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C’est la plus grande surprise de la formation du gouvernement Ahoomey-Zunu II. Pendant environ deux semaines, Faure Gnassingbé et son collaborateur Arthème Ahoomey-Zunu n’ont trouvé sur la terre de nos aïeux aucune compétence digne de ce nom pour occuper le très sensible ministère de la Santé. Comment se fait-il qu’on ait trouvé rapidement des personnes pour occuper des ministères bidon et sans portefeuille comme ceux des Affaires présidentielles, de la Réforme de l’Etat et de la Modernisation de l’Administration sans pouvoir trouver la moindre compétence pour s’occuper de la santé ?
 
Il est de notoriété publique que le secteur de la santé au Togo se trouve dans une situation de faillite totale. Non seulement les hôpitaux et les centres de santé sont devenus des mouroirs, mais aussi le personnel soignant travaille dans des conditions de plus en plus pénibles. Le projet BIDC destiné à équiper en matériel ces centres a été un fiasco total avec des détournements de fonds et l’achat de matériels non adaptés contrairement au satisfécit exprimé par le Premier ministre lors de la présentation de son discours-programme devant les députés. Depuis plus de deux ans, le personnel soignant à travers le SYNPHOT (Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo) n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme à travers des grèves successives, mais visiblement, le gouvernement opte toujours pour des solutions de courtes durées ou, à défaut, opte pour la fuite en avant.
 
Les discussions devant aboutir au Statut particulier du personnel soignant et les conditions d’exercice sont toujours dans l’impasse, avec parfois des menaces proférées à l’endroit des premiers responsables des syndicats. Cette situation délétère qui a des conséquences graves sur le quotidien des citoyens et surtout des malades dans chaque hôpital et centre de santé devrait pousser le gouvernement à trouver en premier lieu un candidat pour le ministère de la Santé afin que ce dernier se mette rapidement au travail, surtout qu’il avait été annoncé avec tambour des assises sur le secteur de la santé.
 
En rattachant le très sensible ministère de la Santé à la Primature où le locataire des lieux est déjà pris par d’autres dossiers, le pouvoir RPT/UNIR démontre une fois de plus le peu d’intérêt qu’il accorde à la santé des Togolais. Il ne peut en être autrement, puisque la plupart des responsables au sommet de l’Etat en commençant par Faure Gnassingbé lui-même se soignent en Occident. Pour une simple fracture ou des douleurs abdominales, ils sautent avec l’argent du contribuable dans le premier avion pour aller se soigner dans les meilleurs hôpitaux à l’étranger. Il y a de cela deux ans, un ministre de la République a payé plus de 40 000 euros (environ 26 millions F CFA) cash pour une opération de son fils alors que dans son village quelque part dans la région centrale, il n’existe aucune structure de santé.
 
Les populations désertent de plus en plus les hôpitaux togolais pour se soigner juste à Aflao au Ghana où les centres de santé sont propres, équipés et les soins de meilleure qualité. On ne peut en aucune manière être fier que plus d’un demi-siècle après les indépendances avec plus de quatre décennies de règne d’une même famille, on ait des hôpitaux qui ressemblent à un champ de ruine avec un personnel complètement démotivé qui s’amuse avec la vie des citoyens.
 
Pour revenir au cas du ministère de la Santé, rien n’a filtré sur les raisons de son rattachement à la Primature ; et pourtant la culture de résultat oblige les gouvernants à donner des explications aux populations. C’est dans cette situation de flou bien entretenue doublée d’impatience des responsables du SYNPHOT qu’on apprend que le ministre Charles Kondi Agba, malgré son débarquement du gouvernement, est toujours sollicité par les services de la Primature pour traiter officieusement les dossiers du ministère de la Santé. Si on doit débarquer quelqu’un de son poste et lui confier officieusement les dossiers à traiter, on se demande pourquoi on n’a pas cherché à reconduire ce dernier pour gérer officiellement les affaires, le temps de lui trouver un remplaçant valable. Voilà à quoi se résume le paradoxe de la gouvernance de Faure Gnassingbé depuis bientôt dix ans, avec à la clé des résultats catastrophiques pour les citoyens.
 
En rattachant le ministère de la Santé à la Primature après deux semaines de consultations, le pouvoir togolais dont la plupart des responsables se soignent à l’extérieur montre à suffisance le peu de sérieux qu’il accorde à la santé physique et mentale des citoyens qui meurent aujourd’hui dans nos hôpitaux et les centres de santé, pour la plupart du temps, pour un manque d’alcool ou de produits servant à anesthésier les malades.
 
Mensah K.
 
L’Alternative Togo
 

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