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Jean-Pierre Fabre croyait sans doute avoir joué son rôle de leader de l’opposition, à l’occasion de la célébration du 5e anniversaire de la création de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), en appelant toutes les composantes de l’opposition à resserrer les liens afin d’affronter efficacement le pouvoir en place. Surtout dans le contexte où le parti était sous le feu des projecteurs, avec la déclaration de guerre d’Isabelle Ameganvi aux délégués (sic) du pouvoir au sein de l’opposition. Mais l’accueil réservé à cet appel par les camarades (sic), les mêmes qui crient de temps en temps à l’union de l’opposition laisse à désirer. Ce qui prouve une fois de plus que l’œcuménisme politique de l’opposition voulue n’est pas pour demain.
 
Jean-Pierre Fabre appelle l’opposition à resserrer les rangs  
 
Le leader de l’Anc était très attendu, dans le cadre de la célébration du 5e anniversaire de la création de son parti. C’est l’une des premières fois qu’il devrait rompre le silence, après ce qu’il conviendrait d’appeler la déclaration de guerre de sa 2e Vice-présidente, Mme Isabelle Ameganvi, aux opposants à deux têtes. Et l’homme n’a pas raté le coche, comme on pouvait le redouter. Pour lui, c’est ensemble que l’opposition peut venir à bout du régime maléfique en place.
 
« A mes amis de l’opposition, resserrons les rangs pour combattre le pouvoir en place, parce que ce n’est pas seulement une affaire de Jean-Pierre Fabre, mais de tout le monde », a-t-il déclaré, dans son message aux militants à cette occasion. Il croit dur comme fer qu’ainsi, l’opposition ne mettra « pas beaucoup de temps à les ( Ndlr, les gouvernants) faire partir ». Une sortie que certains ont cru voir comme un désaveu de sa Vice-présidente. Qu’à cela ne tienne, il a le mérite de prendre de la hauteur et surprendre son monde. Fabre a de nouveau profité de l’occasion pour en appeler à la mobilisation du peuple togolais, seul capable de changer son destin.
 
L’un des reproches souvent faits, à tort ou à raison, à Jean-Pierre Fabre, c’est de ne pas être rassembleur. Pour une fois, il l’a été, et surtout a joué son rôle de leader de l’opposition – l’évocation de ce titre a sans doute créé encore des démangeaisons intellectuelles chez certains -, et on devrait s’attendre à ce que cette exhortation lui vale des lauriers. Mais en lieu et place, c’est plutôt une volée de bois vert qu’elle lui suscite chez certains. Petit tour d’horizon.
 
Un appel presque rejeté par les camarades
 
Au Front patriotique pour la démocratie (Fpd), on n’y voit qu’une simple forme de communication politique, et rien de sérieux. Pour son président Djimon Oré, « la nouvelle donne politique du Togo n’a rien à avoir avec de pareilles formules tout simplement parce que le Togo n’est pas encore dans une vraie démocratie, à l’instar des pays comme le Sénégal, le Ghana et autres ». Comme chanté depuis un moment, il remet le morceau de la transition politique. « Il faut d’abord, avant toute alliance d’ordre électoraliste, penser à aller à une période transitoire au cours de laquelle les vrais problèmes et les vraies questions, à savoir comment asseoir les fondamentaux de la démocratie, comment réconcilier le peuple togolais avec lui-même, comment poser les bases du développement harmonieux du pays, seront débattus », a-t-il ressassé.
 
Tout en reconnaissant l’opportunité de l’appel de Jean-Pierre Fabre, car intervenant en marge de la célébration des 25 ans du soulèvement populaire du 5 octobre 1990, Agbéyomé Kodjo, l’opposant certifié ISO 22 000 le trouve tout de même tardif. Le patron de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts) qui n’a de cesse de crier à l’union lorsqu’il débarque sur les médias et qui déclarait encore dernièrement à l’occasion de la convention des femmes Obuts : « J’ai besoin de tout le monde et le peuple togolais attend aujourd’hui qu’on puisse apporter des réponses concrètes à ses besoins » et chanté  ne pas être intéressé par « la guerre de personnes », pose une condition. «Nous attendons de voir la déclination politique qui suivra cette déclaration afin de mieux nous prononcer sur l’opportunité de notre participation à cette nouvelle tentative de l’union de l’opposition », a-t-il précisé dans des propos relayés par un journal de la place.
 
