isabelle_ameganvi_27avril2013
 
Le Collectif « sauvons le Togo » a commémoré samedi le 53e anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale dans le recueillement à la plage baptisée du « Changement » à Lomé où militants et sympathisants de ce regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile se sont retrouvés pour rompre le pain. « Cette fête de l’indépendance se passe dans le recueillement et dans la tristesse à cause des évènements douloureux qu’a connus le pays ces derniers temps », a confié Me Isabelle Améganvi, à l’Agence Afreepress dans une interview dont voici l’intégralité du contenu.
 
 

Me AMEGANVI: La bonne voie dont parle Faure GNASSINGBE n’est qu’une provocation de plus[27/04/2013]
 
 
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Afreepress : Bonjour Me Isabelle Améganvi, le Togo fête ses 53 ans d’indépendance et vous n’avez pas la mine des grands jours. Pourquoi cela ?
 
Isabelle Améganvi : Oui, ce n’est pas moi seule qui suis triste, mais je crois que c’est tout le peuple togolais qui est triste et qui a fêté ce 27 avril, la fête de l’indépendance de notre pays dans le recueillement et dans la tristesse. Parce qu’il y a seulement quelques jours deux de nos enfants ont trouvé la mort à Dapaong en quête de leur droit puisque ces jeunes élèves l’un âgé de 12 ans et l’autre de 22 ans réclamaient leur droit à l’éducation.
 
Nous célébrons également cet anniversaire dans la tristesse parce que les camarades avec qui nous avons l’habitude de fêter sont pour certains aujourd’hui en prison dans une lugubre affaire d’incendie des marchés notamment ceux de Kara et de Lomé, dont le rapport commandé ou mandaté par le gouvernement togolais au niveau de deux experts français, a été rendu et qui conclut à ce que c’est le kérosène qui a été utilisé comme liquide pour mettre le feu à ces marchés. Or tout le monde sait très bien que dans notre pays le kérosène est un combustible particulier qui bénéficie d’une protection spéciale par des forces armées togolaises et aucun individu n’y a accès. Ça fait pratiquement un mois voire deux mois que le rapport a été envoyé au gouvernement et que le gouvernement sait très bien que nul autre que les forces armées togolaises n’ont accès au kérosène garde par-devers lui nos camarades encore en prison. C’est pour cela que 53 ans après que nos pères et nos mères aient vaillamment lutté pour obtenir l’indépendance de notre pays les Togolais ont fêté cette année dans la tristesse parce que ceux qui nous gouvernent manquent de la moralité nécessaire pour gouverner notre peuple et donner le bonheur et le bien-être au peuple togolais. Et donc aucun Togolais n’a le cœur à la fête et c’est pour cela que tout le monde est triste y compris moi-même.
 
Afreepress : Comment avez-vous accueilli le discours du Chef de l’État ?
 
Isabelle Améganvi : Je crois que si je n’étais pas une femme politique je dirais que ce discourt là ne doit pas être commenté, mais je dois le dire parce que dans ce discourt j’ai retenu une simple phrase et c’est cette phrase qui résume tout le système qui nous gouverne pendant près de 50 ans aujourd’hui. Il a dit qu’ils sont sur la bonne voie et donc aujourd’hui, j’estime que la bonne voie dont parle M. Faure Gnassingbé c’est celle qui amène à tuer impunément des enfants de 12 ans, de pauvres mineurs qui réclamaient leur droit. La bonne voie dont parle le chef de l’État c’est celle qui pousse les éléments de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) à escroquer des fonds aux pauvres femmes des marchés et à les mettre dans le dénuement total. La bonne voie c’est celle-là qui amène le gouvernement dirigé par lui-même à ne pas mettre les conditions de sécurité nécessaires pour permettre aux pompiers togolais d’éteindre ces incendies puisque de toute façon le feu était d’origine criminelle, on attendait que les marchés soient complètement consumés c’est peut être aussi ce qui explique cela. C’est ça que le Chef de l’État qualifie de bonne voie.
 
Cette bonne voie dont il parle également c’est celle-là encore qui permet de mettre les médecins dans les rues plutôt que de les mettre dans les hôpitaux pour soigner les malades ; c’est ça qui amène les enseignants à être dans les rues plutôt que dans les salles de classe à éduquer nos enfants. La bonne voie au Togo c’est ça qui amène les écoliers à être dans la rue aux côtés de leurs enseignants en criant leur ras-le-bol. La bonne voie c’est ça qui amène le peuple togolais à être dans la famine totale, dans la misère et à contraindre le Chef de l’État à reconnaitre lui-même que c’est une minorité qui profite des richesses de ce pays pendant que la grande majorité croupit dans la misère. La bonne voie dont parle le Chef de l’État ce n’est rien d’autre qu’une provocation de plus.
 
Afreepress : Mais il propose néanmoins une assise nationale pour résoudre les problèmes de l’éducation et des médecins.
 
Isabelle Améganvi : L’assise qu’il propose, il l’a déjà proposée en 2010. Le gouvernement a fait des promesses qui ne sont jamais traduites dans les faits. Je crois que c’est encore une promesse de plus comme on a l’habitude le faire lors des campagnes électorales où on promet des merveilles au peuple togolais et deux mois après c’est la misère qui s’accentue et c’est comme cela que pendant 50 ans le Togo a évolué et continue d’évoluer.
 
Afreepress : Quelle solution apporter à ce problème de promesse non tenue ?
 
Isabelle Améganvi : La solution que nous proposons c’est cette solution est contenue dans la plateforme citoyenne que le « collectif sauvons le Togo » a sortie il y a plusieurs moi et qui est aujourd’hui plus d’actualité qu’hier. La plateforme citoyenne que le CST a rendue public contient les diagnostics des maux dont souffre le Togo et a fait de véritables propositions de sortie de crise et c’est à cela que nous renvoyons encore le gouvernement et le Chef de l’État qui veulent agir en responsable pour sortir le pays de la misère.
 
Propos recueillis par Bernard A.
 
 

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