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L’homme a une obsession: être présent là où il y a un pouvoir à exercer et de l’argent à gagner. Il n’hésite pas, pour aboutir à ses fins, à mentir à lui-même. Changeant, inconstant, versatile, Mensah Agbéyomé Kodjo est devenu l’icône des faux bonds dans la politique togolaise. Une girouette politique. Capable, sans scrupules, de piocher dans tous les râteliers.
 
En juin 2002 Il avait écrit: « il est temps d’esperer », un pamphlet d’une rare aigreur contre le RPT. Depuis 2010, dans les rangs de l’opposition, il chauffait à blanc les foules qu’il harangait avec son slogan “Faure Agban Agbodji”. Un chef de l’Etat qu’il était allé jusqu’à traiter de délinquant. Aujourd’hui, on le revoit dans l’entourage du même président. Agbéyomé aime-t-il à prendre un peu dans tous les systèmes? Quelle crédibilité pour quelqu’un qui se met au-dessus des bienséances, ignorant que dans la vie, on est mousquetaire ou abbé, mais pas l’un et l’autre à la fois. Paria ou renégat ou les deux à la fois?
 
Là où le leader du parti OBUTS devient suspect, c’est lorsque quelques temps avant de s’afficher avec celui qui ne l’a pas encore blanchi publiquement des crimes qui lui étaient reprochés, il s’est beaucoup acharné sur son homologue de l’ANC qu’il a couvert d’insultes, lui déniant le statut de chef de file de l’opposition. L’usufruit de cette cabale contre le chef de file de l’opposition après la volte-face de la présidentielle d’avril 2015, est l’incorporation de Agbéyomé Kodjo dans la délégation du dictateur allé nocer à Milan sous le fallacieux prétexte de la journée du Togo à l’occasion de l’exposition universelle. Est-il de bon escient à Agbéyomé Kodjo de faire partie de cette délégation du président, un président qui ne l’a pas encore blanchi publiquement des crimes qui lui étaient reprochés et pour lesquels des gendarmes avaient traité l’ancien président de l’Assemblée nationale, un ancien premier ministre de la République, avec mépris et violence? L’homme d’état dont se prévaut Gabriel Mensah pour justifier son acte, c’est aussi celui qui sait dire NON quand ce n’est pas bon. Il faut vraiment être un paria, ou alors faire preuve d’un manque effarant de principe, de personnalité et de dignité pour avaler de si grosses couleuvres.
 
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A l’entendre, c’est à croire qu’Agbéyomé est devenu un opposant à l’opposition plutôt qu’au régime de Faure Gnassingbé chez qui, subitement, il ne trouve plus aucun mal à dénoncer. Etait-il en mission d’espionnage et de diabolisation de l’opposition lorsqu’il osait encore se réclamer de cette large frange de la population togolaise qui lutte pour la fin de la dictature des Gnassingbé? Ou bien initie-t-il ses vulgaires assauts contre le candidat de CAP2015 dans le seul but d’obtenir quelques gestes de sympathie ou quelques subsides auprès du pouvoir semi-séculaire ? On n’a pas besoin d’être membre de l’ANC ou d’être un partisan du CAP2015 pour être horrifié de cette attitude infamante un peu à la limite de la haine pure et simple à l’encontre de quelqu’un qui hier encore était son “camarade de lutte”. En définitive, Agbéyomé Kodjo s’était mis dans une logique versatile d’un renégat, et sans raison valable, à déshabiller Jean Pierre Fabre pour habiller Faure Gnassingbé.
 
Difficile pour le commun des Togolais doté du bon sens d’accepter que de grands gaillards qui se veulent en plus des leaders d’opinion aient ces comportements de vulgaire politicien alimentaire, qui, telle des girouettes se positionnent dans la direction du vent pour gagner de l’air. La présence de l’auteur du slogan “Agban Agbodji” dans l’avion du président n’a fait que confirmer les soupçons de taupe qui le suivaient partout. Il a beau rassembler et citer des cas en exemple, (Sarkozy aux funérailles de Mandela avec François Hollande), il a beau faire des démonstrations aussi saugrenues que lumineuses, il ne peut plus se relever du trou dans lequel l’ont plongés son propre comportement et ses actes. L’expérience a prouvé que lorsqu’un politicien, dans sa quête effrénée d’intérêts et d’honneurs, va et vient, monte et descend en se servant dans tous les râteliers, il perd de sa quote de popularité. C’est dire si Agbéyomé en avait une, qu’aujourd’hui, avec son volte-face, il ne représente plus rien aux yeux du peuple togolais. Pour l’opinion, il n’est pas mieux qu’une feuille morte: popularité inférieure à zéro pourcent (0%). A cause de ses va-et-vient de transhumant, son avenir politique, se trouve désormais dans le passé. Après son dernier saut acrobatique de traitre impénitent, il ne peut plus se réaliser ni au RPT/UNIR ni dans l’opposition.
 
C’est le moment peut être, pour cette opposition, de descendre les pieds sur terre, de juger à leur juste valeur les forces et faiblesses de chacun et, sans artifice, s’organiser en vue de s’entendre une fois pour de bon sur une nouvelle ligne, sur un choix judicieux des hommes et femmes qui vont incarner cette ligne refondatrice. Ces hommes doivent avoir tout à offrir et rien à demander en retour. Des gens convaincus, qui ont une vision du futur, de fins stratèges, des démolisseurs de dictature capables aussi de prouver qu’ils savent construire. Des durs à cuire qui savent prendre leurs distances vis-à-vis de l’argent. Somme toute, des hommes et des femmes ingénieux capables de deux œuvres principales: RASSEMBLER et RASSURER.
 
Ces critères, compte tenu des expériences vécues et des peines que lui fait subir le pouvoir dictatorial, la nouvelle opposition ne peut pas se permettre de les balayer tous d’un revers de main et continuer à fonctionner sur des abrégés, des arguments à courte vue, les mêmes qui la portent à se focaliser, comme cela se voit, sur des élections sans lendemain en laissant de côté le plus important qui est le règlement des élections au Togo. A défaut de ce travail de fourmi qui suppose une remise en cause de tout un chacun sans exception, une introspection en profondeur, on peut craindre que les meilleures alliées de cette opposition, la sympathie et la générosité du public d’ailleurs en constant recul, s’éloignent d’elle et la quittent définitivement. Ce sera alors un retour pur et simple à une gouvernance de parti unique.
 
L’opposition ne peut pas résoudre ses problèmes avec les mêmes idées, les mêmes stratégies qu’elle utilise aujourd’hui. Il lui faut innover et faire le tri. Les taupes et les espions doivent être dénichés. Sans cela, les parias ont encore de beaux jours pour rouler dans la farine toute une nation au profit de la dictature familiale semi-séculaire. Avouons-le, ces dernières années, taupes et espions sont allés s’illustrer au sein des opposants à la dictature. Le seul mérite de la présidentielle d’avril 2015 est de les avoir mis à nu.
 
Source : [24/08/2015] Kodjo Epou, Washington DC, USA
 

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