Le 25 septembre dernier, le collectif sauvons le Togo (CST) et la coalition Arc-en-ciel ont entrepris une série de manifestations devant se dérouler sur trois jours. Partis du quartier Bè à Lomé, les manifestants ont sillonné plusieurs quartiers de la capitale togolaise pour enfin chuter à la Place de l’indépendance, lieu retenu de commun accord avec les autorités de la municipalité de Lomé pour le déroulement des activités de ces deux organisations de l’opposition.
Me Zeus Ajavon, Coordonnateur des activités du CST, a expliqué à l’Agence Afreepress, confié à
Afreepress : qu’est-ce qui est finalement retenu par rapport au sit-in avec les autorités, vous restez dans la nuit ici ou vous partez pour revenir demain matin ?
Me Zeus Ajavon : Nous sommes en train de nous concerter pour voir l’option que nous allons ensemble retenir, nous avons tous entendu le président de la délégation spéciale dire que nous devons quitter les lieux à 22 h comme le stipule la loi et quelque part, il a raison. Mais la loi continue en précisant : « sauf dérogation ».
En l’espèce y- a-t-il dérogation ? Je dis oui, parce que nous avons écrit une lettre dans laquelle nous lui avons signifié que nous marchons et que nous devons rester ici. Il n’a pas répondu sur le point du sit-in, mais nous a simplement dit qu’il prenait acte et que c’est le point de chute qui posait problème et quand nous sommes allés le voir, nous avons discuté avec lui et c’est ensemble que nous nous sommes entendus sur l’itinéraire.
Mais j’estime qu’un gouvernement est un gouvernement et il y a un principe de la cardinalité en droit administratif. C’est le principe de la continuité de l’État, la continuité des institutions et des services publics. Le gouvernement étant une institution, il y a une décision précédente qui a été prise lorsque nous avons marché le 12 juin dernier. Nous étions d’accord sur l’interprétation selon laquelle, on marche le premier jour et on reste pendant trois jours ce qui a été adopté.
Ce n’est pas parce que le gouvernement a été changé que nous devons aussi changer ce consensus. Tant qu’on n’a pas dit le contraire, nous pensons que ça doit se poursuivre. Donc en l’espèce nous affirmons qu’il y a dérogation et que nous pourrons rester à notre guise et ça dépendra de nous-mêmes. C’est à nous de voir ce qui nous arrange le mieux, est-ce que c’est rester ici qui nous arrange ou partir pour revenir demain avec un grand groupe.
Afreepress : Quelles sont les réclamations du CST et de la coalition ?
Me Zeus Ajavon : Nous demandons le départ de Faure Gnassingbé parce que nous avons déjà présenté au gouvernement tout un chapelet de revendications contenues dans notre plateforme citoyenne. Il y a violation massive des droits de l’Homme, la torture, l’accaparement des ressources nationales par une minorité, l’instrumentalisation de la justice…
Nous demandons, la limitation du mandat présidentiel avec effet immédiat. L’attitude du président démontre à suffisance qu’il ne veut pas faire les réformes dans le but manifeste de s’accrocher au pouvoir et accentuer ainsi, la gouvernance dictatoriale. Vous voyez comment il est arrivé au pouvoir en 2005. 500 morts selon les Nations unies et près de 1000 morts selon la Ligue togolaise de droits de l’Homme.
Aujourd’hui on est en train de rééditer ce qui s’était passé en 2005. La preuve, les miliciens du pouvoir armés de gourdins, de coupe-coupe, de bâtons cloutés étaient sortis la dernière fois à Adéwui, ils ont blessé des manifestants à mains nues du collectif sauvons le Togo. Nous ne pouvons pas nous taire sur cela. Nous disons que pour éviter tout cela, il faut que le gouvernement de Faure Gnassingbé s’en aille.
Afreepress : Faure est à New York alors que vous, vous êtes ici pour crier votre détresse face à sa gouvernance. Croyez-vous qu’il se préoccupe de vous ?
Me Zeus Ajavon : Nous disons que Faure se moque des Togolais. Lorsque ton peuple crie, même s’ils sont dix personnes dans la rue, tu dois les écouter et c’est cela le bon sens. Je ne connais pas de chef d’État qui puisse quitter son pays pour aller à New York et rester là lorsqu’il y a ces manifestations de taille qui se passent dans le pays. Ce n’est pas responsable.
Afreepress : Charles PASSOU, l’homme que vous accusez d’être un milicien, affirme que vous avez raconté des contrevérités dans son compte. Qu’il n’était pas à Lomé le 15 septembre lorsque les miliciens vous ont attaqué ! Que répondez-vous ?
Me Zeus Ajavon : Il m’a déjà appelé il y a plusieurs jours à ce sujet et il m’a dit qu’il n’était pas à Lomé le jour des événements. Il m’a appelé avec un numéro de France, je lui ai dit qu’on nous a dit qu’on l’a vu, il se peut que ce ne soit pas lui, mais je veux qu’il m’apporte des preuves qu’il n’était pas à Lomé et nous ferons un démenti.
Aujourd’hui il est revenu à Lomé et a fait une déclaration qui ne suffit pas à mon avis. Qu’il vienne me montrer les preuves qu’il n’était pas à Lomé. Mais, ce que nous savons, c’est que les gens affirment avoir vu quelqu’un qui le ressemble.
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