cvu_500x290

COMMUNIQUÉ DU CVU-TOGO-DIASPORA

 

1er Novembre 2013

 

A plusieurs reprises au cours du mois d’octobre 2013, les réfugiés togolais séjournant au camp d’accueil d’Agame au Bénin depuis 2005, ont été victimes de violences et voies de faits commises à leur encontre. 1 Celles-ci font suite au différend qui les oppose aux autorités du Bénin dans le traitement de leur situation de réfugiés.

 

1.    REFUGIES TOGOLAIS EN EXIL : TACHE INDELEBILE DE LA GOUVERNANCE DE FAURE GNASSINGBE !

 

Au lendemain des violences post électorales consécutives à  l’élection présidentielle togolaise du mois d’avril 2005 qui a consacré l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé au moyen de fraudes massives,  ce sont près de 50.000 togolais qui ont dû prendre le chemin de l’exil dans les pays voisins du Togo, notamment le Bénin et le Ghana. Un rapport de l’ONU avait fait état de 2005 de plus de huit-cent morts 2. Depuis cette époque les victimes disparues à jamais se sont installées dans la mémoire collective des togolais. Plusieurs milliers de  réfugiés de 2005 se sont progressivement réinstallés au Togo et rejoint leurs familles, mais combien restent encore des apatrides et connaissent une situation de grande précarité ? Il suffit de rappeler le cas des Togolais bloqués en Grèce pour comprendre le désarroi réel qui existe… !

 

On aurait pu croire qu’à l’issue des travaux de la Commission « Vérité – Justice –Réconciliation » (CVJR), 3 Faure Gnassingbé consente enfin à apurer partiellement les comptes du passé notamment ceux de 2005. Au lieu de cela Faure Gnassingbé s’est servi du « rapport-livre d’histoire » commis par la CVJR, présidée par l’ecclésiastique Mgr Nicodème Barrigah, pour annihiler toute velléité de la part des victimes, qui auraient pu exiger du système judiciaire qu’il  prenne en charge les sanctions à apporter aux actes de tortures et de mort sur de nombreux citoyens togolais.

Au chapitre de la place des Droits Humains dans la gouvernance pratiquée au Togo par Faure Gnassingbé et ses gouvernements successifs, nul n’est donc fondé à parler de normalisation au Togo.

 

2.    LA QUESTION DES REFUGIES PAS ENCORE A L’ORDRE DU JOUR DE LA « MONDIALISATION HEUREUSE ». 

 

Ce n’est pas la première fois que les 705 réfugiés d’Agame (dont 313 enfants, 222 femmes et 170 hommes) manifestent leur désir de voir leur sort réglé une fois pour toutes. Les conditions ne semblent pas réunies pour satisfaire leurs exigences, déjà exprimées le 8 mai 2012 auprès du Haut-Commissariat aux Réfugiés à Cotonou, d’une « réinstallation dans un pays occidental », avec une pièce d’identité « digne de ce nom ». 4 Cette question semble être la pierre d’achoppement empêchant le règlement durable de leur sort et ne semble pas être prête d’aboutir. À une époque où les portes de l’Europe et des autres pays occidentaux sont de plus en plus cadenassées – entrainant des drames humains de plus en plus graves à l’image des récents naufrages au large de Lampedusa en Italie – et ou la question des migrations devient un enjeu de gouvernance interne dans de nombreux pays européens, on ne voit pas quel gouvernement occidental serait prêt à  accueillir aujourd’hui les exilés togolais réfugiés à Agame.

 

La solution ne peut donc être trouvée qu’en Afrique, par les africains, pour des africains en souffrance !

 

La solution la plus efficace, pour alléger les souffrances et changer positivement la vie de nos compatriotes qui croupissent encore à Agame, serait que Faure Gnassingbé se débarrasse de tout préjugé et pose enfin le premier acte qui indiquerait sa volonté de réconcilier les togolais, ce qu’il ne faut pas confondre avec intégrer UNIR, son parti politique. Pour cela il doit prendre une décision d’Etat, qui garantit la sécurité de leur retour, leur réintégration dans la société togolaise et  alloue une indemnité permettant leur retour dans la dignité. Ceci annoncé par les voies officielles et non comme à l’habitude en catimini avec des fausses promesses non-tenues, auxquelles Faure Gnassingbé a tant habitué les togolais.

 

Si le constat a été fait au niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2013 que le Togo n’était vraiment pas le pays du « bonheur », 5  une telle décision permettrait de rendre heureux au moins quelques compatriotes injustement jetés en 2005 sur les chemins de l’exil, en leur permettant de retrouver leurs familles et amis.

