Un calme précaire règne actuellement à la société sino-togolaise (SINTO) à Anié. Les employés dénoncent un accord imposé et qui ne tient pas compte de leurs revendications. Ils annoncent une reprise des mouvements de grève afin que leurs revendications soient mieux étudiées.

Pendant deux mois, les ouvriers de la Société Sino-Togolaise (SINTO) ont observé une cessation de travail. La grève a été interrompue suite à l’intervention du ministre de la Fonction publique, du Travail, de la Réforme administrative et de la Protection sociale, Gilbert Bawara et de son collègue de l’Agriculture, de la Production animale et Halieutique, Koutera Bataka. Les deux ministres ont exhorté, sinon ordonné aux travailleurs de la SINTO de reprendre le service et que dans 10 jours, les discussions vont aboutir à la signature d’un accord prenant en compte leurs revendications. 

Il faut d’ores et déjà souligner que la promesse de Bawara de conclure un accord dans dix jours, n’a pas été respectée. D’ailleurs, dans ce délai, les discussions n’ont même pas encore commencé, malgré les incessants allers-retours des délégués de personnel d’Anié à Lomé. Finalement, elles ont été menées par l’intermédiaire des ministres. A aucun moment, les travailleurs n’ont rencontré leur employeur. Il a été seulement dit aux délégués du personnel d’attendre le coup de fil pour qu’ils reviennent signer le procès-verbal. « Nous nous sommes rendus à Lomé deux fois, la troisième fois, il nous a été demandé de signer un procès verbal. Néanmoins, les conclusions des discussions ont été remises à l’employeur. Lorsque nous avons insisté de lire d’abord les conclusions des discussions, il nous a été dit que chacun verra sur son bulletin de paie ce qui a été décidé. Comment est-ce possible que nous qui sommes des responsables, allons signer un document sans savoir le contenu ? A cette question, le DG du Travail nous a répondu qu’il lui a été rapporté que c’est nous qui organisons la masse pour semer du désordre, que si nous ne signons pas, il va rapporter cela au ministre Gilbert Bawara. Les menaces ont été telles que nous les délégués, nous avons signé sans voir le document », explique un délégué du personnel.  

Pour connaître le contenu des accords signés, il fallait donc attendre la prochaine paie. Le 10 janvier 2020, à la prise des positions des agents permanents, il a été constaté que les revendications n’ont pas été réellement prises en compte. « Quand nous sommes allés à la banque, nous avons vu que les choses n’ont pas été faites conformément à nos revendications », rapporte un employé.

Les permanents ont été tout simplement ignorés alors qu’ils ont été empêchés d’obtenir au moins 5 avancements. Dans les rangs de ceux qui sont au département Agronomie, une certaine somme a été ajoutée. Ceux qui gagnaient 63.000 FCFA ont eu 13.000 FCFA d’augmentation et perçoivent 76.000 FCFA. Ceux qui sont les adjoins des chefs d’équipe ont été rajoutés au lot des permanents. A l’usine, seuls 08 agents ont été pris en compte. Ceux qui percevaient 54.000 FCFA ont reçu 63.000 FCFA, soit 9.000 FCFA de plus. Ceux qui étaient à 63.000 FCFA ont vu leur salaire aller à 71.000 FCFA, soit 8.000 FCFA de plus.

Dans le procès-verbal de conciliation, le premier point porte sur le reclassement. Il y est stipulé que « les travailleurs mal classés et lésés ont été reclassés conformément au principe de reclassement adopté de façon consensuelle en 2015. De plus, il a été recommandé que les avancements de certains travailleurs soient bloqués étant donné qu’ils ont eu à bénéficier d’un classement avantageux, mais irrégulier ». Sur ce point, nous avons contacté un spécialiste de Gestion des ressources humaines (GRH). Selon  ses explications, le principe en la matière est que les avantages des travailleurs ne peuvent être remis en cause qu’en cas de difficultés financières de l’entreprise. Ce qui n’est pas le cas de la SINTO dont les chiffres s’amélioreraient d’année en année.

Par rapport à la requalification des contrats des travailleurs saisonniers, « les choses ont été faites comme le voulait l’employeur », assurent les agents. A ce niveau, il a été dit que chaque année, on procédera au remplacement, en nombre égal, des travailleurs permanents admis à la retraite par les travailleurs saisonniers effectuant au moins 11 mois dans l’année en tenant compte de leur ancienneté et de leur qualification. Sur ce point également, les revendications syndicales n’ont pas été suivies puisque les employés demandaient que tous ceux qui effectuent 11 mois de travail dans l’année soient reversés dans le lot des permanents. « Ils effectuent les mêmes travaux et encourent les mêmes risques que les permanents, mais ne bénéficient pas des mêmes avantages », explique un agent.  

Dans la suite du document, on voit que les revendications relatives à la rémunération des heures supplémentaires de samedi et de dimanche ne sont pas fondées, au vu de l’organisation de l’entreprise. Celles liées au paiement de l’indemnité de déplacement ne concerneraient, selon l’employeur que les chauffeurs et ceux qui les accompagnent.

Rien par contre n’a été dit sur les doléances des travailleurs relatives aux équipements individuels de protection, à l’infirmerie et à l’examen sanitaire. Mais le plus inquiétant, ce sont les menaces et autres intimidations que subissent les délégués du personnel et syndicaux qui risqueraient la prison s’ils osent encore prendre le devant de la mobilisation. Néanmoins, tout se met en place pour de nouvelles sorties des travailleurs.

G.A.

source : Liberté

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