Des prostituées dans les rues de Benin City, capitale de l’Etat nigérian d’Edo, le 29 mars 2017. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)


Des dizaines de milliers de mineures se prostituent au Ghana. Parmi elles, des enfants de moins de 10 ans. Sans que les autorités n’interviennent alors que la loi ghanéenne réprime ce genre de crime.

« La plus jeune prostituée que j’ai vue avait 9 ans », a confié à une journaliste de la RTBF (radio-télévision belge) une responsable de l’association ghanéenne Women of Dignity Alliance. Le phénomène semble très répandu dans un pays qui jouit pourtant « d’une démocratie solide et d’une stabilité politique enviable » en Afrique de l’Ouest. Mais un pays où, selon l’ONU citée par Jeune Afrique, « la forte croissance économique des dernières années n’a entraîné aucune réduction significative du nombre de pauvres (24 % de la population), tandis que celui des millionnaires en dollars n’a cessé de croître ».

Selon une enquête très fouillée de l’hebdomadaire Der Spiegel, on compterait plus de 100 000 enfants qui vendent leurs corps dans les grandes villes du pays. Leurs clients ? « Généralement des hommes âgés entre 40 et 50 ans », dixit la RTBF. La situation du Ghana attire investisseurs (notamment chinois) et touristes (notamment européens), dont certains viennent notoirement pour le sexe.

Les prostituées ont souvent rompu avec leurs familles. Des familles où l’on compte de nombreux enfants (pour une population de quelque 28 millions d’habitants). « Rien ne changera si les gens continuent à avoir 15 enfants. Les parents sont contents quand l’un d’eux disparaît. Cela signifie pour eux une bouche de moins à nourrir », a expliqué au Spiegel un volontaire de l’ONG Defence for Children International (DCI).

Entre 4 et 7 euros la passe

Si elles disparaissent du foyer parental, les mineures réapparaissent ensuite dans les rues d’Accra, la capitale, ou dans d’autres grands centres urbains du pays. Là, elles sont « prises en charge » par des souteneurs qui les prostituent. Des réseaux qui, grâce à leurs complices, contrôlent tous les faits et gestes de ces enfants et leur soutirent leurs gains : entre quatre et sept euros la passe, jusqu’à cinq fois par nuit.

Les adolescentes « préfèrent les clients étrangers » qui payent davantage et « ont tendance à moins (les) frapper », constate le Spiegel. Car la violence est leur quotidien.

Apparemment, leur sort ne semble guère émouvoir les autorités. Pourtant, sur le papier, la loi ghanéenne punit d’une peine d’environ 15 ans de prison « le fait d’avoir une relation tarifée avec une mineure », rappelle l’association Women of Dignity Alliance. « Mais cette loi est finalement très peu appliquée car il faut que la police soit témoin de l’échange d’argent. » Peut-être aussi parce que la situation profite à bien du monde dont « des agents de police corrompus » (Der Spiegel)…

Et l’avenir de ces enfants dans tout ça ? A DCI, on tente de les remettre sur les bancs de l’école. Avec très peu de succès. Même si l’on observe quelques (très) rares cas qui s’en sortent. « Quand je serai grande », a expliqué une petite de 13 ans au Spiegel, « j’aimerais être infirmière », ou coiffeuse, « ou avoir une famille »… Mais peut-on vraiment voir si loin quand à cet âge on doit se prostituer pour survivre, loin de sa famille…

 
source : Franceinfo Afrique
 

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