On le connaît, Abass Kaboua. Pour le patron du Mouvement des républicains centristes (Mrc), cette exhortation ne vaut même pas un pet de lapin. Et comme il fallait s’y attendre, il s’en est pris à la personne même de Jean-Pierre Fabre. « Je crois que Jean-Pierre Fabre a un problème de vision et de compréhension des termes qu’il utilise lui-même. Il ne fait pas un travail à la base. Voilà quelqu’un qui a délibérément cassé l’opposition, qui revient à la charge pour lancer un appel à la mobilisation générale des forces démocratiques », a-t-il dégoté, trouvant le leader de l’opposition « totalement disqualifié pour être à l’avant-garde de quelque combat que ce soit lié au devenir de ce pays ».
 
Il ne reste visiblement que les dignitaires du parti des déshérités de la République autonome de Yoto – suivez nos regards – pour que la coupe ne soit pleine pour Fabre. Ils ne vont sans doute pas accueillir cet appel favorablement. Connaissant leur haine génétique pour l’homme, pas sûr qu’ils prennent même le temps de le commenter, même si entre-temps leur ambassadeur plénipotentiaire à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) – suivez encore les regards – laissait croire, dans un débat télévisé, à un semblant de réconciliation.
 
Impossible œcuménisme de l’opposition
 
« Mais que veulent au juste les opposants ? ». Cette réaction de dépit eue par un compatriote est suffisamment représentative des ressentiments des Togolais. C’est assez curieux qu’une exhortation aussi responsable reçoive un tel accueil de la part des pseudos leaders de l’opposition qui se réclament les chantres de l’union et crient à tue-tête lutter pour la cause du peuple. Pour beaucoup d’observateurs, ce n’est que la confirmation de l’impossibilité de ce qu’on appelle l’œcuménisme politique au Togo, c’est-à-dire l’union de l’opposition. En tout cas, le quasi-rejet de cet appel suscite la désolation chez des concitoyens.
 
« Vraiment, on ne comprend plus rien. Ce n’est pas Abass Kaboua qui, il y a une dizaine de jours, prônait l’union de l’opposition dans une émission? Et comment Djimon Oré lui, prétend arracher une transition? On va à une transition comme ça, sans au préalable constituer une force contraignant le pouvoir en place? », réagit un compatriote sur la toile. « Union de l’opposition ou pas, c’est un débat dépassé. La population doit pouvoir discerner et reconnaitre le bon ou le moindre mal », dit un autre. Même son de cloche chez un autre :  « L’union de l’opposition est une bonne blague que lance le régime dictatorial des Gnassingbé pour justifier ses forfaitures et son désir de s’éterniser au pouvoir. Remarquez que ce sont les suppôts de la dictature qui sont les chantres de cette plaisanterie. Les journalistes du Rpt/Unir sont mis à contribution pour emballer les naïfs en clamant : « Oui, il suffit que l’opposition soit unie pour renverser le régime ». Même Republicoftogo prêche l’union de l’opposition. Depuis quand une dictature sert sur un plateau d’or à son opposition la recette pour la renverser ?». Pour certains mêmes, le problème du Togo est spirituel : « Le problème du Togo est plus spirituel qu’organisationnel. Il faut trouver un homme oint de Dieu pour délivrer le Togo. Tous les démons africains ont élu domicile au Togo. Car le premier coup d’Etat sanglant a eu lieu au Togo, le coup d’Etat contre la transition en Afrique a eu lieu premièrement au Togo,  le changement de la Constitution a lieu au Togo premièrement. Celui qui veut délivrer le Togo doit s’appuyer sur Dieu complètement ».
 
Tino Kossi
 
source : Liberté Togo
 

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