© togoactualite – Il y a un an, a démarré dans cinq pays de l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Bénin, Guinée Conakry, Mali et Togo) le projet régional de protection des mineurs migrants non accompagnés en Afrique de l’ouest initié par l’ONG Terre des hommes, (TDH). Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’approche mobilité prônée depuis quelques années par cette ONG internationale qui considère que tous les déplacements d’enfants ne peuvent s’assimiler à la traite et que certains de ces mouvements peuvent même se révéler utiles pour certains mineurs. Dans la continuité de cette nouvelle approche, Terre des Hommes a commandité deux études : l’une sur la méta-analyse sur les pratiques endogènes de protection des enfants et l’autre sur la valeur ajoutée de l’accompagnement protecteur des enfants. Ces études ont été officiellement lancées le 16 juillet dernier à Dakar dans la capitale sénégalaise à l’occasion d’une rencontre du Groupe de Travail inter-Agences Régionales pour l’Afrique de l’Ouest sur la Protection de l’Enfance avec la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Pourquoi ces études ? Pourquoi la rencontre avec la CEDEAO ? Quels sont les défis à venir dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet régional…? Voilà autant de questions que nous avons posées à Hermane Zoungrana, le coordinateur régional du projet mobilité au lendemain du lancement de ces rapports.
Lecture.
TOGO ACTUALITE : Pouvez-vous nous présenter brièvement les deux publications ?
Hermane Zoungrana : Il faut dire que ce document sur l’Accompagnement Protecteur des Enfants (APE) et le document sur la méta analyse sont des documents qui sont réalisés par Terre des Hommes. Ce sont des documents de référence pour la promotion de cette approche mobilité dont nous parlons depuis quelque temps. Il nous parait important de mettre à la disposition des acteurs et des partenaires ces documents de référence qui peuvent pousser loin les réflexions et servir d’outil d’appropriation de ces deux approches.
TOGO ACTUALITE : En quoi l’approche mobilité convient-elle le plus aux enfants migrants aujourd’hui ?
Hermane Zoungrana : Il faut dire qu’il s’agit d’une approche qui se fonde sur plusieurs années d’expériences et de travail de Terre des Hommes et qui permet de regarder autrement les questions de déplacement des enfants, de les appréhender d’une manière qui tienne compte de leurs motivations mais aussi de la manière dont il faut les accompagner dans ces déplacements. Cette approche est une rupture avec les façons de penser d’avant qui était que tous les déplacements étaient systématiquement mauvais pour tous les enfants. Ici, il s’agit plutôt de se positionner comme acteur d’accompagnement de ces enfants dans leur mobilité.
TOGO ACTUALITE : Que peut-on retenir de la rencontre avec la CEDEAO ?
Hermane Zoungrana : C’est vrai que nous avons bénéficié de la participation des représentants de la CEDEAO à cet atelier. Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec eux sur cette approche mobilité, sur l’approche Accompagnement Protecteur des Enfants. C’est déjà le premier pas. Ensuite, nous avons eu des discussions sur la suite que pourra avoir ce projet par rapport à la vision de la CEDEAO qui est l’instance régionale et qui organise tout ce qui est déplacement des personnes. Il y a des projets en cours avec d’autres partenaires et le souhait de Terre des Hommes c’est de faire en sorte que la CEDEAO puisse accompagner les pays dans la prise en compte de la dimension mobilité surtout que nous ne sommes pas simplement sur des flux nationaux mais des flux qui traversent plusieurs pays. Ce qui fait que la dimension nationale a son importance mais aussi la dimension régionale permet d’appréhender ces déplacements avec toute leur ampleur afin de pouvoir cadrer notre travail par des dispositions qui viennent non seulement par les Etats mais aussi par des instances communautaires.
TOGO ACTUALITE : Quels seront les prochaines étapes ?
Hermane Zoungrana : Le projet entre dans sa phase deux. Nous avons commencé à réaliser dans chacun des cinq pays de mise en œuvre un certain nombre d’actions au bénéfice des communautés. Vous comprenez que le but de la méta analyse était de pouvoir sortir des réalités, des pratiques concrètes d’accompagnement des enfants en mobilité par les communautés. Et le projet va s’appuyer sur ces expériences d’accompagnement communautaire. Donc ça va être un défi. Le second défi c’est de pouvoir mettre en œuvre les feuilles de route, les plaidoyers des ONG. Car dans chaque pays il y a un plan d’actions qui a été élaboré pour nous assurer que notre plaidoyer va permettre aussi bien l’appropriation de la démarche par les acteurs que son intégration dans les politiques nationales et les plans d’action. Donc ce plaidoyer que les ONG vont mener vont certainement nous conduire jusqu’à la fin de l’année. Et puis ensuite nous avons un travail avec les Etats ; un grand travail de renforcement de capacité. Des formations sont prévues pour les travailleurs sociaux mais aussi pour les services de police et de justice afin que nous puissions déjà commencer à appréhender leur travail et leur réalité et voir comment le projet mobilité peut facilement s’intégrer dans leur manière de travailler au quotidien. Voilà les principaux défis de ce projet.
lomévi (www.togoactualite.com)