a pas suscité d’attroupements de badauds sur l’itinéraire de la déferlante mobilisation où des citoyens voyeurs font la haie avec un air désintéressé de l’avenir de la République. Toute passivité aux heures troublantes de l’histoire des nations est une culpabilité monstrueuse et inexpiable.

– Le peuple algérien n’a pas non plus cédé aux intimidations pour laisser une lamelle de profiteurs à leurs rêves, à leur volonté de puissance. Le combat contre « l’imposture de la loi» se nourrit de conviction, de fermeté, d’engagement plantureux et âpre pour susciter l’espoir. Les songes juridiques en paravents de défense de l’absurde ne doivent pas inquiéter les peuples qui croient en eux et qui se battent pour la libération des ornières administratives
-Les lois iniques se combattent dans la pure tradition du civisme et du patriotisme pour la grandeur des peuples. Chaque cité a le devoir de se former et de s’élever contre la délinquance du droit. Comme l’écrit dans son Journal, André GIDE: « Le monde ne saura sauver, s’il peut l’être, que par des insoumis ».

Le soleil d’un peuple ne vient jamais d’un ailleurs. Il vient de la conscience de responsabilité et de la prise de risque du peuple lui-même par l’éthique de responsabilité qu’il cultive face à l’épreuve et au mauvais sens de son histoire. L’espérance collective n’a d’aboutissement que par la foi de l’engagement et la solidarité vivifiante qui reverdissent les touffes tranchées de la mobilisation.

Les réformes de l’Accord Politique Global (APG) ont été enterrées pour être biaisées sous la réclamation d’un peuple qui ne se dessaisit nullement de sa vigilance. Une Assemblée nationale nommée n’est pas au-dessus de la souveraineté populaire. Elle ne peut pas se parer d’une parodie de réformes qui abuserait de la patience de notre peuple. L’esprit national qui s’éduque à la vérité, à la justice et aux valeurs ne s’essouffle jamais sous la manipulation arrogante des pervers. Ce sont eux qui, de leur esprit de forfaiture, ont la peur au ventre. A nous de leur imposer la réflexion de NAPOLEON 1er, dans sa Lettre à Alexandre 1er, le 02 février 1808: « Il est de la sagesse et de la politique de faire ce que le destin ordonne et d’aller où la marche des événements nous conduit ».
 
source : L’Alternative
 

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