« Le président du Niger a fait preuve d’un leadership exceptionnel et de respect pour la démocratie face à un cumul de défis sans précédent » (Fondation Mo Ibrahim)

Le président nigérien Mahamadou Issoufou qui a opté pour une alternance démocratique au pouvoir, n’a pas encore passé la main à son successeur qu’il est déjà auréolé du prix Mo Ibrahim pour le leadership et l’excellence en Afrique. Cette distinction vient couronner ses efforts en faveur du développement et du respect de la transition démocratique.

Mahamadou Issoufou doit passer le témoin début avril à son successeur et dauphin Mohamed Bazoum élu fin février à la suite du second tour du scrutin présidentiel dont les résultats ont été fort contestés, marqués par de graves violences avec son cortège de victimes et de dégâts matériels importants.

Dans une sous-région gangrénée par le virus du troisième mandat, le président nigérien est l’un des rares dirigeants dans l’espace communautaire à respecter la Constitution et à céder le fauteuil présidentiel. Il a à maintes fois renouvelé son engagement devant les Nigériens et devant l’opinion internationale à ne pas ruser avec la loi fondamentale pour s’autoriser un troisième mandat, comme c’est la norme dans certains pays. C’est le respect de la parole donnée, sa grandeur et sa lucidité d’esprit qui lui valent tant d’admiration de la Fondation Mo Ibrahim.

« Le leadership exceptionnel du président Issoufou, à la tête d’un des pays les plus pauvres au monde, confronté à un cumul de défis apparemment insurmontables. Tout au long de son mandat, il a conforté la croissance économique au bénéfice de ses concitoyens, fait preuve d’un engagement indéfectible en faveur de la stabilité régionale et défendu sans relâche le respect de la règle constitutionnelle et démocratique », félicite le comité du Prix.

Ce n’est pas seulement en s’arc-boutant au pouvoir qu’on peut être utile à son pays et à son peuple. On peut l’être en étant hors du pouvoir. Mahamadou Issoufou pourra aisément mettre sa compétence et son expertise au service des Nigériens, mais aussi d’autres peuples. Fort de ce charisme nouveau dont il fait montre, des organismes internationaux vont s’empresser de le solliciter à tout va pour animer des conférences, participer à des colloques à l’échelle internationale, jouer le rôle de médiateur ou encore mener des missions d’observation électorale internationale. Il demeurera une figure respectée dans son pays.

Avant Mahamoudou Issoufou, d’autres chefs d’Etat africains avaient quitté le pouvoir. Même s’ils ont eu des fortunes diverses après leur règne, certains contraints à l’exil et d’autres ayant connu la prison, beaucoup d’autres cependant ont pu se reconvertir.

A côté des dirigeants qui ont cédé la place à la suite d’élections libres et démocratiques, il y a beaucoup d’autres qui semblent avoir signé un contrat à durée indéterminée avec le poste de Président de la République. Faute de savoir quoi faire et où aller après avoir quitté le pouvoir, ils s’y incrustent. Le cas notamment du jeune doyen de l’Afrique de l’Ouest qui s’accroche de toutes ses forces au pouvoir. En captant le trône en 2005, il avait annoncé les couleurs en confiant à ses partisans que son père lui a dit de ne jamais laisser le pouvoir. Hostile aux valeurs démocratiques, son seul souci est de demeurer au pouvoir et de se ménager la présidence à vie comme…son géniteur.

Medard AMETEPE / Liberté N° 3345 du 11-03-21

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