 

3.    LA CLASSE POLITIQUE TOGOLAISE DOIT AUSSI AGIR POUR LE RESPECT DES DROITS HUMAINS ELEMENTAIRES.

 

Depuis l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé en 2005, les gouvernements successifs n’ont jamais brillé par leur action concrète pour le respect des droits humains élémentaires. Des secteurs entiers de la société normalement susceptibles de les garantir sont depuis de nombreuses années dans un état de dégradation qui ne permet plus de les satisfaire. Les voyants sont bloqués sur le rouge notamment dans l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, le système de santé publique, la production agricole, la sécurité sociale, les systèmes de retraites, la politique salariale et les droits des salariés. Ainsi, se trouve posée de manière récurrente depuis quarante-trois ans, la question fondamentale de la répartition et du partage équitable de la richesse nationale, qui a entrainé un considérable accroissement des inégalités sociales. Il faut ajouter à cela les atteintes permanentes aux libertés publiques et individuelles (restriction des libertés d’expression, de la presse, entraves à la libre expression politique), facilitées par l’absence de séparation des pouvoirs et l’instrumentalisation de la justice au profit exclusif de Faure Gnassingbé,  de l’oligarchie qui exerce le pouvoir sans partage sur le Togo et de leurs soutiens politiques RPT/UNIR et UFC.

 

Au lieu de s’épuiser à poursuivre le règlement de chimères institutionnelles, gageure dans le cadre d’un régime autocratique, si les partis politiques – notamment  ceux qui sont  censés être porteurs d’un espoir d’alternance -, s’emparaient à bras le corps de ces questions sociétales, ils pourraient enfin donner à  leur l’action politique un sens très profond et un contenu intelligible et déchiffrable par les populations du Togo. Ce changement de stratégie serait bien plus porteur d’espérance et de capacités de mobilisation politique de masse, que l’interminable course à des aménagements institutionnels que seule une alternance politique avérée peut régler.

 
Cette évolution dans l’exercice de l’action politique présenterait un double avantage :

1-      sortir le Togo du cycle devenu « intemporel » des accords politiques de façade jamais respectés ou mis en œuvre (APG) et de la récurrence des élections fraudées sans respect de la vérité des urnes,

 

2-      mettre en permanence la pression sur les gouvernements de Faure Gnassingbé en plaçant au premier rang de l’action politique la volonté de résoudre l’ensemble des problèmes de société qui intéressent directement la vie des populations et conditionnent l’amélioration de leur bien-être.

 

4.      LES DROITS HUMAINS : UNE ENTITE INALIENABLE DE L’EVOLUTION DE L’HUMANITE !

 

Le droit à l’éducation, à la culture, à la santé publique, à l’autosuffisance alimentaire,… sont parmi bien d’autres, des droits humains élémentaires aujourd’hui trop souvent ignorés ou écrasés par le rouleau compresseur d’une mondialisation de plus en plus dominée par la financiarisation de l’économie!

 

En la matière, le discours dominant aujourd’hui  confine presque la « pensée unique » qui tente de faire croire à la masse des individus, qu’en raison d’impératifs économiques de premier ordre  les valeurs humaines devraient parfois céder le pas, voire s’effacer, devant les considérations matérielles. Cette manière de voir est pourtant contraire à l’évolution de l’intelligence humaine – considérée dans son  sens le plus large – et sa compréhension toujours plus large des mécanismes qui régissent la vie et l’évolution des espèces.

 

Il n’est donc écrit nulle part dans les lois de l’évolution, que les droits humains doivent régresser et que l’homme n’est pas sur terre pour évoluer et améliorer son bien-être. Le seul  défi qui se pose désormais à lui, c’est de rendre compatible son évolution, avec la pérennisation de l’intégrité du biotope dans lequel il vit : « Nous autres, derniers venus du XXe siècle, nous nous trouvons coïncider avec une affaire qui, aussi formidable que la constitution, la vitalisation ou l’hominisation initiales de la Terre, se développe à un rythme non disproportionné avec nos expériences : je veux dire l’éveil du Sens Humain, c’est‑à‑dire de cette conscience prise par la Pensée terrestre qu’elle constitue un Tout organisé, doué de croissance, capable et responsable de quelque Avenir. » 6

 

5.    RECOMMANDATIONS de CVU-TOGO-DIASPORA

 

Les réfugiés togolais se trouvent depuis 2005 à l’extérieur du Togo parce qu’ils ont fui à l’époque un système politique et économique qui a tué des centaines de citoyens et qui continue à les humilier et les opprimer. A ce titre, la responsabilité de Faure Gnassingbé et du gouvernement est engagée. Pour cette raison il convient que l’Etat togolais prenne en charge cet épineux dossier, en le réglant si possible une fois pour toutes…

