L’homme d’affaire franco-espagnol Jacques Dupuydaudy vient d’être condamné par la justice togolaise à plusieurs peines de prison qui totalisent 17 ans d’incarcération. Plusieurs proches de l’homme d’affaires, dont son fils Vianney, écopent de peines allant de 1 à 10 ans de prison. Ils étaient poursuivis pour fraude fiscale. C’est le dernier en date des rebondissements dans le violent conflit commercial qui oppose Jacques Dupuydaudy à Vincent Bolloré. Un conflit qui n’est pas circonscrit au Togo.
 
Du Togo au Cameroun en passant par le Gabon, l’écho de l’affrontement entre les groupes Bolloré et Dupuydaudy résonne dans toute l’Afrique portuaire.
 
Les deux groupes et les deux hommes, jadis associés, se sont longtemps disputés le contrôle des ports de Lomé, d’Owendo à Libreville, de Douala. Aujourd’hui, la bataille économique est terminée. Bolloré l’a emporté haut la main. Ne reste plus de cette histoire qui a nourrit les gazettes et les avocats que l’écume judiciaire.
 
De condamnations de première instance en appel puis en cassation, Jacques Dupuydaudy ne lâche pas le morceau. Il ne digèrera jamais de s’être fait évincer des ports ouest-africains et d’avoir dû quitter le Togo à bord d’un avion privé au mois de mai 2009 alors qu’un mandat d’arrêt international venait d’être délivré à son encontre ainsi qu’à celle de son fils par la justice togolaise.
 
Pendant longtemps pourtant, l’homme d’affaire franco-espagnol avait pourtant été un intime du président Edyadéma. Vincent Bolloré le recrute pour avoir ses entrées à Lomé. Les deux hommes s’associent. Mais Dupuydaudy voit trop grand pour le port togolais. Ses ambitions menacent les autres investissements de Bolloré dans les ports de la région. C’est la rupture et le début de la guerre sans limite que se livrent les deux hommes.
 
Les détails des condamnations dans l’affaire Jacques Dupuydaudy
 
L’affaire remonte à 2009, alors que Jacques Dupuydaudy dirigeait deux grandes sociétés de manutention au port autonome de Lomé. Elle fait suite à deux plaintes déposées contre lui. La première, de l’État togolais qui l’accuse de fraude fiscale et de complicité de fraude. La seconde, du groupe Bolloré, pour escroquerie. De source judiciaire l’affaire était en cours devant les tribunaux, et a été plusieurs fois renvoyée. Le 7 septembre dernier, le tribunal de première instance de Lomé a condamné par contumace Jacques Dupuydaudy à 20 ans de prison et le versement d’un peu plus de 11 milliards de francs CFA pour impôts et taxes, 20 autres milliards pour dommages et intérêts. Les autres collaborateurs de Jacques Dupuydaudy, parmi lesquels son fils Vianney, écopent entre un et dix ans. A Lomé, les avocats de Jacques Dupuydaudy se disent surpris par le jugement parce qu’estiment-ils, « il n’y a jamais eu de débat dans cette affaire ».
 
source : RFI