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Avant même d’être inhumé le 05 avril prochain à Lomé, le feu Boona Djato Awilong Ketehouli, membre influent de la CVJR, doit déjà se remuer depuis l’au-delà qu’il a regagné il y a une dizaine de jours. Et pour cause, Faure Gnassingbé et son régime l’ont usé, ces dernières années, pour rien.

 

Et pourtant, la cause était noble, totalement soutenue par les partenaires qui ont injecté des milliards de fcfa en vue de voir le Togo se réconcilier définitivement.

 

C’est ainsi que des esprits éclairés ont été commis pour faire un travail de fond sur les causes profondes qui déchirent le tissu social togolais depuis tant d’années.

 

Pendant plus de deux ans, le prélat et ses collaborateurs, des gens de renoms, suffisamment imbus de sagesse et d’amour pour ce pays, ont sillonné monts et marées au contact des victimes, ils ont tout écouté, tout consigné, tout analysé pour ensuite pondre un premier jet de leur rapport ô combien riche !

 

Le volumineux rapport de près de 300 pages a été remis au Chef de l’Etat au cours d’une cérémonie parfaitement solennelle, il y a bientôt deux ans.

 

Et ce jour, qu’est-ce que les togolais n’ont pas entendu de la bouche du fils d’Eyadema ?

 

Des compliments dithyrambiques à l’égard de Monseigneur Nicodème Barrigah et ses illuminés collaborateurs pour le travail de salut abattu de très bonne foi pour le bien du Togo et des togolais. Faure Gnassingbé avait donné le net sentiment que ce rapport était un document précieux qu’il mettre au premier plan de ses préoccupations.

 

Tout le monde avait alors cru, sans doute naïvement, que l’héritier d’Eyadema était réellement résolu à réconcilier les togolais à partir du diagnostic établi par la CVJR ainsi que les recommandations qui en ont suivi.

 

Mais hélas, deux années se sont déjà écoulées, aucune virgule de ce rapport n’a été bougée malgré la création du ministère chargé de la mise en œuvre de ces recommandations.

 

Et Boona Djato Awilong Ketehouli, ancien ministre de la communication de la transition, ancien directeur général de l’ENES d’Atakpamé, un des rapporteurs de cette commission, est donc mort sans voir les fruits de ses durs labeurs se matérialiser sur la terre de nos aïeux.

 

Pourquoi alors avoir usé des valeurs sûres de sa trempe si Faure Gnassingbé savait qu’il ne faisait que du dilatoire sur ce thème aussi fondamental que celui de la réconciliation nationale ?

 
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Quel intérêt avait-il de défoncer ces vieux, de leur prendre le reste de leur énergie au point même de court-circuiter leur mort, si le fils d’Eyadema savait qu’il ne ferait rien de sérieux avec ce travail que ces derniers abattraient avec autant de rigueur et de professionnalisme ? C’est triste.

 
Et pourtant qu’est-ce que la Commission Vérité, Justice et Réconciliation préconisait de si extraordinaire ?
 

Rien d’autre que d’indemniser les victimes, de réparer les torts, de revoir tout ce qui est relatif à la chefferie traditionnelle, au foncier, à la faune, aux dissensions ethniques, à l’administration publique, aux crimes économiques, à la participation citoyenne etc….

 

Cela devra coûter quoi au Togo ? Pas grand-chose surtout que les partenaires se tiennent encore prêts à accompagner notre pays dans la mise en œuvre de toutes ces recommandations.

 

Mais le manque de volonté politique, le manque de bonne foi de nos dirigeants a balayé ce rêve du revers de la main. Conséquence, l’histoire commence à rattraper inéluctablement le fils d’Eyadema. Elle le rattrape vraiment !

 

Déjà mardi, le CACIT est à nouveau monté au créneau pour appeler le pouvoir de Faure Gnassingbé à mettre en œuvre l’arrêt rendu par la Cour de Justice de la CEDEAO ordonnant l’Etat du Togo d’instruire les plaintes sur les violences de 2005. C’est du sérieux. 72 plaintes sont en souffrance auprès des tribunaux de Lomé et d’Atakpamé.

 

Il faudra impérativement les instruire à moins que le Togo tienne vraiment à maintenir son insolence vis-à-vis de cette Cour Communautaire dont les décisions s’imposent en principe à tous les Etats membres et principalement au Togo qui en est un membre fondateur !

 

Alors que faut-il faire dans un tel contexte ? Mettre en œuvre les recommandations de la CVJR qui prendront naturellement en compte ce volet des victimes de 2005, ou alors se laisser traîner dans la boue par le matraquage médiatique et hurlements répétés des victimes qui n’attendent que justice ? Il appartient à l’héritier d’Eyadema de faire le choix.

 
togoinfos
 

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