brigitte_adjamagbo_juin2014

En tournée dans le Zio pour informer les populations sur les derniers points de l’actualité politique, Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, secrétaire nationale de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) et responsable de la coalition Arc-en-ciel n’a pas manqué, lors d’un entretien accordé à l’Agence de presse Afreepress, de donner sa position sur le projet de loi relative aux réformes constitutionnelles.

 

Pour elle, ce projet de loi est loin des attentes des populations. Le Togo a plus que besoin de la limitation de mandat à deux mais l’opposition doit l’accepter et continuer la lutte.

 

« Nous pensons aussi qu’il faut être pragmatique, il est temps que l’opposition soit pragmatique puisque la question de la limitation des mandats, parce que le pouvoir subit énormément de pression, il n’a pas pu s’empêcher de la mettre dans le projet de loi. C’est un acquis fondamental », a-t-elle déclaré.

 

La lutte continue, a-t-elle ajouté pour avoir la réforme des institutions comme la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et la Cour constitutionnelle avant les présidentielles de 2015.

 

Lire l’intégralité de l’interview

 

Afreepress.info : Bonjour madame. Vous venez de rencontrer les populations de la préfecture du Zio. Pourquoi et que leur avez-vous dit ?

 

Brigitte Adjamagbo-Johnson : Cette tournée s’inscrit dans le prolongement de celle que nous avons eu à faire dans le Bas Mono et dans le Yoto. En fait, elle s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de la CDPA qui vise à sillonner le pays, à nous mettre en contact des populations, en profiter pour remercier celles que nous n’avons pas encore rencontrer depuis les élections législatives mais aussi leur donner des informations sur l’actualité politique, sur les perspectives et les encourager à être persévérantes dans la lutte de manière à ce que nous puissions atteindre nos objectifs, en l’occurrence l’objectif primordial que nous avons aujourd’hui à atteindre au sein de la coalition Arc-en-ciel et au niveau de la CDPA, c’est coûte que coûte l’alternance qui ne sera pour nous qu’un départ d’un processus qui va viser à changer complètement le système qui a été mis en place pendant 50 ans de règne par le pouvoir en place, un système qui n’est profitable en rien aux populations, un système qui a fait beaucoup de mal au Togo, mais qu’il faut prendre le temps de déconstruire pour qu’ensemble, nous puissions reconstruire autre chose et envisager l’avenir avec sérénité.

 

Afreepress.info : Plus précisément, quel est le message délivré ?

 

Brigitte Adjamagbo-Johnson : A par les résultats du dialogue, l’initiative qui est cours concernant le projet de réforme constitutionnelle, nous avons expliqué aux populations que ce projet n’est pas totalement en phase avec nos attentes et d’ailleurs avec les attentes de la population. Nous avons besoin aujourd’hui de plus que la limitation de mandat, par exemple la question du mode de scrutin à deux tours n’est pas réglée. C’est aussi le cas aujourd’hui des institutions qui jusqu’ici ont été bloquées en fait par le pouvoir qui veut absolument les contrôler. Ce projet de loi ne règle en rien le problème des institutions. Il y a de quoi se dire ce n’est pas ce  que nous voulons mais nous avons expliqué aux populations que nous sommes pour la stratégie qui consiste à dire prenons ce que nous avons pour l’instant mais ça ne veut pas dire que le combat est terminé, nous continuerons à combattre pour que le complément de réformes dont nous avons besoin puisse intervenir. La question des locales, que nous puissions y trouver une solution parce que chaque jour qui passe, à chaque fois que nous circulons dans les préfectures, cela nous renforce dans nos convictions qu’il faut rapidement aller à ces élections pour amorcer un véritable développement à la base.

 

Nous avons aussi informé les populations de l’initiative du Fonds National pour la Finance Inclusive (FNFI) et nous les avons prévenues contre l’instrumentalisation que le pouvoir est en train de faire de ce fonds. Nous leur avons dit, si vous en avez besoin, accédez à ces crédits mais sachez que ça ne vous lie en rien politiquement, vous n’avez en retour aucune obligation de voter pour ce pouvoir lors des prochaines élections.

 

Afreepress.info : Par rapport au projet de réformes, vous venez de dire que vous êtes pour la stratégie qui consiste à dire prenons ce que nous avons pour le moment. Est-ce à dire que la coalition Arc-en-ciel dont vous êtes membres votera pour ce projet à l’Assemblée nationale ?

 

Brigitte Adjamagbo-Johnson : Nous pensons et je crois savoir qu’une grande partie de l’opposition est de cet avis-là qui nous semble une position pragmatique, prendre d’abord ce qui est à notre portée et à partir de cet acquis-là, continuer à nous battre pour obtenir totalement ce qu’il faut.

 

Afreepress.info : Et pourtant dans une interview, Me Yaovi Agboyibo, le président d’honneur du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), partie membre de la coalition Arc-en-ciel, déconseille à l’opposition de le faire.

 

Brigitte Adjamagbo-Johnson : La coalition Arc-en-ciel est constituée de sept (7) partis politiques et il y a d’autres partis de l’opposition. Ce que je vous dis, c’est d’abord la position de la CDPA mais c’est aussi la position de la majorité des partis politiques de l’opposition. En tant que citoyen, Me Agboyibo est libre d’avoir une position contraire. Je le comprends tout à fait quand on est face à ce régime, quand on connait sa capacité de perversion mais nous pensons aussi qu’il faut être pragmatique, il est temps que l’opposition soit pragmatique puisque la question de la limitation des mandats, parce que le pouvoir subit énormément de pression, il n’a pas pu s’empêcher de la mettre dans le projet de loi. C’est un acquis fondamental. Le prendre ne veut pas dire qu’on abdique, qu’on renonce au combat pour que les réformes se poursuivent et notre position, c’est celle-là. On prend la limitation de mandat et on se bat pour que le mode de scrutin à deux tours puisse être acquis, pour que les institutions telles que la CENI, la Cour constitutionnelle soient recomposées de manière équitable, de manière à leur permettre de fonctionner véritablement comme des institutions républicaines.

 

Afreepress.info : A quand la réforme de ces institutions, notamment la Cour constitutionnelle et la CENI ? Avant la présidentielle de 2015 ?

 

Brigitte Adjamagbo-Johnson : Il faut que ces réformes interviennent avant les présidentielles parce que ce sont des institutions qui vont jouer un rôle important dans les élections. Donc, nous nous battrons pour cela.

 

Propos recueillis par Telli K.

 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here