Ce devait être la répétition générale de leur affrontement, à un an de la présidentielle. Paré pour un an du costume de président du G 8-G 20, Nicolas Sarkozy avait imaginé que le sommet du G8 de Deauville (Calvados), qui s’ouvre ce midi, serait le théâtre de son duel avec le puissant patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.
 
Il comptait l’accuser d’abandon de poste en pleine crise grecque. C’était avant l’arrestation choc de DSK…
 
Depuis, on n’attend guère de surprise de la réunion des huit pays industrialisés (Etats-Unis, Russie, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Japon, soit 65% de la richesse mondiale), qui sera l’occasion pour Sarkozy d’accueillir en grande pompe les leaders mondiaux. « Il n’en tirera pas grand-chose en contenu. Il a beaucoup plus misé sur la séquence économique du G20 de Cannes en novembre que sur la séquence politique du G8. Mais pour l’image, ça compte, surtout face à Aubry et Hollande », décrypte un ministre. « Au moment où les projecteurs sont braqués sur la primaire au PS, il faut qu’il montre qu’il fait son boulot », appuie un conseiller de l’Elysée. « Ce qui compte dans ce climat électrique, où un jour on est sûr de gagner en 2012, un jour de perdre, c’est qu’on montre aux Français qu’on tient la barre avec sang-froid », confiait Sarkozy mardi en allusion à l’affaire DSK. Jusqu’à hier, il a donc peaufiné ce grand rendez-vous, déjeunant avec le Premier ministre japonais, Naoto Kan, pour parler nucléaire (au menu du G8 après la catastrophe de Fukushima), réuni ses conseillers (Xavier Musca, Jean-David Levitte et Henri Guaino), puis appelé Angela Merkel.
 
Succession à la tête du FMI et soutien au Printemps arabe
 
Vingt-quatre délégations, dont dix-huit chefs d’Etat hébergés au palace Royal Barrière, sont conviées. Soit près de 5000 personnes, dont 2500 journalistes. Premier sommet international depuis la mort de Ben Laden, le G8 sera hyper-sécurisé. La grande affaire, ce sera la succession de DSK au FMI. Sarkozy devrait sortir du silence aujourd’hui pour soutenir Christine Lagarde. A l’Elysée, on avoue que la menace de la Haute Cour de justice est un « problème majeur », mais les experts juridiques du Palais se disent sereins.
 
L’autre grand sujet, outre le Proche- Orient et la répression en Syrie, ce sera le soutien au Printemps arabe. Les Premiers ministres égyptien et tunisien sont invités. Une première. « Notre nouvelle frontière, c’est la Méditerranée, comme le fut l’Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin », explique l’Elysée. Sarkozy profitera de son rendez-vous ce matin avec Barack Obama, puis Dmitri Medvedev, pour évoquer la Libye, alors que Moscou gronde face à l’intensification des frappes de l’Otan. Paris espère avoir réglé le dossier d’ici à l’été. Avec le Premier ministre britannique, David Cameron, Sarkozy calera peut-être la visite que tous deux envisagent à Benghazi. « C’est imminent », confie un ministre. On parle de la mi-juin.
 
source: leparisien.fr