Adama Barrow
Adama Barrow

« Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer » (Stefan Zweig)

Faure Gnassingbé est le tout premier chef d’Etat dans la zone ouest-africaine à initier le syndrome de 3ème mandat. Arrivé au pouvoir en 2005, à la suite du décès de son père, dans les conditions apocalyptiques qu’on sait. Faure Gnassingbé n’avait pas qu’hérité du pouvoir d’Etat, il avait aussi hérité de l’ex-parti unique, le RPT, de son appareil et de ses méthodes.

Le passif du régime de son père étant trop lourd à porter sur ses frêles épaules, Faure Gnassingbé a laissé croire qu’il est à tout point de vue différent de son géniteur. « Lui, c’est lui, moi, c’est moi », clamait-il à l’époque. Un an après sa capture du pouvoir, il prend des engagements, au travers de l’Accord Politique Global (APG), d’opérer les réformes politiques et électorales pour permettre au Togo de poursuivre sa marche vers la démocratie et l’Etat de droit. Il usera du dilatoire, de la ruse, des manœuvres, de la duplicité pour ne jamais mettre en œuvre les réformes politiques.

Faure Gnassingbé s’octroiera trois (03) mandats présidentiels pour ensuite réaliser des réformes à minima et selon ses convenances. Il se fait remettre le compteur à zéro par les députés qu’il a nommés à l’Assemblée nationale pour s’accorder deux mandats supplémentaires jusqu’en 2030.

Comme un effet boule de neige, d’autres dirigeants notamment Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara seront aussi piqués par le virus du 3ème mandat. Ils passent le bistouri dans la Constitution pour remettre à leur tour le « compteur à zéro ». Une manœuvre qu’a dénoncée avec véhémence le jeune président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló estimant que « les troisièmes mandats sont aussi des coups d’Etat ».

Le président nigérian Muhammadu Buhari est aussi monté au créneau pour appeler ses pairs de la sous-région au respect des règles constitutionnelles. Il leur a demandé d’arrêter d’allonger leurs mandats, sources de crises et de tensions politiques dans l’espace communautaires.

Mais ces sorties sont loin de décourager d’autres chefs d’Etat qui semblent être pris par la folie du 3ème mandat. En Gambie, le président Adama Barrow était soupçonné de profiter de la réforme constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir comme certains de ses pairs. L’Assemblée gambienne vient d’ouvrir la voie à un troisième mandat pour Adama Barrow en rejetant mardi un projet de nouvelle Constitution qui empêcherait le président de briguer un nouveau mandat en cas de réélection.

Le débat avait fait rage au parlement sur le caractère rétroactif de la limitation du nombre de mandats à deux. « Un chapitre rétroactif considère que le premier mandat du président actuel prend effet avec son élection en décembre 2016. Le président Adama Barrow et son gouvernement ne sont pas d’accord. Ils ont soumis une résolution à la Commission de révision constitutionnelle demandant que le premier mandat d’Adama Barrow soit compté à partir de 2021 », rapporte BBC.

Lundi, les représentations diplomatiques occidentales, l’UE, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Grande Bretagne ont appelé les députés à voter pour la nouvelle constitution afin de consolider les gains démocratiques chèrement acquis ces dernières années. Mais les députés ont fait fi de cette recommandation et ont rejeté le projet, donnant ainsi le feu vert à Adama Barrow pour un troisième mandat.

Au Sénégal, Macky Sall est dans le starting-block. Il a aussi une position ambiguë sur la problématique du troisième mandat. Quand la question lui avait été posée à savoir s’il comptait se représenter en 2024, sa réponse a été alambiquée. « Ni oui ni non », a répondu le président sénégalais.

Médard AMETEPE / Liberté Togo

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