Gestion du courant électrique dans les ménages
Quand les propriétaires de maisons de location font de l’énergie de la CEET, un commerce juteux
Dur, dur d’être locataire de maison au Togo en ces temps de crise où les propriétaires, pour s’en sortir, n’hésitent pas à faire de leurs clients, des vaches à lait. En plus des garanties (avances) faramineuses qui sont réclamées aux personnes à la recherche de gîtes, la consommation de l’énergie électrique leur est chèrement facturée, dépassant parfois le double du tarif pratiqué par la Compagnie énergie électrique du Togo (Ceet), la seule structure habilitée à distribuer cette denrée devenue incontournable. Que fait la Ceet pour mettre fin à cet état de fait qui porte un sérieux coup aux finances d’une partie des consommateurs ?
La Compagnie énergie électrique du Togo (Ceet) est en voie de modernisation, c’est du moins ce que clament haut et fort les autorités togolaises qui soutiennent que ces réformes vont permettre à la compagnie de mieux servir les clients. C’est, d’après des sources bien renseignées, ce qui sous-tend la recherche d’un nouveau directeur pétri de qualités et de compétences pour mener à bien les missions confiées à cette société qui a le monopole de la distribution de l’énergie électrique au Togo. Quoi de plus normal pour une compagnie de cette envergure que d’avoir les hommes et femmes qu’il faut à la place qu’il faut. De toutes les façons, il n’y a pas de Togolais qui trouverait à redire sur ces réformes si cette compagnie exécutait au mieux le travail qui lui est confié, et surtout si elles ne sont pas faites dans d’autres buts. Ceci étant dit, retour à ce qui préoccupe le plus les Togolais !
En janvier dernier, la Ceet revoyait à la hausse sa tarification. Une décision qui a suscité beaucoup de critiques et de grincements de dents au sein de l’opinion publique. Cependant, les jérémiades du peuple n’ont rien changé à la situation. Etant donc habitués à faire contre mauvaise fortune, bon cœur, les Togolais vont accepter d’avaler cette énième couleuvre que leur offrent les gouvernants. Jusque-là, rien d’anormal. Le plus cocasse dans l’affaire est qu’alors que la grande majorité du peuple était en train de s’apitoyer sur le sort qui lui est fait, une petite minorité, les propriétaires de maisons mises en location, se frottait les mains et se léchait les babines. Et à juste titre ! Nombreux sont ceux d’entre eux qui, depuis des décennies, se sucrent sur le dos de leurs hôtes au vu et au su de tout le monde.
En effet, le coût de l’énergie électrique dans plusieurs quartiers de Lomé n’est pas le même pour tout le monde. Pendant que certains payent le tarif normal, c’est-à-dire celui affiché sur les factures de la Ceet, d’autres sont contraints de payer le double alors que les propriétaires eux-mêmes en sont exemptés. Le kilowattheure qui oscille aujourd’hui entre 63 et 84 F CFA pour les petites consommations, est facturé par certains ménages au double de ce prix. C’est à prendre ou à laisser.
Et ce commerce parallèle de l’énergie électrique est la chasse-gardée de ceux à qui dame chance a fait don de bâtisses qu’ils ont mises en location. Aux malheureux locataires, le tarif du kilowattheure est aujourd’hui facturé entre 200 et 250 F CFA, le surplus étant destiné à couvrir les consommations de ces propriétaires. Bref, en l’absence de tout contrôle, ceux-ci se sont arrogés le permis de consommer gratuitement l’énergie électrique de la Ceet et parfois, de se faire de petites économies sur le dos des pauvres populations.
C’est un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur avec la dernière hausse du prix du kilowattheure. Mais jusqu’ici, c’est le silence radio au niveau des autorités en charge du secteur. Qu’attend la Ceet ou l’Autorité de réglementation du secteur de l’énergie (Arse) pour prendre à bras le corps le problème ? Et les associations de défense des droits des consommateurs, que font-elles pour y mettre fin ? Difficile d’y répondre.
Vendre à prix d’or un produit, de surcroit fourni par l’Etat sans être un partenaire d’affaires de ce dernier, s’apparente à de l’arnaque ? En tout cas, c’est une situation qui encourage le phénomène de branchements anarchiques dans les différents quartiers de Lomé où on voit des branchements ressemblant à des toiles d’araignée et non protégés, ce qui met en grand danger la sécurité des populations. « Certains propriétaires de maison ne payent jamais leur consommation d’électricité, raconte Joséphine, une victime du phénomène. Le règlement des factures est laissé au soin des locataires. C’est en fait une escroquerie voilée et le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour y mettre fin parce que cette situation est source de graves conflits dans les maisons ».
D’après nos investigations, les étrangers domiciliés au Togo sont encore plus exploités que les autochtones. Ils sontlourdement taxés par les propriétaires qui n’hésitent pas à spéculer sur le prix du kilowattheure. « Nous, nous payons jusqu’à 300 F CFA le kilowattheures. Au départ nous ne savions pas qu’on nous volait et lorsque nous l’avons su, nous avons exigé que cela s’arrête. Le propriétaire nous a dit de quitter sa maison si nous le traitons de voleur », nous raconte un Sénégalais résident à Lomé.
Il urge que la société qui fournit l’énergie électrique aux Togolais veille au grain si elle ne veut pas être prise pour une complice de ce vol déguisé car il est intolérable que les populations déjà asphyxiées par les augmentations itératives des produits de première nécessité, soient encore soumises à une telle exploitation.
Olivier A.
source: liberté hebdo togo