Le président ivoirien déchu, Laurent Gbagbo, a été entendu samedi 7 mai pour la première fois par la justice, en l’absence de ses avocats français, refoulés la veille à l’aéroport d’Abidjan, faute de visas en règle.
 
Cette audition repoussée plusieurs fois ,a donc eu lieu dans le nord du pays Korhogo , où le président déchu est en  résidence surveillée , en présence du procureur de la république et du médecin personnel de Laurent GBAGBO ; au lendemain de la prestation de serment d’Alassane Ouattara,où il a promis « justice et réconciliation ».
 
Les avocats français, Mes Jacques Vergès et Marcel Ceccaldi de l’ancien chef d’état ,n’ont pas pu assister leur client.Ils ont été refoulés vendredi à leur arrivée à l’aéroport d’Abidjan. Ils possédaient des visas qui  n’étaient pas en règle . « C’est donc pour cela qu’ils ont voulu nous empêcher de venir. La manipulation est évidente », a réagi Marcel Ceccaldi, qui veut saisir la Commission des droits de l’homme des Nations unies.
 
« D’un côté, on annonce la création d’une Commission vérité et réconciliation et de l’autre on engage des poursuites contre le président. Cela va accentuer les lignes de cassure à l’intérieur du pays », a-t-il jugé. Mes Vergès et Ceccaldi comptent se rendre lundi à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris pour demander un visa. Pour les défenseurs de l’ancien président, la loi ivoirienne prévoit que l’audition ne peut avoir lieu si M. Gbagbo exige la présence de ses avocats.
 
Vendredi soir, le procureur de la République  avait toutefois souligné que « la présence des avocats, si elle est souhaitable, n’est pas obligatoire ». Laurent Gbagbo était entendu dans le cadre d’une enquête préliminaire portant sur la crise née de la contestation du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, au cours de laquelle 3 000 personnes ont trouvé la mort, selon les autorités.
 
Des accusations d’exactions, de concussion et d’appels à la haine pèsent contre M. Gbagbo, qui avait refusé de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara et a été arrêté à l’issue de quinze jours de combats le 11 avril dans la résidence présidentielle à Abidjan.
 
« Nous avons exclu ce qui relève de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), comme les crimes contre l’humanité », avait précisé le ministre de la justice ivoirien. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo , a indiqué mardi que ses services préparaient une demande au tribunal pour ouvrir une enquête concernant des massacres commis en Côte d’Ivoire.
 
Le procureur de la République a précisé qu’il allait poursuivre ses auditions en entendant l’ex-première dame. Outre l’ancien président et son épouse, quelques 200 personnalités de l’ancien régime, assignées à résidence à travers le pays, doivent aussi être entendues.