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Le Centre hospitalier régional Lomé-Commune est le centre d’accueil par excellence par ce temps de coronavirus qui roule les mécaniques au Togo. Non content de sévir dans les autres pays du globe, ce virus à couronne continue de se propager en terre togolaise.

Prises au dépourvu, les autorités togolaises, elles, ont été bien obligées de se rabattre sur cette clinique construite dans les années 1920, mais qui est délaissée au fil du temps par les mêmes autorités. Aujourd’hui, elles jettent leurs dernières forces dans la bataille qui les oppose à cette pandémie, en dotant du mieux qu’elles peuvent un établissement sanitaire qui n’est jusqu’ici que l’ombre de lui-même. Résultat d’une gouvernance chaotique sur fond de mépris populaire.

Inconséquence politique

Depuis l’arrivée du coronavirus au Togo, le gouvernement est à pied d’œuvre pour faire traiter ce mal dans ledit centre. Jusque-là, personne n’aurait miser un kopeck sur ce centre laissé pour compte, mais il a fallu l’irruption de cette maladie dont les puissants en sont encore à chercher par quel bout le prendre, pour faire sortir les dirigeants de leur hibernation quant à l’équipement du centre hôte.

La triste réalité est que le centre qui a accueilli ses premiers patients avait tout d’un taudis : zéro dispositif de sécurité à l’entrée du bâtiment, aucune désinfection avant installation des malades, pas d’eau, l’état des toilettes et douches sont à vomir, des chambres, non climatisées, rares visites du personnel soignant, pas de glucomètre, pas de radio… S’il faut égrener les tares de ce centre rattaché en 1963 au Centre hospitalier universitaire de Tokoin (CHU-Tokoin), devenant ainsi son annexe, nous n’en finirions pas. Une levée de boucliers a suffi pour que les autorités commencent enfin à se grouiller. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir bénéficié d’un cadre digne de ce nom dans le temps, car pour être à la fois accueillant et confortable, le centre hospitalier régional de Lomé-Commune l’est. Avant que les choses n’empirassent, ses missions consistaient en l’accueil et traitement des malades, l’enseignement et la recherche en science de la santé.

Avec un plateau technique d’une capacité théorique de 150 lits, il disposait de soins préventifs, curatifs et promotionnels, et des divers services y sont effectués, de la médecine générale à la chirurgie, de la pédiatrie au service de rééducation fonctionnelle, pour ne citer qu’eux. C’est dire si cette structure a été plus ou moins opérationnelle sur au moins dix années. Beaucoup estiment que des analyses s’y font normalement et le traitement est des plus souples, soulageant en fait de dépense les citoyens qui peuvent au moins s’offrir ses services. Mais de tous ces acquis, il n’est resté qu’une épave. Ce virus aura eu au moins le mérite d’étaler la mauvaise foi et la mal gouvernance de nos autorités qui ont laissé pourrir cet établissement, alors même que les patients s’y font traiter. Aujourd’hui, on assiste à la rénovation du centre, mais que faisait l’Etat durant tout ce temps lorsque l’état de l’hôpital était sens dessus dessous, et où, fait surprenant, des citoyens s’y font traiter malgré la défectuosité du centré due à l’indifférence chronique des dirigeants ? Ces derniers seraient donc des moins que rien qui ne méritent pas qu’on en prenne soin ? Cet état de chose témoigne de l’inconséquence politique, marque de fabrique des Gnassingbé qui n’entrent pas en lice avant d’avoir vu le pire.

Logés à la même enseigne

Il va sans dire que la perspective d’un voyage à l’étranger ne sera guère plus possible pour nos chers dirigeants du moment qu’aucun voyage n’est plus permis. Pour un bobo, nos dirigeants n’hésitaient pas à se mettre à bord d’un avion pour aller se faire traiter à l’étranger, et encore aux frais du contribuable. Et pendant qu’ils s’adonnent à cette vadrouille malodorante, les hôpitaux souffrent d’un manque criard de matériel adéquat, corollaire de mort gratuite des pauvres citoyens qui paient le lourd tribut. Aujourd’hui, les donnes ont changé, et on se demande, à Dieu ne plaise, ce qu’il en serait si jamais les membres du gouvernement eux-mêmes sont atteints d’un mal grave. N’ayant rien fait en amont, où iront-ils se faire soigner, si ce n’est au pays qu’ils ont eux-mêmes si bien snobé ? Beaucoup se sont vantés de ne jamais se soigner au pays.

Ironie du sort, ils seront obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Dire que citoyens et dirigeants sont tous logés à la même enseigne est plus qu’une évidence. Et tel Claude Frollo suspendu sur l’abîme (Notre-Dama de Paris, Victor Hugo), les voilà qui se cramponnent à ce qui reste d’hôpital dans un pays où le système sanitaire n’a de santé que la coquille. C’est fort pitoyable que les autorités aient laissé les choses en arriver là. On ne peut trouver pire gouvernance en ce vingt-et-unième siècle

Source : Le Correcteur

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