« Toute ma vie est ici. La location, le manger, l’habillement…tout c’est ici.C’est de cette activité que je vie », ainsi réagissait Hodalo, la trentaine, diplômée de niveau licence sans emploi qui s’est convertie dans le commerce du prêt-à-porter. Son échoppe installée long du complexe scolaire d’Agbalépédo groupe C sur la voie pavée est frappée par la note du ministre des enseignements primaire et secondaire, technique et de l’artisanat, le professeur Dodzi Komla Kokoroko.

En effet, selon la note du ministre en date du 6 avril 2022, il est demandé aux responsables de l’éducation nationale, « de prendre des dispositions idoines pour faire libérer les enceintes et les abords immédiats des établissements scolaires de ces installations commerciales qui nuisent aux activités pédagogiques ».

 Visiblement cette note ne passe pas chez les commerçants aux abords des établissements scolaires. Ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer si la mesure devenait effective. Pour bon nombre de ces commerçants rencontrés, il s’agit d’une activité de survie permettant la satisfaction de leurs besoins fondamentaux : se soigner, se vêtir, se déplacer. L’interdire en ce temps de crise sera suicidaire.

« C’est après ma licence. Comme je ne trouvais pas du boulot, j’avais économisé l’argent des tranches, c’est avec cet argent que j’ai commencé. Mon mari aussi, il a terminé. Actuellement il est en stage. Ce n’est pas aussi prometteur pour lui pour dire qu’à la fin il va gagner un boulot », poursuit Hodalo citée plus haut.

A côté, Félix il est aussi dans l’habillement. Il n’arrive pas à avaler la couleuvre. Même s’il reconnait, contrairement à bon nombre de commerçants, avoir pris connaissance de la note du ministre, cependant il n’en revenait pas. « Cette décision ne nous arrange pas. Nous allons quitter ici pour aller où », questionne-t-il. Et de poursuivre : « c’est tout ce que nous faisons pour survivre, pour prendre en charge nos familles. Dans les marchés il n’y a plus de places. Les gens quittent les marchés pour exposer devant leur maison, c’est là où ils nous demandent d’aller », se demande-t-il.

Au Togo, selon le Fonds monétaire international (FMI), le secteur informel représente entre 20 et 30% du produit intérieur brut (FMI). Il  concerne différentes activités alimentaires, de services personnels, de réparation, récupération et recyclage. Le commerce et la distribution représentent la majeure partie de ces activités.

« C’est cette activité qui nous sauve. Si on nous demande aujourd’hui de quitter je ne sais plus comme faire. Que le ministre ait pitié de nous. Vraiment que le Tout puissant touche son cœur », plaide Lelenda revendeuse de plastique.

Estelle, coiffeuse, admet qu’ils ne font rien qui puisse nuire à l’apprentissage des enfants. Au contraire, dès fois ils aident les enfants à traverser la chaussée si besoin est. Néanmoins, elle reste ouverte à toute suggestion allant dans le sens de l’entente. « Mais nous renvoyer c’est nous obliger à gonfler le nombre de voleur et de prostituer, ce que nous ne souhaitons pas », débite-t-elle. « Nous sommes d’accord, si c’est pour nous encadrer mais nous demander de quitter définitivement ce n’est pas bon. Donc nous demandons aux autorités de prendre en compte nos doléances », suggère Félix qui se convainc que cette note ne les concerne pas, car dit-il, leur échoppe est une initiative de la mairie qui chaque fin du mois perçoit 2500 F sur chaque étalage.

Approchée la direction de l’école affirme avoir été saisie par voie hiérarchique de la note du ministre. Cependant, souligne-t-elle, elle n’est pas impliquée dans l’établissement des baraques qui est une initiative de la mairie.  Et par conséquent, la direction entend informer dans les heures à venir le chef quartier pour qu’il alerte la mairie pour disposition à prendre.

 De toutes les façons, en ce temps de crise doublée de vie chère, il urge que des solutions négociées soient trouvées à ce problème pour ne pas alourdir la charge qui est déjà trop lourde pour la population.

Avec togoscoop

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