L’ancien patron d’Elf devait comparaître hier à Lomé pour une sombre affaire d’escroquerie internationale l’opposant à un affairiste des Émirats arabes unis.
L’ex-PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, symbole de la Françafrique, n’en a pas fini avec les démêlés judiciaires. Arrêté en Côte d’Ivoire en vertu d’un mandat d’arrêt international délivré par la justice togolaise, il a été extradé samedi vers Lomé, où il devait comparaître hier pour une sombre affaire d’escroquerie internationale portant sur 48?millions de dollars (36,5?millions d’euros) l’opposant à un affairiste émirien, Abbas El Youssef. «?M. Le Floch-Prigent est gardé à la gendarmerie. Je l’ai vu. Il n’a pas subi de mauvais traitements. Il sera présenté devant le juge ce matin, mais nous ne savons pas l’heure à laquelle il arrivera?», a déclaré à l’AFP son avocat à Lomé, Me Rustico Lawson-Banku, en insistant sur le mauvais état de santé de son client. Son avocat français, Me Patrick Klugman, dénonce de son côté le «?non-respect?» des règles d’extradition dans cette affaire. Selon la ligne de défense de l’ancien patron d’Elf, sa mise en cause serait «?politique?». «?Nous pensons qu’il se trouve l’otage d’enjeux internes au Togo qui le dépassent largement?», fait valoir Me Klugman. Son arrestation ferait suite à celle d’un ancien ministre togolais de l’administration territoriale, Pascal Bodjona, inculpé le 12?septembre. Les deux hommes serait au cœur d’une affaire d’escroquerie impliquant un affairiste togolais, Bertin Sow Agba, qui aurait soutiré 48?millions de dollars au riche émirien en lui faisant miroiter de juteuses spéculations sur la fortune de l’ex-dictateur ivoirien décédé, Robert Guéï, un pactole évalué à 275?millions de dollars et prétendument bloqué sur un compte au Togo. Selon les accusations d’Abbas El Youssef, Le Floch-Prigent aurait servi d’intermédiaire, voire de chef d’orchestre dans ces douteuses transactions.
Ses malversations financières à la tête du géant pétrolier français avaient déjà valu à Loïk Le Floch-Prigent une condamnation à cinq ans de prison par la justice française dans le cadre de l’affaire Elf en 2003. Après deux ans de détention, cet acteur des réseaux interlopes qui organisent le pillage des ressources en Afrique s’est mué en «?consultant?» dans le monde du pétrole.
Rosa Moussaoui
l’humanite.fr