Toute chose égale par ailleurs, dit-on. Au moment où les ministres Nandja, Gnofam et d’autres barons se faisaient humilier dans la Préfecture de Bassar, la ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Ibrahima Mémounatou, n’a eu que ses yeux pour pleurer la semaine dernière devant la centaine d’étudiants originaires de Dankpen et la grande foule. Ils ont été transportés depuis Kara sur Guérin Kouka pour être corrompus et manipulés. Contrairement à leurs camarades de Bassar qui se sont vu distribuer 1 000 FCFA chacun, la ministre des Affaires sociales aurait augmenté la mise : 9 000 FCFA par étudiant et 2 000 FCFA chacun pour le reste de la foule.
Malgré ces efforts sans compter les frais de location de bus et les divers, la star des inondations aurait été pompeusement savonnée par les étudiants. D’après des témoins, ses larmes ont tellement débordé qu’on se croirait déjà en pleine saison pluvieuse. Et certains ont cru revivre les grandes inondations cauchemardesques de 2008. Il a fallu l’intervention de certains de ses proches pour l’éloigner des lieux du meeting et lui faire sécher les larmes. Elle est téméraire en plus, car après les étudiants, elle va se confronter au corps enseignant. Les enseignants au Togo sont reconnus pour leur complicité dans les différentes magouilles électorales à travers l’association GRAP dont le Major à la retraite Kouloun est le président d’honneur. Mais aujourd’hui, chacun commence à prendre conscience des fautes commises. L’heure de la vérité a peut-être sonné.
Il est aussi temps que les partisans de la vieille méthode comprennent que la mentalité du peuple a beaucoup évolué ces dernières années. Tout le monde sait aujourd’hui que les vivres, les non vivres et l’argent distribués ci et là par les « RPTistes » appartiennent au peuple. La leçon enseignée par le Franco-togolais Kofi Yamgnane lors de ses tournées de proximité en précampagne, est bien assimilée jusque dans les hameaux. «Lorsqu’ils viennent vous donner de l’argent et des biens, ne refusez pas, car tout ça vous appartient. Mais ne les suivez pas et surtout ne votez pas pour eux », disait-il.
La stratégie de diversion, de distraction, de diviser pour régner et le tribalisme longtemps utilisés par le RPT, connaissent désormais leurs limites. Même si le fait d’accepter ses cadeaux empoisonnés suscite des indignations et doit être combattu par l’ensemble des Togolais, il faut toujours avoir à l’esprit que rien au monde ne doit détourner les citoyens de leur conviction.
Selon les informations, ce n’est pas la première fois que la ministre de l’Action sociale subit ces genres d’humiliation. Lorsque Mme Ibrahima Meimounatou s’était rendue à l’évidence de la raclée qu’a subie son parti le RPT face à la percée du FRAC dans la soirée du 4 mars 2010, elle n’avait pas pu contenir ses larmes devant la grande foule. Il y a trois mois, lors de sa tournée de sensibilisation pour la création du nouveau parti du Prince, Mme la ministre aurait fait cavalière seule. Car depuis un long moment, le torchon brûle entre les mal élus de Dankpen et les candidats potentiels pour 2012. Les services des taxis-motos de la localité qu’elle aurait loués pour charger les adversaires et concurrents au RPT, se seraient retournés contre elle. Après avoir exécuté la basse besogne, le responsable des taxis-motos aurait jeté dans la figure de la ministre: « Meimounatou, avant votre intrusion en politique dans cette région, les peuples vivaient en harmonie. On ne distinguait pas les Haoussas des autochtones. Vous êtes venue nous diviser … ». Ce revirement de la situation aurait fait fondre une fois de plus Mme Ibrahima Meimounatou en larmes.
B. Douligna
source : liberté hebdo Togo