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Assassinat et braquage en 48 heures à Lomé
 
. Tout pour lutter contre le terrorisme, la sécurité des citoyens ignorée

 
cariLa semaine passée aura été des plus agitées sur le plan sécuritaire. Il a été enregistré à Lomé, la capitale où sont concentrées les forces de défense et de sécurité, un assassinat et un braquage accompagné de mort d’homme, en l’espace de 48 heures, et visiblement par le même réseau. Des événements qui mettent simplement en relief l’incompétence des autorités en charge de la sécurité et l’inefficacité de la politique en la matière.
 
Une semaine meurtrière à Lomé
 
La semaine du 28 juillet au 3 août aura été des plus mouvementées sur le plan sécuritaire à Lomé. Tout a commencé avec l’assassinant du Consul du Liban au Bénin, Assad Chagoury. Alors qu’il a quitté Cotonou ce mercredi pour se rendre à Lomé où il devrait inaugurer, le lendemain, une succursale de sa société « La Roche » spécialisée dans la vente des matériaux de construction, il a été fauché en plein jour (aux environs de 18 heures) aux feux tricolores d’Avépozo par des individus cagoulés et bien armés. On saura plus tard qu’il s’agit de fusils d’assaut AK47, des armes qu’on ne trouve pas aux coins de rues. Les malfrats ont tiré à bout portant sur le Consul et blessé son chauffeur. C’est au cours de son évacuation qu’Assad Chagoury a rendu l’âme. Tout s’est passé au vu et au su de tout le monde.
 
Vendredi. Grand marché de Lomé. A peine 16 heures sonnantes. Des malfrats bien armés braquent la boutique Fontana et emportent la recette du jour, une somme de 5,5 millions de FCFA. Mais dans leur opération, ils ont tiré sur le vigile de la boutique qui succomba. Tout s’est passé au nez et à la barbe de la population restée incrédule. Le communiqué officiel rapportera que les cartouches retrouvées font état des mêmes balles utilisées pour tuer le Consul. Indirectement, c’est le même réseau qui aurait opéré.
 
L’incompétence manifeste des autorités en charge de la Sécurité
 
L’assassinat du Consul du Liban au Bénin peut être conçu comme un effet de surprise. Mais la facilité avec laquelle les malfrats ont réussi le braquage de vendredi dernier dissuade de trouver toute circonstance atténuante aux forces de sécurité et laisse simplement à désirer. Tout s’est passé en plein jour, aux environs de 16 heures, et à quelques pâtées de la Brigade de Gendarmerie du Grand-marché de Lomé installée pour assurer la sécurité des lieux. Dans un pays normal où le sens de la responsabilité est une réalité, et avec des forces de sécurité vraiment efficaces, ces braqueurs n’auraient pas réussi à filer aussi aisément. Tout s’est passé comme du couteau dans du beurre, au nez et à la barbe de la population qui attendait une réaction des corps habillés, surtout qu’ils étaient à côté. Mais ces derniers ne pointeront leur nez que lorsque les malfrats auront fini d’opérer, laissant derrière un corps gisant sur le sol et un agent blessé, et pour venir montrer leurs muscles et interdire aux journalistes de prendre des photos. Une inaction qui a révolté certains témoins de la scène qui n’ont pas caché leurs ressentiments.
 
