« Pour moi, garder le silence était une façon de me protéger. Les mots peuvent vous trahir si vous avez le malheur de ne pas choisir les bons, ou ne plus rien exprimer si vous en utilisez trop » (Robyn Schneider, Cœurs brisés, têtes coupées)
Après plus de deux mois de concertations desquelles se sont retirés le CAR et l’ADDI, les responsables du Collectif « Sauvons le Togo » et de la Coalition Arc-en-ciel ont annoncé le 31 octobre dernier s’être constitués en une alliance dénommée Combat pour une alternance politique en 2015 (CAP 2015) et dont le candidat est Jean-Pierre Fabre. A cette rencontre solennelle avec les professionnels des médias, le Président du Nouvel engagement togolais (NET), Gerry Taama avait relevé : « La question n’est plus de savoir les critères qui ont concouru à ce choix, mais comment nous pouvons aider notre candidat unique à gagner le scrutin de 2015 ». Génial, n’est-ce pas ?
Cependant, l’ancien officier des Forces armées togolaises (FAT) a une drôle de façon d’aider son candidat à gagner le scrutin de l’année prochaine. Une semaine a suffi pour qu’il commence à jouer contre son camp. Pour lui, CAP 2015 n’a aucune chance de remporter l’élection présidentielle s’il ne réunit pas tous les partis politiques de l’opposition. « Il n’a échappé à personne que CAP 2015 n’a pas en son sein trois des quatre plus grands partis de l’opposition, si l’on s’en tient au nombre de députés et/ou au nombre de voix aux élections. Il s’agit du CAR, de l’UFC et de l’ADDI, sans compter les autres partis parlementaires (Sursaut et d’autres formations, telles que CLE, qui même si elles ne sont pas parlementaires, ont réalisé de bons scores », écrit-il sur sa page « facebook ». Avant d’ajouter : « Est-ce que nous avons une chance de victoire sans ces partis-là ? Non, il faut avoir l’honnêteté de le dire, même si huit partis se sont réunis pour créer CAP 2015, il n’en reste pas moins que le poids démographique de nos huit est fortement remis en cause par l’absence de ces autres partis. Dans tous les scenarii que nous avons présentés dans nos documents, il n’y en a pas un où l’opposition gagne sans les autres grands partis ».
Voilà quelqu’un qui, après avoir construit une maison, participe à sa destruction. La démarche n’est-elle pas démobilisatrice ? N’est-ce pas une stratégie destinée à donner des arguments au pouvoir qui les utilisera plus tard pour justifier un coup de force électoral ? Pourquoi a-t-il l’habitude de faire des chiffres des dernières législatives une vérité d’évangile ? A-t-il oublié que malgré les fraudes massives et l’organisation unilatérale de ces législatives, le RPT-UNIR n’a totalisé qu’un peu plus de 800 000 voix sur les plus de 3 millions d’électeurs inscrits ? Que dit-il du plus d’un million de Togolais qui se sont abstenus à cause des embrouillaminis de l’opposition qui avait choisi de rentrer tardivement dans le processus électoral ? N’est-il pas possible avec CAP 2015 qui symbolise l’union de l’opposition tant souhaitée par les Togolais, que ceux qui ont voté CAR, ADDI ou UFC lors des législatives de 2013, portent leurs voix sur Jean-Pierre Fabre ?
De tout ce qui précède, on ne sait pas à quel jeu joue Gerry Taama. Il ne peut pas être dans une union et travailler à la fragiliser. Est-il en mission commandée ? L’avenir nous le dira. Mais il faut que la discipline du groupe soit de mise et qu’il y ait une harmonie dans les déclarations des uns et des autres.
Source : [11/11/2014] Zeus Aziadouvo, Liberte-Togo
