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Le Conseil œcuménique des églises, à travers son initiative de lutte contre le VIH et le Sida en Afrique (EHAIA), a organisé du mardi au mercredi dernier un atelier sous-régional à Lomé, à l’intention des leaders religieux du Togo, du Bénin et du Burkina Faso autour des concepts de la masculinité, de la santé de reproduction, de la prévention à Vih et de la violence faite aux femmes.

 

Les responsables du Conseil œcuménique des églises qui vient à peine de tenir son assemblée générale du 30 octobre au 8 novembre dernier en Corée du Sud, au tour du thème : « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la Paix », disent avoir fait le constat que le Vih-Sida, les homosexuels, les professionnels de sexe, les violences faites aux femmes sont bel et bien des réalités existantes dans les communautés religieuses. « Nous avons voulu par cet atelier créer un dialogue entre les leaders religieux autour de ces thèmes », a déclaré à la clôture des travaux, Mme Ayoko Bahun-Wilson, Coordinatrice régionale d’EHAIA.

 

« La masculinité intervient pour interpeller les parents que l’éducation qu’ils donnent aux enfants en catégorisant les rôles (les garçons devant la télé, les filles à la cuisine) crée à la longue des situations de violence ; dès le bas-âge, il faut faire comprendre aux enfants filles comme garçons qu’ils sont tous égaux », explique Mme Bahun-Wilson. « Le fait de ne pas parler de sexualité dans les confessions religieuses constitue un facteur grave qui favorise la propagation au Vih-Sida, puisque dans la plupart des cas, le Vih se transmet par les relations sexuelles», rappelle la Coordinatrice régionale.

 

Au cours des travaux, les débats ont beaucoup porté sur les « populations clé », nom générique pour désigner le groupe des homosexuels, des professionnels de sexe, des drogués, des détenus, des routiers… qui ont en commun d’être souvent la cible de la stigmatisation du reste de la population. « Nous avons pensé aux populations clé parce que nous nous sommes dit que nous sommes tous créés à l’image de Dieu. Tout ce qui touche les populations clé touche la population en général. Elles font partie de nos églises, de nos mosquées, on adore le même Dieu, il faut qu’on les accompagne », estime Mme Bahun-Lawson.

 

Pour le pasteur Godson Lawson-Kpavuvu, Vice-Président de EHAIA, l’objectif du débat autour de ces cibles particulières est d’« aiguiser la conscience des responsables des communautés religieuses sur la réalité de l’existence des groupes homosexuels, de professionnels de sexe dans les églises et que ces groupes sont suffisamment sensibles et vulnérables et voir comment les églises peuvent s’organiser et accompagner ces groupes-là qui se retrouvent dans des situations de vulnérabilité grave au Vih ; comprendre leur souffrance et les aider à l’affronter et les référer au soin adéquat au besoin».

 

« Parmi ces minorités sexuelles, la prévalence est très élevée, par exemple 20% parmi les homosexuels au Togo et 17% parmi les professionnels de sexe ; la prise en charge efficace de ces communautés va sensiblement contribuer à la réduction de la propagation du Vih-Sida dans le pays », indique le conseiller psychosocial, Mathias Gboné, qui travaille avec ces groupes spécifiques.

 

Participant aux travaux, madame le pasteur Klo Kudzo Adjo, chef division femmes et enfants de l’Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo, reconnaît que « la violence faite aux femmes, qu’elle soit physique, verbale ou morale est une réalité dans le monde chrétien » et ajoute qu’ « elle ne fait jamais du bien ni à l’auteur ni à la victime », d’où la nécessité de la « combattre au sein de nos communautés ».

 

Du Burkina Faso, musulman, Adama Ouedraogo, reconnaît lui aussi l’existence de la violence faite aux femmes dans sa communauté religieuse et évoque même des « incompréhensions et une différence d’interprétation autour du traitement réservé aux femmes au sein de la religion musulmane qui varie en fonction même des régions ouvertes. Par exemple, l’Arabie Saoudite applique la charia à ceux qui sont baptisés musulmas pendant que le Soudan l’impose à tout le monde. Et pourtant, il n’y a pas une disposition du Coran qui positionne la femme à une place dérisoire dans la société ».

 
Maxime DOMEGNI
 
 

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