Deux actions, probablement du même réseau, en 48 heures, en pleine journée, et dans la capitale où toutes les forces de sécurité et de défense sont concentrées ?! Cela fait tout simplement désordre et relève l’inefficacité de la politique sécuritaire, pour ne pas dire l’incompétence des autorités sécuritaires, nommément le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Col Yark Damehame. Et dans un pays où les dirigeants ont vraiment le sens de la responsabilité, il devrait démissionner de soi-même ou être démis de ses fonctions par son employeur. L’homme s’est toujours illustré comme super compétent, un préposé soucieux de la sécurité des populations. Ces derniers temps, il s’est signalé par une série de mesures folkloriques portant interdictions tous azimuts. Communiqué faisant injonction de porter obligatoirement le casque pour les motocyclistes, mettre la ceinture de sécurité pour les automobilistes et interdiction de rouler la nuit pour les véhicules de transport en commun de plus de douze places à partir de 18 heures 30, communiqué portant interdiction du trafic et de la vente du carburant illicite…La dernière sortie en date, c’est l’interdiction faite le 8 juillet dernier aux jeunes rollers de rouler sur les routes, aux vendeurs à la criée et aux mendiants d’exercer aux carrefours. Plus sérieux, il a trouvé des agents à déployer aux trousses des contrevenants. « Quand il s’agit de traquer les petits vendeurs de carburant, on trouve suffisamment d’éléments qui poursuivent ces jeunes jusque dans leurs maisons, causant parfois mort d’homme. Aujourd’hui le port du casque est rentré dans les habitudes et on n’a plus besoin de faire le gendarme derrière les motocyclistes ; mais on déploie encore des agents aux carrefours pour arrêter les rares contrevenants…Mais quand il s’agit d’affronter les braqueurs et assassins armés, on ne trouve personne. C’est simplement révoltant », a pesté un concitoyen ce vendredi dans la foule amassée après le braquage.
 
Tout pour contrer le terrorisme, la sécurité des citoyens ignorée
 
Refondation de l’armée. Voilà la rengaine de Faure Gnassingbé, le morceau chanté depuis le 5 juin. Il s’agit de la recette trouvée pour contrer les menaces extérieures. Pour les besoins de la cause, il était mardi dernier au camp Général Améyi pour en parler aux corps habillés. La nouvelle organisation est censée permettre une meilleure efficacité des forces de défense et de sécurité et une réaction rapide aux situations d’urgence. « Garantir la sécurité de notre pays, notre cher pays le Togo contre toute agression extérieure, mais aussi contre toute menace terroriste quelle que soit l’origine », tel est l’objectif ultime de cette refondation relevé par Faure Gnassingbé devant les corps habillés à Kara. Mais personne n’est dupe, les vrais desseins de cette retrouvaille sont ailleurs.
 
Elle permet à Faure Gnassingbé de rentrer dans les bonnes grâces des puissances mondiales dont les Etats-Unis d’Amérique pour lesquelles la lutte contre le terrorisme est une priorité. Mais c’est surtout un subterfuge pour barricader son pouvoir. Et le projet lui tenant à cœur, le Prince a cassé la tirelire pour sa réalisation. Acquisition de 100 camions DAF et de 27 pick-up double cabines affectés dans les unités, achat de 30 véhicules blindés de type bastion pour renforcer les capacités opérationnelles du Régiment blindé de reconnaissance et d’appui (Rbra), d’engins lourds, d’appareils topographiques de route, commande d’un hélicoptère de combat de type gazelle et d’hélicoptères de transport de troupe, acquisition d’un camion ravitailleur d’aéronef, d’un second patrouilleur annoncée pour le 13 août prochain…voilà le lot de matériels acquis, à en croire le chef d’Etat-major général des Fat, le Gal Félix Abalo Kadangha ce mardi à Kara. Et la liste est loin d’être exhaustive. Chacun peut aisément se faire une idée de la facture que cela peut coûter au contribuable togolais.
 
C’est manifeste, tous les sacrifices sont faits par le Prince, au nom de la conservation de son pouvoir. Mais la sécurité des populations, il s’en moque éperdument. On peut assassiner en plein jour, braquer des citoyens à côté des postes de Gendarmerie, il n’en a cure. Et avec la dernière sortie de Yark Daméhame, tout porte à croire que c’est le même réseau qui a assassiné le Consul le mercredi dernier qui a opéré le braquage 48 heures après. Vient-il du Bénin ou sévit-il au Togo ? Qu’est-ce qui se fait pour le démanteler ? Pour l’instant, ses membres courent toujours les rues et peuvent encore sévir…Malheureusement !
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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