La révolution semble avoir libéré la pratique religieuse en Egypte, suggère l’hebdomadaire égyptien Al-Ahram. Depuis le 25 janvier, les observateurs étrangers s’interrogent sur la place de l’islam dans la révolution et notamment ses dérives intégristes.
 
Les Tarawih, prières collectives qui font partie des cinq piliers de l’islam, sont de nouveau autorisées depuis la chute du président Moubarak. Ces prières surérogatoires (supplémentaires) du soir, qui ont lieu pendant le ramadan favorisent le rassemblement des Egyptiens qui expérimentent tout juste leur nouvelle liberté. Selon Al-Ahram, les mosquées n’arriveraient même plus à contenir l’affluence du mois de jeûne.
 
Pour un pays dont la population est à 90% musulmane et où l’islam est la religion d’Etat, la pratique du culte y était étroitement contrôlée. Le régime Moubarak avait instauré un Etat policier pour contrer l’intégrisme religieux et la présence politique de groupes tels que les Frères musulmans.
 
La surveillance des mosquées, lieux de réunion ou de débats éventuels était un élément clé du système de vigilance sous Moubarak. Comme le relate Al-Ahram, les mosquées n’étaient ouvertes qu’aux heures de prière et les prêches envoyés directement par le ministère des Affaires religieuses. Cela n’a pas pourtant pas empêché les manifestants de la place Tahrir de s’emparer des lieux de culte pendant la révolution, en février.
 
Quant aux imams, leur sort est plus ambigu. Certains, exclus jusqu’ici par le service de sécurité d’Etat sous Moubarak qui se réservait le droit de choisir les imams dans les mosquées, réussissent aujourd’hui à se réintégrer dans la société égyptienne. D’autres profitent de cette nouvelle liberté pour faire de la propagande politique —une des dérives de cette progressive «politisation des mosquées».
 
Alors que le pays débat de la place de la religion à donner dans la future Constitution, les mosquées sont bel et bien devenues, pendant le mois saint, un endroit privilégié pour se recueillir et débattre.
 
source : slateafrique