 

CVU-Togo-diaspora suggère à Faure Gnassingbé de faire à la fois un geste d’humanité et un acte favorisant la réconciliation nationale, en direction des compatriotes aujourd’hui en exil au Bénin, notamment à Agame et aussi dans d’autres pays du monde. Pour cela est demandé à Faure Gnassingbé et au gouvernement togolais :

 

  • de favoriser le retour immédiat et sans condition des réfugiés togolais aujourd’hui en exil
  • des garanties publiques écrites relatives à  la sécurité et l’intégrité de leur réinstallation,
  • l’aide concrète des autorités à la réintégration des exilés au sein de la société togolaise, avec des facilités matérielles de rapatriement et d’installation (logement, scolarité, aide à l’emploi, etc…)
  • l’allocation d’une indemnité selon les recommandations du rapport final de la CVJR,  afin de permettre un retour dans la dignité.

 
1er  Novembre 2013
 

François FABREGAT

 

Directeur de la Communication

 

ACTION URGENTE POUR

 

LA CESSATION DES TRAITEMENTS CRUELS, INHUMAINS ET DEGRADANTS CONTRE LES REFUGIES TOGOLAIS CHASSES MANU MILITARI DU CAMP D’ACCUEIL D’AGAME.

 

Depuis le 8 octobre 2013, plus de 700 réfugiés Togolais dont 313 enfants, 222 femmes et 170 hommes sont l’objet de menaces, violences et voies de fait pour les contraindre à retourner au Togo. Ainsi, ce 8 octobre des agents de la brigade de gendarmerie de Lokossa somment les refugiés de vider le camp sous 72 heures.

 

Puis le 10 octobre, les abris des refugiés sont démolis en présence d’un détachement de gendarmes munis d’armes et de matraques.Ensuite, vers 13 h les refugiés sont taxés de squatters et contraints de déguerpir. Alors commence une longue marche à pied qui les conduit à Lokossa où la police, armes, matraques et boucliers aux poings, les empêche de traverser la ville ; pire elle les empêche de se reposer et de se désaltérer. Les pauvres enfants, femmes et hommes, ainsi malmenés marchent en plus la nuit sous la pluie avant d’échouer au marché de Zoungbonou le lendemain (11 octobre). Ici encore, le Chef d’Arrondissement les somme de quitter les lieux à 17h au plus tard.

 

Il avait reçu l’ordre de ses chefs hiérarchiques d’agir ainsi. Recommence ainsi une nouvelle marche vers Comè sous le froid, la pluie et la faim. Avec le concours de la LDH (Ligue pour la Défense des Droits de l’Homme) ils sont convoyés deComè à Cotonou au siège du HCR.

 

C’est alors qu’ils sont molestés pour les contraindre à quitter les lieux. Sur les conseils de la LDH ils se dirigent au commissariat Central de Cotonou. Le Commissaire les renvoie à la maison du peuple de Cotonou. On croirait la fin de leur calvaire. Le 14 octobre, vers 13h, une quarantaine de policiers municipaux font irruption à la Maison du peuple et se mettent à lancer des gaz lacrymogènes, à matraquer et à faire usage de chaises pour brutaliser les réfugiés, sans ménagement pour les femmes et les enfants. Faisant ainsi beaucoup de blessés dont une vieille femme avec une fracture du bras.

 

Ne sachant où aller, nià qui s’en remettre, ces réfugiés soumis à la torture séjournent en plein air dans un jardin public du 8e arrondissement de Cotonou (Vèdoko, Carrefour la vie) Jusque là les autorités gouvernementales, la mairie de Cotonou, les autorités en charge de la protection civile se taisent. Pas le moindre humanisme envers les 313 enfants et leurs mères et les vieilles.

 

Chose curieuse, c’est le représentant du HCR à Cotonou, Mr Magatte GUISSE qui vilipendent ces pauvres réfugiés sur les ondes leur déniant le titre statut de refugiés et les taxant même de fainéants.

 

L’ODHP, condamne ce qui apparait comme un complot concocté par les gouvernements Béninois et Togolais avec la complicité du HCR à Cotonou pour un refoulement sous contrainte des réfugiés Togolais. Elle appelle les organisations de défense des Droits humains, les hommes et femmes de bonne volonté à faire pression sur le gouvernement Béninois et le HCR-Cotonou pour cesser les actes de torture et le refus d’assistance aux refugiés. On ne peut contraindre des refugiés parmi lesquels des veuves, des parents de disparus, des rescapés, à retourner dans leur pays d’origine alors que des escadrons de la mort sévissent toujours au Togo.

 
Cotonou le 22 octobre 2013
Le BEN de l’ODHP.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here