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Thèse : Le seul chemin pour que Jean-Pierre Fabre arrive au pouvoir passe par un détour. En réalité, l’affirmation selon laquelle Jean-Pierre Fabre est le candidat le plus populaire au Togo ne souffre d’aucun doute. Ainsi, en cas d’élection libre et transparente, il serait aisément élu comme président du Togo comme il le fut d’ailleurs en 2010.
 
Cependant pour que Jean-Pierre Fabre devienne président, il aura besoin en dehors de sa popularité d’une qualité qui lui manque jusqu’à ce jour : L’habileté politique. Un exemple. Après les dernières législatives volées par le régime RPT, un leader habile devrait s’atteler à autre chose. Mais Jean-Pierre Fabre monta aux créneaux pour affirmer qu’il est devenu le leader de l’opposition et que tous les autres partis devraient s’aligner derrière lui.
 
Est-il encore nécessaire de rappeler que le CST à rejeté les résultats proclamés par la CENI du RPT ? Toute personne cultivée en politique irait vers les autres partis pour leur demander ce qu’il y à faire pour la suite de la lutte. Ce qui est encore plus grave c’est que l’ANC s’est présentée aux élections sous la bannière du CST, donc a bénéficié du soutien des autres partis. Gilchrist Olympio de l’UFC fut pendant des décennies le leader incontestable de l’opposition. Qu’est-ce que cela a apporté au Togo ? Le but de la lutte c’est de déterminer le leader de l’opposition ? Ou bien c’est d’opérer un changement politique au Togo ?
 
Après 23 ans de luttes infructueuses, on a beaucoup plus besoin de pragmatisme que de populisme néfaste. En effet, tous les Togolais connaissent le rôle que joue l’armée dans le processus de démocratisation de notre patrie. Cette armée n’est pas prête à accepter Jean-Pierre Fabre comme le président du Togo. Pourquoi ? Me demandera t-on. Justement à cause des erreurs de langages commises qui ne rassurent pas les hauts gradés de l’armée. Devenu président de l’ANC, il fallait corriger toutes ces erreurs dans le but de rassurer l’armée. Cette armée ayant un poids non négligeable dans la vie politique du Togo, il aurait été judicieux de l’approcher avec des propositions aussi concrètes que rassurantes. Mais l’habileté politique nécessaire à ce travail n’y est pas mise.
 
Alors, si Jean-Pierre aimerait devenir président au Togo, il n’a qu’un seul chemin à prendre : Il doit chercher un candidat acceptable aussi bien à l’armée qu’au peuple togolais. De préférence qu’il soit du Nord. Celui-là devrait dans un premier temps remplacer Faure Gnassingbé et faire ensuite une élection présidentielle transparente et démocratique pour consacrer Jean-Pierre comme président du Togo.
 
La première dimension du travail à faire : Jean-Pierre Fabre présentera la personne en question comme le candidat de l’opposition contre Faure Gnassingbé aux élections de 2015. Toute l’opposition avec Jean-Pierre devrait faire accepter au peuple cette personne en question. Deuxième dimension : Le candidat doit avoir un plan bien défini pour rassurer l’armée. Il s’agit en grosso modo de l’armistice pour ceux d’entre eux qui sont trempés dans des crimes de tous genres. Ensuite de leur liberté de vivre en toute quiétude au Togo après le changement. En fin, de l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie.
 
Troisième dimension : Il devrait aussi faire un travail au près des décideurs mondiaux pour les rassurer que leurs intérêts au Togo seraient maintenus lorsqu’il sera aux commandes du pays. Au cas échéant, il faudra chercher d’autres partenaires et leur faire des propositions de contrats gagnant-gagnant (win-win contracts).
 
Après le changement, les réformes institutionnelles et constitutionnelles seront opérées par le gouvernement de technocrates. Après le premier mandat de ce candidat, Jean-Pierre Fabre pourra gagner les élections présidentielles. Pour y arriver, il doit chercher le contact avec les Togolais de la diaspora qui ont ce dont il a besoin. Là, il lui faudra beaucoup d’humilité pour avancer. Mais comme Gilchrist Olympio, Jean-Pierre Fabre risque de ne jamais devenir président s’il place son ambition personnelle devant la libération du Togo.
 
Romaricson Alognon, Politologue
 
 

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